Demonia
Autres titres: Liza
Réal: Lucio Fulci
Année: 1989
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 85mn
Acteurs: Brett Halsey, Meg Register, Lino Salemme, Christina Engelhardt, Pascal Druant, Grady Clarkson, Ettore Comi, Carla Cassola, Michael Aronin, Al Cliver, Isabella Corradini, Paola Cozzo, Bruna Rossi, Paola Calati, Antonio Melillo, Ruth Anderson, Gianfranco Bonavita, Francesco Biasini, Clorinda Pucci, Kerstin Soderberg, Francesco Cusimano, Lucio Fulci, Antonio Tentori...
Résumé: Au treizième siècle cinq nonnes sont crucifiées vives puis emmurées pour avoir pactisé avec Satan. Cinq siècles plus tard une équipe d'archéologues vient faire des fouilles non loin du couvent maudit. Une jeune étudiante, Lisa, revit le drame lors d'une séance de spiritisme. Dés lors elle devient obsédée par ces religieuses. Malgré les interdictions elle décide de se rendre au couvent. Elle profane la sépulture des nonnes qui reviennent à la vie et commencent à tuer les villageois terrifiés...
Autrefois grand maitre de l'horreur à l'italienne avec sa quadrilogie consacrée aux mort-vivants (L'enfer des zombis, Frayeurs, L'au delà, La maison près du cimetière) mais bien avant cela un des piliers incontestable et incontesté du cinéma de genre transalpin avec des oeuvres aussi belles que fortes telles que La longue nuit de l'exorcisme, Le venin de la peur, Beatrice Cenci... Lucio Fulci s'est comme beaucoup d'autres de ses confrères lentement éteint dés l'aube des années 80. Ce fut une suite de pellicules jamais inintéressantes mais d'une extrême fadeur qu'il nous infligea en tentant de suivre les modes
(Aenigma, Manhattan baby, 2072 les mercenaires du futur, Murderock, Zombi 3...) avec de temps à autres quelques petits éclats (le très souvent discuté Conquest). Le milieu de la décennie, pire la fin des années 80 furent pour lui un long déclin entamé avec Les fantômes de sodome. Durant cette ultime partie de sa carrière (et de sa vie) et ce malgré la maladie Fulci continua avec courage à tourner. Il réalisa ainsi Demonia en 1989, peut-être un des moins mauvais parmi les derniers qu'il mit en scène.
1486, dans un couvent de Sicile. Cinq jeunes religieuses accusées d'avoir pactisé avec Satan et d'avoir organisé des orgies sauvages sont crucifiées par les villageois après que le
bébé d'une des nonnes ait été brulé vif. Elles sont ensuite murées dans la crypte du couvent. Cinq cent ans plus tard une équipe d'archéologues canadiens dirigée par le Professeur Evans font des fouilles non loin du monastère maudit à la recherche de vestiges gréco-romains. La jeune Lisa, une étudiante adepte de spiritisme, fait partie de l'expédition. Lors d'une séance elle revit ces horribles événements qui la troublent énormément. A Santa Rosalia, le village voisin, les habitants particulièrement superstitieux voient d'un mauvais oeil la venue des archéologues, craignant qu'ils ne fassent resurgir le passé. Malgré les avertissements du professeur Lisa entre dans le couvent. Elle y rencontre Turi, le boucher
du village, qui tente de la dissuader de continuer les recherches. Lisa n'en fait qu'à sa tête et abat un mur derrière lequel se trouve la fameuse pièce où furent crucifiées les soeurs. Il n'en fallait pas plus pour que les cinq nonnes maudites reviennent à la vie et commencent à rôder aux alentours du village. Les morts aussi mystérieuses que violentes s'enchainent. Lisa est obsédée par cette histoire de nonnes hérétiques et finit par découvrir leur l'histoire grâce à une vieille femme qui sera tuée quelques temps plus tard. Les religieuses prennent finalement possession du corps de Lisa. En la brulant vive les villageois mettent ainsi fin à
la malédiction tandis que Lisa redevient elle même.
