Manhattan baby
Autres titres: La malédiction du pharaon / Eye of the evil dead
Real: Lucio Fulci
Année: 1982
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 89mn
Acteurs: Christopher Connelly, Martha Taylor, Giovanni Frezza, Brigitta Boccoli, Cinzia De Ponti, Mario Moretti, Carlo De Mejo, Vincenzo Bellanich, Andrea Bosic, Cosimo Cinieri, Antonio Pulci, Lucio Fulci...
Résumé: Le Professeur Hacker et sa famille visitent l'Egypte lorsque le scientifique découvre un tombeau jusqu'alors inexploré. Au même instant sa petite fille se voit offrir une mystérieuse amulette par une tout aussi énigmatique vieille femme. Alors que la femme disparait, le professeur est victime d'une malédiction millénaire qui lui enlève la vue. De retour à New York, toute la famille va être sous l'emprise de phénomènes paranormaux tandis que les morts violentes se multiplient autour d'eux. La fillette semble être au coeur de ces tourments, possédée par une force démoniaque...
Ultime film de Lucio Fulci pour la Fulvia film, la maison de production de Fabrizio De Angelis, Manhattan baby est un petit film d'horreur qui derrière ses apparences bâclées n'est pourtant pas démuni d'intérêt si on prend un tant soit peu le temps de s'y attarder ne serait ce que pour sa splendide séquence d'ouverture tournée en Egypte. Fulci y met en effet tout son art à l'oeuvre, son sens de l'étrange, du Fantastique et de la peur. On y retrouve ses gros plans notamment sur le regard de l'enfant en transe perdue dans ces étendues dorées et ensablées, écrasées par un ciel bleu azur. A travers ce simple plan, il parvient à créer cette sensation de menace, oppressante, étouffante juste avant que n'apparaisse la vieille femme aveugle qui donnera l'amulette à l'enfant. On songe alors inéluctablement à L'au delà.
On ne retrouvera malheureusement plus cette grandiose atmosphère par la suite. Le film se perd dans une intrigue confuse et brouillonne où les personnages disparaissent et réapparaissent sans véritable explication. Tourné juste après L'éventreur de New York, Manhattan baby se transforme en une histoire de prémonition et de malédiction inter dimensionnelle et inter continentale assez tortueuse où Fulci lui même semble se perdre et ne pas réellement contrôler.
Si la petite fille grâce à son amulette développe ses pouvoirs et ses dons prémonitoires afin de manipuler son entourage, son jeune frère voyage quant à lui dans l'espace-temps, ses pouvoirs interférant avec ceux de sa soeur afin de mieux nous égarer dans un scénario déjà fort complexe mais surtout brouillon. C'est alors qu'entre en jeu une secte, celle de La Grande Ombre, sur laquelle la fillette et son scorpion veillent jalousement alors que les morts tombent comme des mouches tout autour d'elle. On atteint alors des sommets d'absurdité desquels le spectateur ne redescendra plus. Il se contentera d'admirer les effets spéciaux et quelques plans comme seul le Maestro savait en faire.
Si Manhattan baby, demeuré inédit en salles en France, s'inspire ouvertement de L'exorciste et de Rosemary's baby mais également de La malédiction de la vallée des rois pour toute la partie égyptienne il reste malheureusement un des films les plus faibles de Fulci même s'il n'est pas son plus mauvais. Manhattan baby souffre essentiellement d'un script qui fut remanié en cours de tournage par Dardano Sacchetti appellé alors en catastrophe et d'un budget revu nettement à la baisse. Manhattan baby sera selon Fulci lui même qu'un simple film de commande qu'il ne porta jamais dans son coeur contrairement au producteur Fabrizio De Angelis à qui le projet tenait beaucoup à coeur.
Outre sa splendide séquence d'ouverture, on retiendra de Manhattan baby de très beaux passages durant lesquels le spectateur retrouvera ce visuel macabre si cher à Fulci. La chambre qui se transforme en désert de sable, la main putride qui sort du mur sans oublier certaines scènes gore comme l'attaque des oiseaux ou la fillette qui vomit des sangsues sont autant de moments aussi merveilleux que par instant oniriques même si toutefois Fulci joue sur une horreur plus subtile que lors de ses précédents films.
Toujours au crédit du film l'interprétation de la petite Brigitta Boccoli dont ce fut l'unique film qui combine avec aisance innocence et sadisme illustrant parfaitement le coté à la fois fragile et terrifiant de l'enfance. A ses cotés Christopher Connelly et Martha Taylor sont quant à eux beaucoup trop fades. On retrouvera également le petit Giovanni Frezza, jeune régulier des films du maestro, ainsi que Cosimo Cinieri et Carlo De Mejo.
Au final, Manhattan baby, bercé par une magnifique partition musicale signée Fabio Frizzi n'est pas l'oeuvre catastrophique que beaucoup voient même si l'ensemble reste faible. Manhattan baby brille tout de même par ses quelques qualités, surtout et avant tout par cette maestria visuelle dont Fulci avait le secret.