Fico d'india
Autres titres: Le coq du village / Infarto para un Don Juan
Real: Steno
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 93mn
Acteurs: : Renato Pozzetto, Aldo Maccione, Gloria Guida, Daniele Formica, Diego Abatantuono, Licinia Lentini, Luca Sportelli, Angelo Pellegrino, Jimmy il fenomeno, Daniele Vargas, Sandro Ghiani, Nestor Garay, Loredana Martinez, Dario Ghirardi, Renato Montalbano, Giulio Massimini...
Résumé: Lorenzo Mizzotti est le maire d'une petite bourgade. Homme conservateur il fait passer son travail avant sa splendide jeune femme Lia. Un soir il doit s'absenter. C'est le moment que choisit Buccilli, le Casanova du village, pour tenter de séduire et coucher avec Lia qui le rabroue. Buccilli trouve cependant une tactique pour pénétrer dans l'appartement de Lia et se glisser dans son lit alors qu'elle se douche. Malheureusement Mizzotti revient chez lui à cet instant et surprend l'homme dans le lit. Il en déduit de suite qu'il est l'amant de sa femme. Paniqué Buccilli fait un infarctus. Lia et son mari vont devoir le garder dans leur chambre jusqu'à son rétablissement sans que personne ne le sache. C'est le début pour le maire d'une série de mésaventures et de quiproquos...
Grand spécialiste de la comédie à l'italienne avec à son actif quelques quatre vingt films étalés sur plus de trente ans de carrière Steno nous présente en 1980 son Coq du village, nom donné à l'homme généralement le plus admiré des femmes, un Casanova de quartier, une comédie provinciale particulièrement bien nommée lorsqu'on sait que le coq du titre n'est autre que Aldo "la classe" Maccione qui une fois encore va faire des siennes dans une petite bourgade italienne située non loin de Braccione.
Lorenzo Mizzotti est un homme très occupé. Il est non seulement agent d'assurances mais
également maire de son village. De caractère fort conservateur il pense aussi être au dessus de tout le monde et n'a pas peur de brimer sa jeune et belle épouse Lia qu'il rudoie régulièrement. Alors qu'elle fait son marché Arrigo Buccilli dit Ghigo, un play-boy pécheur de métier qui a bien dû courtiser et coucher avec toutes les femmes du village, glisse dans son sac son numéro de téléphone caressant l'espoir de la mettre incessamment sous peu dans son lit. Le soir même Lia se dispute avec son mari qui une fois de plus l'abandonne au profit de son travail. Il doit se rendre à une importante réunion. Lia trouve le numéro de téléphone que lui a laissé Buccilli, l'appelle pour mettre les choses au clair mais le séducteur prend
ça comme une invitation déguisée. Il se rend donc chez Lia et parvient à rentrer dans l'appartement. Elle le prie de s'en aller mais grâce à un stratagème il réussit à pénétrer de nouveau chez la jeune femme. Il profite qu'elle soit sous la douche pour se glisser dans le lit conjugal. C'était sans compter le retour impromptu du mari victime d'une bande de voyous. En voyant le mari surgir dans la chambre Buccilli fait un infarctus. Vu les circonstances impossible bien sûr que le pauvre homme pense que sa femme n'était pas au courant de cette intrusion comme il lui est impossible de penser qu'il n'est pas son amant. Buccilli ne pouvant pas bouger pendant plusieurs semaines Mizzotti va devoir le garder dans son lit et
s'occuper de lui, paniqué à l'idée que le village apprenne qu'il est cocu et que le faux amant ne profite de la situation pour coucher avec sa femme dés qu'il a le dos tourné. La vie du maire va être bien mouvementée durant toute sa période de rétablissement jusqu'au jour où la police enquête sur la disparition du Casanova pêcheur. C'est ensuite Lia qui quitte le domicile conjugal lasse du machisme de son époux. Seul pour célébrer Pâques Mizzotti se laisse aller et s'enivre avec Buccilli. Les deux hommes se rapprochent. A son retour Lia découvre son mari travesti en femme au moment même où la police fait irruption à son domicile. Un retournement de situation remettra les choses en place et disculpera tout le
monde au détriment même de toutes les épouses du bourgade.
