Peccati in famiglia
Autres titres: Péchés en famille / Sins in the family / Pecando en familia
Réal: Bruno Gaburro
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Sexy comédie
Durée: 92mn
Acteurs: Michele Placido, Simonetta Stefanelli, Jenny Tamburi, Juliette Mayniel, Gastone Pescucci, Laura De Marchi, Corrado Olmi, Edy Williams, Renzo Montagnani, Rossella Pescatore, Dino Curcio, Luciano Cappelli, Lorenzo Piani, Rosita Torosh, Marisa Lista, Aldo Amigoni, Annamaria Rizzoli...
Résumé: Carlo, un riche industriel, passe ses vacances en famille dans la villa où il a vécu toute son enfance et connut ses premiers émois sexuels avec la bonne. Chaud lapin il n'a d'yeux que pour elle surtout qu'elle est désormais divorcée. L'arrivée de son neveu, Milo, va changer le cours des choses. Grand play-boy, Milo séduit sa cousine puis la bonne et surtout sa tante qui en tombe amoureuse. Mais Milo a un plan en tête: Détruire Carlo pour hériter de tous ses biens et peu importe si son oncle en meurt. Il va se servir de ces trois femmes pour arriver à ses fins...
Lorsqu'on évoque Bruno Gaburro on l'associe souvent à deux genres bien spécifiques, l'érotisme auquel il dévoua la majeure partie de sa carrière et la sexy comédie avec laquelle il débuta justement une carrière qui ne décolla jamais vraiment. Gaburro, l'ex-époux d'Erika Blanc, n'aura pas réellement marqué l'histoire du cinéma italien et la plupart de ses films, souvent méconnus, sont pour beaucoup aujourd'hui bien oubliés. Peccati in famiglia, dont
le tournage débuta en fait en 1973 pour s'achever en 1974 fut non seulement sa première comédie mais aussi son premier grand film après quelques balbutiements pelliculaires dont le trop méconnu et très intéressant post-nuke Ecce homo et le drame Figli di nessuno.
Peccati in famiglia doit avant tout son existence au producteur Edmondo Amati à qui on doit bon nombre de comédies hautement salaces voire très osées, sa marque de fabrique. A son actif on peut citer entre autres All'onorevole si piacciono le donne et surtout La moglie vergine avec Edwige Fenech sans parler des versions hardcore de films à la base softcore
tel que Black Emanuelle en Amérique. Et c'est bel et bien un film dans la veine de ceux dans lesquels apparaissait Edwige qu'Amati avait ici envie de produire lorsqu'il demanda à Gaburro de le tourner après lui avoir remis le scénario écrit par l'actrice fétiche de Vittorio de Sica, Lianella Carell, et l'acteur Carlo Romano. La présence d'Aristide Massacessi (futur Joe D'Amato) en tant que directeur de la photographie n'est pas étrangère quant à cet érotisme morbide qui imprègne bon nombre de scènes d'un film qui fait partie de cette multitude de sexy comédies qui prenait pour base les relations incestueuses entre
membres d'une même famille appartenant à la haute bourgeoisie. En ce sens le film de Gaburro ne change en rien une recette qui a depuis longtemps fait ses preuves. Peccati in famiglia n'a donc rien de très original et le titre parle de lui même. Une famille de bourgeois se retrouve pour les vacances dans la vaste propriété familiale, celle là même où Carlo, un riche industriel chaud lapin, a passé son enfance et connu ses premiers émois sexuels lorsqu'il n'avait qu'une douzaine d'années en épiant la très désinhibée domestique Doris qui finit par l'inviter dans son lit un soir d'orage. Doris est toujours là mais elle a depuis divorcée. Elle est donc seule et toujours libre, de quoi enflammer l'industriel qui ne trouve plus
vraiment de plaisir auprès de son épouse Piera. L'arrivée du séduisant neveu de Carlo, Milo, va tout bouleverser. Milo est lui aussi un coureur de jupons, un séducteur qui compte bien rivaliser avec son oncle. Le jeune homme va donc marcher sur les plates-bandes de son cher tonton et sortir avec Doris, puis avec sa propre cousine qui en oublie vite ses tendances lesbiennes et enfin, surtout, avec sa tante Piera qui a secrètement craqué pour lui jusqu'à mettre en péril l'équilibre de la famille. Ce qu'elle ignore c'est que Milo a en tête un plan machiavélique pour s'emparer de la fortune de son père. C'est sur ce point précis que Peccati in famiglia trouve sa petite originalité.
