Beffe licenzie et amori del decamerone segreto
Autres titres: Le couvent en chaleur
Real: Giuseppe Vari
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 88mn
Acteurs: Dado Crostarosa, Malisa Longo, Giacomo Rizzo, Orchidea de Santis, Patrizia Viotti, Antonella Patti, Claudia Bianchi, Renzo Rinaldi, Jaime Manca Graziadei, Carla Mancini, Luciano Troiani, Josiane Tanzilli, Wanda Pollini, Franca Tedeschi, Anna Mallarini...
Résumé: Une petite troupe de saltimbanques menée par Camillo et sa femme Dinda s'installe en ville. Un jeune poète, Cecco Angiolieri, les rejoint non seulement pour le goût du voyage mais surtout pour pouvoir coucher avec Dinda. Cecco va également faire la connaissance de la mère abbesse qu'il trousse avant de tenter de prendre sa place au couvent pour mieux débaucher les nonnes. la forfaiture découverte, Cecco va aller d'aventures en aventures et mettre Dinda enceinte. Reste que Camillo ne découvre pas cette grossesse adultère...
Seule incursion dans la décamérotique du solide réalisateur Giuseppe Vari Beffe licenzie et amori del decamerone segreto est le troisième produit par Carlo Infascelli et écrit par Antonio Racioppi dont on retrouve ici la marque de fabrique, à savoir une trame narrative continue centrée sur un seul personnage et non une suite d'épisodes distincts. Des célèbres contes de Boccace, les auteurs n'ont repris cette fois qu'un seul personnage, celui du jeune poète Cecco Angiolieri, à qui ils vont faire vivre une suite d'aventures coquines et cocasses tout en gardant le ton totalement irrespectueux des fameux contes, leur truculence et leur mauvais goût.
Se suivent, s'enchainent, se croisent et rebondissent ainsi diverses péripéties dont le point commun est de toutes finirent dans un bel éclat de rire ou la fuite, pure et simple, meilleur moyen ici de garder la tête haute. L'axe central du récit se divise en deux branches sur lesquelles vont se greffer les différentes tribulations de Cecco, son amour pour Dinda d'une part, l'épouse du directeur de la troupe de saltimbanques pour qui il travaille, et d'autre part l'arrivée en ville d'une mère abbesse qu'il va détourner du droit chemin pour mieux prendre sa place après s'être travesti. Entre temps il aura séduit la femme d'un notable amateur de belles lettres après avoir persuadé le mari d'aller trouver l'inspiration au bord d'un ruisseau
en avalant des grenouilles vivantes tout en récitant des incantations magiques! Inutile de dire que le récit est riche en rebondissements et en trouvailles le plus souvent savoureuses aidé par des dialogues pour une fois fort jubilatoires qui en outre respecte la version originale, en parfaite adéquation avec la vivacité du scénario. En découle une décamérotique particulièrement agréable, enthousiaste, tournée dans les jolis décors naturels de la ville de San Gimignano. Si le film n'est guère démonstratif en scène de nudité, un des facteurs essentiels de ce sous genre, Giuseppe Vari reste en effet assez pudique et évite notamment les nus frontaux en couvrant ce qu'il faut couvrir grâce aux éléments du décor, il s'est tout de même souvenu de Pietro Aretino en empruntant à l'un de ses récits une des scènes les plus osées du film. Travesti en abbesse, Cecco convainc une jeune novice de le laisser enfoncer son doigt blessé à l'intérieur de son vagin afin d'éviter l'amputation. Une fois la lumière éteinte, la silhouette la pièce uniquement éclairée par la clarté de la nuit qui filtre à travers la fenêtre, la novice s'écrie soudain: Mon Dieu, ma mère, votre doigt est énorme!
On appréciera également une jolie distribution féminine avec en tête Malisa Longo, les cheveux courts, en mère abbesse humiliée, dont le bleu des yeux n'a jamais été aussi glacial, Orchidea De Santis dans la peau de l'opulente Dinda, les seins parfaits de la rousse Claudia Bianchi particulièrement bien mis en valeur ici, l'omniprésente Carla Mancini pour un de ses rares rôles parlants, Josiane Tanzilli et la malheureuse Patrizia Viotti tragiquement disparue quelques années plus tard. Le film doit aussi beaucoup à son jeune interprète principal, le filiforme et fort avenant Dado Crostarosa, dont l'entrain et la jovialité sont ici communicatifs. Le fort charmant Dado, un habitué des décamérotiques et de la sexy
comédie (Non commettere atti impuri), parvient parfaitement à faire se moquer le spectateur de lui même, un exercice auquel il n'est pas forcément habitué, à travers un personnage de saltimbanque, image même de la comédie qui descend dans la rue à la rencontre de ce public dont il se rit.
Très tardivement sorti en salles en France dans le courant de l'année 1980 sous le titre Le couvent en chaleur, Beffe licenzie et amori del decamerone segreto, joliment mis en scène de façon alerte par un Giuseppe Vari visiblement inspiré, est un film drôle, enjoué, polisson, peut être pas le meilleur exemple du genre certes mais en tout les cas un des plus ludiques et agréables. A recommander aux amateurs.