Le séducteur l'aristocrate le romantique: Luis La Torre, Dado Crostarosa, Andrea Nova
Si besoin était encore de prouver le bien fondé du titre de cette rubrique, voilà trois nouveaux visages qui en seraient une parfaite justification puisqu'ils appartiennent à ces acteurs qui ont traversé l'univers du cinéma de genre de façon si éphémère voire anonyme qu'il est souvent bien difficile au novice de les identifier. Ils font cependant partie de l'inconscient collectif du cinéma Bis auquel ils seront à jamais associés, piquant notre curiosité, attirant notre attention mais bien difficile parfois de savoir qui ils étaient réellement. Ce sont les voies impénétrables de ce cinéma italien si particulier, véritable pépinière de visages qui gardent leur mystère.
Un ténébreux play-boy papier glacé pour romans-photos mielleux, un aristocrate débauché et un bel et innocent éphèbe voilà l'image qu'on gardera de ce trio latin qui laissa son empreinte indélébile sur quelques unes de ces pellicules qu'on affectionne tant. Membres à part entière du patrimoine du Bis transalpin, nous allons comme d'accoutumée essayer de mettre plus en lumière ces visages d'un jour, ceux aujourd'hui de l'ibérique Luis La Torre, Dado Crostarosa et Andrea Nova.
Luis La Torre qui officia également sous le nom de Luis Davila est celui qui peut se vanter non seulement d'avoir eu à son actif le plus grand nombre de films mais d'être aussi le plus fameux de notre trio car plus qu'un acteur Luis fut dans les années 70 un des princes du roman-photo italien. Originaire d'Espagne, ce grand brun ténébreux au regard de rêve, personnification même du latin lover, commença sa carrière de comédien en 1967 en apparaissant dans quelques romans-photos, un support alors très à la mode en Italie, sur lesquels il fit rêver plus d'une jeun,e fille. Cette même année il fait ses débuts au cinéma
dans Ti ho sposato per allegria, une comédie allègre de Luciano Salce. Plus occupé à illuminer les pages des magazines de son sourire carnassier pour mieux faire fantasmer leurs lectrices, Luis ne réapparaitra sur les écrans qu'en 1972, une simple figuration dans la décamérotique de Antonio Margheriti[ Novelle galeotte d'amore. Il fait ensuite une apparition dans Allonsanfan des frères Taviani puis dans le thriller porno-érotique de Rino|/index.php?post/2009/03/25/10-antonio-margheriti] Di Silvestro Les dossiers roses de la prostitution au sein d'une orgie où on peut l'admirer totalement nu. Il tourne un second giallo en 1975, Istantanea per un delittto, un petit thriller maritime anecdotique signé Mario Imperoli avec Erna Schurer dont il joue l'ex-petit ami photographe et Monica Strebel. Plus à son avantage que jamais dans ce décor balnéaire ensoleillé, Luis, le plus souvent vêtu d'un simple maillot de bain qui met parfaitement en valeur son corps puissamment viril, irradie
l'écran, Siciliano multipliant les gros plans sur son regard hypnotique. Il est ensuite au générique d'une étrange petite pellicule d'horreur satanique bâtarde aux cotés de Jorge Rivero, Richard Conte et Eduardo Fajardo, Malocchio / Eroticofollia , une coproduction espagnole dans lequel l'hidalgo nous offrira pour notre plus grand plaisir une jolie séquence de douche et un plan de nu dorsal. Cette même année toujours sous la direction de Mario Siciliano il est à l'affiche de la sexy comédie Una vergine in famiglia avec Femi Benussi et Franca Gonella, très certainement une des meilleures comédies de son auteur dans laquelle il joue le frère de Franca. Changement radical de style en 1976 puisque Luis est un des trois voyous du polizesco brutal de Mario Imperoli Come cani arrabbiati, un film
d'exploitation pur et dur dans lequel il viole et tue sans pitié aux cotés du toujours charismatique Cesare Barro, une figure récurrente de la sexploitation aujourd'hui sculpteur et artiste peintre reconnu, et l'éphémère sexy starlette Annarita Grapputo. Ce sera pour Luis son ultime apparition au grand écran.
S'il n'a jamais cessé d'être le héros de scénarii pour romans-photos durant toute sa carrière cinématographique, c'est à la télévision qu'on le retrouvera dés 1977 dans un petit rôle aux cotés de John Steiner dans La gabbia puis en 1982 dans La chartreuse de Parme, son ultime travail d'acteur puisque Luis mettra fin par la suite à son parcours artistique et se retirera des feux de la rampe pour se consacrer définitivement à sa vie privée.
Un an! Une seule petite année, c'est le temps qu'à duré la carrière à l'écran du jeune Dado Crostarosa qui entre 1971 et 1972 tourna pas moins de cinq films. Ses airs de garçon de bonne famille ne trompaient pas. Issu d'une famille bourgeoise selon Orchidea De Santis qui fut par deux fois sa partenaire à l'écran, c'est un peu par hasard que ce brun au corps svelte et noueux, au regard sombre, au visage anguleux qui rappelle étrangement Jean-Pierre Léaud, fit ses débuts à l'écran. Comme de nombreux jeunes acteurs d'alors, le cinéma n'était absolument pas une vocation pour Dado, c'était essentiellement une gentille distraction, un moyen de s'amuser sur les plateaux de tournage avant de tourner la page et passer à une autre vie.