Ce rôle de Don Juan qui rivalise avec celui de son oncle a en effet pour but de le détruire afin d'hériter de son argent et ses biens. Il abat finalement ses cartes avec l'aide plus ou moins forcée de Doris. En apprenant qu'il est l'amant de sa chère Doris l'industriel tente de la reconquérir mais il meurt d'une crise cardiaque en plein milieu d'un champ. Milo n'a plus qu'à se réjouir sur sa tombe. Son plan a fonctionné et qu'importe si Doris est rongée par la culpabilité. D'une simple sexy comédie on passe alors à un drame plus morbide qui trouve sa noirceur lors de l'ultime partie mais aussi dans la cruauté psychologique des personnages comme le plaisir ostentatoire que prend Milo à se servir de ses conquêtes ou
faire souffrir Piera (avec parfois l'aide de sa fille ravie de rivaliser avec sa mère) en la rendant jalouse. On retrouve cette noirceur dans mon bon nombre de scènes érotiques qui pour certaines d'entre elles portent bien la griffe de Massacessi et font penser par instant à son futur Il ginecologo della mutua. Pour preuve la fameuse scène d'amour sur la balançoire entre Milo et Francesca, celle du fameux jeu de jambes sans culotte sous la table durant le repas de famille et d'une manière plus générale toutes les scènes d'ébats entre Milo et sa cousine, de loin les plus audacieuses. A se demander si Amati n'aurait pas flirté avec le hardcore s'il en avait eu la possibilité. C'est de là que provient une grande partie de l'intérêt
qu'on peut trouver au film, de là et de sa distribution également.
On y retrouve en effet Renzo Montagnani qui avec cette sexy comédie débutait dans ce genre dont il deviendra par la suite un des piliers. Il y créait ce personnage qui allait lui coller à la peau et qu'il ne cessera plus de jouer, celui d'un bourgeois obsédé par les femmes. Ses fans seront donc comblés puisque Montagnani fait du Montagnani sans pour autant donner dans l'exagération comme cela arrivera dans certains de ses autres films. C'est un tout jeune Michele Placido qui interprète Milo et débauche une tout aussi jeune Jenny Tamburi et surtout la française Juliette Mayniel, sa mère. Simonetta Stefanelli est Doris la
domestique. C'est sur le tournage de ce film qu'elle et Placido se mettront un temps en couple, une union dont naitra un enfant. Ceux qui ont l'oeil reconnaitront Anna Maria Rizzoli alors inconnue qui apparait le temps d'un caméo (la fille qui dépose Milo au château), Rosita Torosh et surtout Edy Williams (Zaira la servante), la femme de Russ Meyer, imposée par les producteurs dans l'espoir de faire recette en Amérique.
Tourné au château de Rivalto, à Rivergaro et sur la Trebbia Peccati in famiglia est une sympathique comédie légère campagnarde inédite sous nos cieux qui vaut essentiellement pour son coté noir et immoral, son érotisme empreint de morbidité même si on a cependant connu bien plus morbide et la présence de Montagnani. Pour le reste le film de Bruno Gaburro, peut-être un de ses plus intéressant, ce qui somme toute n'est pas très difficile, ne se différencie guère de la plupart des autres pellicules du genre qui allaient très vite envahir les écrans dès le milieu des années 70.