Chanteur et fondateur d'un des plus fameux cabarets de Milan (le Derby) Renato Pozzetto s'est tourné vers le cinéma dés les années 70 en s'illustrant principalement dans le milieu de la comédie, La patata bollente restant à ce jour un de ses meilleurs films. Tourné juste après celui ci Le coq du village vaut essentiellement pour le personnage qu'il interprète, un homme mesquin plutôt antipathique et surtout bien peu courtois avec sa douce et séduisante épouse. On pourrait même qualifier son comportement souvent odieux de franchement misogyne, osant menacer de la gifler si elle n'est pas douce, compréhensive et
obéissante, un machisme exacerbé qui aujourd'hui passerait très mal à l'écran (Triste époque). L'intrigue tourne donc autour de ce mari, maire et assureur à qui il va arriver toute une série d'aventures basée sur un quiproquo assez adroitement amené par Steno après une ouverture assez ennuyeuse. Le film démarre réellement au bout d'environ vingt minutes lorsque Pozzetto découvre le Casanova dans son lit, une situation bien difficile à expliquer pour sa femme qui n'était au courant de rien. De là va naitre un enchainement de situations par conséquent de gags certes classiques, pas toujours très mordants, mais suffisamment bien mises en scène pour amuser un public amateur de comédies provinciales à base de
maris cocus. Le coq du village sans être un vaudeville haletant n'en est pas moins agréable à suivre grâce avant tout à son coté quelque peu atypique et un ton souvent ironique plus spécialement lors de la seconde partie qui voit également une certaine complicité naitre entre le mari et l'amant, ce dernier tentant de faire voir à cet homme conservateur un peu austère, le stéréotype même du petit bourgeois provincial dont seules les valeurs et la morale comptent, comment profiter de la vie et s'amuser, une complicité qui conduira à une véritable amitié lors des ultimes minutes, peut être les meilleures du film. A travers un retournement de situation aussi ironique que délicat pour nos deux héros (on les retrouve au
lit travestis en femme) Le coq du village confirme le message qu'il voulait faire passer: ne jamais se fier aux apparences. Une conclusion joliment amenée, sans vulgarité qui donne tout son sens au film.
Parallèlement à cette suite de quiproquos Steno a cru bon de greffer les démêlés de notre maire faussement cocu avec une bande de petits voyous qui la nuit font la pluie et le beau temps dans la bourgade. Ces instants, bien stupides, donnent un peu trop l'impression d'avoir été greffés afin d'étirer la pellicule jusqu'à la durée syndicale requise. Ils sont d'autant plus pénibles que Diego Abatantuono ici à ses débuts est franchement ridicule en leader
d'une bande de voyous nommée Les bêtes sauvages. Il donne l'impression d'être livré à lui même, en roue libre, jamais très crédible dans ce rôle de délinquant farouche.
Hormis Renato Pozzetto la grande attraction du film reste bien entendu Gloria Guida qui venait enfin de se débarrasser de son éternel rôle de lycéenne. Toujours aussi lumineuse et solaire, magnifique, l'étudiante mutine s'est transformée en épouse délaissée. Elle n'a malheureusement qu'un rôle de seconde plan ici, tristes seront donc ses nombreux admirateurs, mais elle a tout de même le temps de leur offrir l'indispensable scène de douche qu'ils sauront apprécié et quelques jolis plans en nuisette. Quant à Aldo Maccione il
fait bien entendu du Aldo Maccione cependant sans trop forcer le trait cette fois même si son personnage durant la première partie du film est franchement énervant si ce n'est détestable. Qui n'aura pas souhaité le corriger face à cette audace incongrue, cette insistance déplacée dont il fait preuve pour coucher avec la pauvre Gloria? Fort heureusement il devient plus sympathique au fil du métrage dés lors qu'il entre en convalescence et souhaite dérider son ennemi juré. Il parvient même à devenir attachant lors de l'ultime bobine, bien plus humain et intelligent qu'il ne pouvait le laisser paraitre jusqu'à présent.
Si en Italie cette pochade pour cocus provinciaux soutenue par le duo efficace Pozzetto / Maccione reste un des films les moins connus de Renato Pozzetto elle n'en demeure pas moins une sympathique petite pellicule tout simplement divertissante, par instant attachante qui évite toute vulgarité et lourdeur paillarde. On privilégiera bien entendu la version italienne à la française plus subtile, moins lourde surtout. Mais c'est évidence.