C'est Carlo Lizzani qui lui offre sa chance en 1971 dans la comédie satirique Roma bene / Scandale à Rome dans laquelle il tourne justement en dérision le milieu corrompu de l'aristocratie romaine. Bien ironiquement, Dado y interprète Lando, le fils d'une famille de la haute bourgeoisie italienne jouée par Philippe Leroy et Virna Lisi. Trop vite kidnappé, son personnage disparait malheureusement au bout d'une petite demi heure. Cette même année Dado décroche son premier véritable rôle puisqu'il est le principal protagoniste aux cotés de Barbara Bouchet de la sexy comédie de Giulio Petroni Non commettere atti impuri. le jeune acteur y interprète une fois de plus un garçon sérieux et romantique, fils d'un révolutionnaire communiste, qui tombe amoureux d'une jeune fille particulièrement bigote, une parfaite sainte à qui il donne des cours de latin. Il n'est pas non plus insensible aux charmes de sa belle-mère jouée par Barbara Bouchet avec laquelle il aura une scène d'amour torride lors d'un final très enlevé qui nous permettra de l'admirer malheureusement
trop vite en tenue d'Adam. L'année suivante, il est un jeune plombier émigré témoin d'un meurtre dans Il était une fois un flic de George Lautner, un court rôle qui lui donne cependant l'occasion d'un petit face à face avec le toujours solide Michel Constantin avant qu'il ne soit assassiné. Dado Crostarosa terminera ce parcours cinématographique par deux décamérotiques, le ludique et salace Il Decameron proibito / Le Décaméron interdit de Carlo Infascelli et le très agréable Beffe licenzie ed amori del Decameron segreto / Le couvent en chaleur de Giuseppe Vari, un genre où il pourra enfin se dévergonder. Dans le premier, il incarne un jeune moine, Pipino, totalement envouté par Orchidea De Santis, Daniela Giordano et Malisa Longo qui le débaucheront chacune à leur tour. Pour notre plus grand bonheur, Dado, impudique, y est le plus souvent nu, un quelconque objet cachant bien
malheureusement à chaque fois ce que Orchidea qualifie de stupéfiant. On se délectera donc des plans de nu dorsaux dont celui qui ouvre le film lorsque Dado doit entièrement se déshabiller en public, une scène qu'on devine fort osée pour le jeune comédien qui n'a pas froid aux yeux. Dans le second, il y est Cecco, le personnage qui lie tous les segments entre eux, un jeune saltimbanque amoureux de l'opulente Dinda (Orchidea de Santis) mais qui n'hésite pourtant pas à séduire et coucher avec toutes les femmes qu'il croise dont l'épouse du notaire.
Malgré ses talents certains pour la comédie salués jadis par la critique, sa présence à l'écran, Dado mit fin à cette parenthèse récréative et se retira de la scène. Il disparaitra malheureusement sans laisser de traces, retournant à l'anonymat le plus total après une seule petite année qui aura suffit pour qu'il marque non seulement les esprits des bissophiles mais également pour qu'il laisse à jamais son empreinte indélébile dans l'univers du cinéma de genre des années 70.
Il s'agit sans nul doute ici d'un des plus beaux regards du cinéma de genre italien, plus précisément de la sexy comédie. Des yeux d'un vert translucide qui durent en leur temps en étourdir plus d'un et d'une, un visage angélique aux traits quasi parfaits, un corps fin, le brushing impeccable, Andrea Nova du haut de ses 18 ans avait tout du modèle papier glacé, du Prince Charmant dans les bras duquel toute jeune fille en fleur aurait aimé se perdre pour mieux connaitre l'interdit.
Surgi de nulle part, Andrea sur lequel personne ne semble avoir d'information précise, pas même ceux qui furent ses partenaires au cinéma, n'aura été à l'affiche que d'un seul et unique film, la sexy comédie de Gianfranco Baldanello réalisée en 1975, Quella provincia maliziosa, dans lequel il interprétait le fiancé de l'incandescente et désinhibée Karin Well, alors à ses débuts, qu'il souhaite épouser après leur première nuit d'amour passée dans la chambre de ses parents. Sensible, romantique, libéré, il sera pourtant trahi par son fourbe de frère, joué par Gianluigi Chirizzi, plus mature et surtout conservateur, qui lui volera cette
fiancée peu vertueuse pour se venger du vent d'amoralité qui s'est abattu sur sa famille depuis l'arrivée de l'indécente damoiselle.
Parfaitement assortis l'un à l'autre, Andrea et Karin forment le couple idéal qui bien peu avare de leurs charmes nous offre quelques scènes d'amour très osées durant lesquelles on pourra admirer le bel éphèbe au regard émeraude dans la plus totale nudité même si l'objet de toutes les convoitises restera pudiquement dissimulé. On se rattrapera sur un plan de nu dorsal époustouflant qui nous dévoile dans toute sa majestuosité son petit fessier légèrement velu, étourdissante vision sur laquelle, gageons le, bon nombre d'entre vous feront usage de la touche Pause de leur boitier magique.
Magnifiquement mis en valeur par Baldanello un peu à la manière d'un roman-photo, ce fut bien malheureusement la seule apparition de Andrea Nova à l'écran qui n'a par la suite plus jamais fait parlé de lui, semblant s'être volatilisé dans l'éther. Si on aurait souhaité qu'une telle beauté illumine bien d'autres pellicules, ne restera d'Andrea que ce regard incroyable, hypnotique, qui éclairera à jamais l'univers de la sexy comédie.