Sans être très originale l'histoire n'était cependant pas inintéressante. On ne compte plus le nombre de films d'horreur mettant en scènes des nonnes (ou tout autre personnages) maudites revenant à la vie après que leur sépulture ait été profanée pour venir ensuite se venger des vivants. Le cadre lui non plus n'est pas très original, un petit village de Sicile vivant dans la peur des légendes d'un lointain passé mais il offrait de nombreuses possibilités. Le scénario est un peu confus, mange un peu à tous les râteliers mais pourtant
Demonia n'est pas aussi médiocre qu'on peut régulièrement le voir écrit. En effet le film possède quelques jolies qualités notamment visuelles. Toutes les scènes se déroulant dans la crypte, dans les catacombes et le couvent sont d'une beauté indéniable, joliment photographiées et mises en scène avec un certain talent. Pour un peu on se croirait revenu quelques années plus tôt au bon vieux temps de Frayeurs et de L'au delà tant Fulci tente de dépeindre la mort avec ce savoir-faire qui lui était propre, avec cette touche de poésie macabre qui fit sa réputation. Il en va de même pour les séquences de rêve tout spécialement celle où Lisa se voit au milieu d'une arène totalement déserte dans laquelle
on retrouve cette touche d'onirisme qui là encore témoigne de la maestria passée du metteur en scène.
On pourra aussi se réjouir d'un certain nombre de morts particulièrement brutales qui devraient ravir les amateurs d'effets gore réussis (notamment la mise à mort de la vieille dame aux chats, l'énucléation la passion de Fulci, la langue clouée au sol, l'homme écartelé coupé en deux...) ainsi qu'une scène étrange où le jeune boucher est attaqué par la carcasse de ses animaux et des bêtes dépecées suspendues à des crochets. Retenons une scène assez osée qui devrait faire frémir les plus sensibles, celle du bébé emmailloté
jeté vivant dans les flammes, ses doigts boudinés semblant lentement faire un doigt d'honneur tandis qu'ils se crispent sous l'effet du feu. En voilà un qui n'embêtera personne sur les plages cet été. On peut applaudir.
Dernier atout du film la Sicile. L'avoir choisi comme lieu d'action principal s'avère un choix judicieux puisqu'on pourra admirer ses beaux paysages sauvages et désolés, les ruelles de ses petits villages perdus, l'ensemble joliment mis en valeur.
Malheureusement malgré ses qualités visuelles et sanguinolentes Demonia ne fonctionne pas. Avoir l'oeil flatté ne suffit pas à éviter un sentiment d'ennui par moment profond. Faute
en revient à Fulci qui à aucun moment ne parvient à créer, à instaurer une quelconque atmosphère, cette ambiance à la fois onirique et macabre qui faisait en grande partie la force de ses oeuvres passées. Certains des téléfilms de Lamberto Bava tournés plus ou moins à la même époque sont plus inquiétants, plus malaisants que Demonia qui au final n'est qu'un banal film d'horreur que n'importe quel réalisateur aurait pu mettre en scène. Et ce n'est pas l'insipide musique synthétique de Giovanni Cristiani visiblement très peu inspiré qui changera la donne. La peur ne sera définitivement pas au programme. Quant à l'érotisme qui aurait été ici de bon aloi, le point de départ étant des religieuses sataniques
adeptes d'orgies spectaculaires, il y a de quoi vite désenchanter. Pas l'ombre d'un sein et lorsque Fulci doit illustrer les fameuses bacchanales auxquelles elles se livraient, on va devoir se contenter d'un pauvre couple qui s'ébat sous une couverture.
L'interprétation est à l'image du film, anonyme. Chacun des acteurs fait consciencieusement son travail, ni plus ni moins. Du vétéran Brett Halsey à Lino Salemme (vu régulièrement chez Lamberto Bava) en passant par l'incontournable Al Cliver. Quant à l'américaine Meg Register, elle tente de faire vainement oublier Catriona McCall mais n'est pas Catriona qui veut. Son charme plutôt ingrat et la transparence de son jeu ne joue guère en faveur du film.
A signaler que Fulci s'est octroyé un petit rôle, celui commissaire de police (personnage inutile), comme il le refera pour son film suivant, le bien piètre Un gatto nel cervello.
En soi Demonia n'est pas un mauvais film. C'est simplement une petite pellicule d'horreur plutôt anonyme qui tente de renouer avec le glorieux passé de son metteur en scène. Il y parvient par instant petites touches, par sursauts mais l'insipidité d'un scénario inégal et l'échec à créer une atmosphère pulvérise les efforts d'un Fulci qu'on saluera quand même pour l'intention. En l'état Demonia se hisse à la hauteur d'un Manhattan baby et autre Aenigma. En 1989 vu de la production ambiante ce n'est déjà pas si mal.