Dagmar Lassander: Une rousse incendiaire
Une rousse incendiaire ne passe jamais inaperçue au cinéma d'autant plus si elle possède un tel pouvoir érotique et une telle sensualité à fleur de peau. Plantureuse créature, c'est certainement pour cette raison qu'aujourd'hui encore les écrans se souviennent de ce véritable volcan aux yeux d'émeraude et que le nom de Dagmar Lassander restera à jamais synonyme d'érotisme torride. Pendant quasiment vingt ans, cette allemande d'origine tchèque a irradié de sa présence un nombre impressionnant de films avant de doucement se retirer dans les années 90. Flash-back sur une tornade de feu!
Dagmar Lassander, de son vrai nom Dagmar Regine Hader est née à Prague le 6 juin 1943. Très tôt, elle devient assistante costumière au théâtre de l'opéra de Berlin et sort diplômée de la célèbre école d'arts dramatiques Bongers. Dagmar se marie très jeune à un critique d'art mais malheureusement l'union ne dure pas et la belle divorce. La beauté insolente de la jeune fille ne passe pas inaperçue en Allemagne et Dagmar obtient vite ses premiers petits rôles pour le cinéma. C'est Will Temper qui lui offre sa première chance après avoir dégusté sa savoureuse cuisine, un délicieux poulet dont le metteur en scène était tombé amoureux! C'est ainsi qu'il lui offre en remerciement un rôle dans son film Speerbeserk. Dagmar va enchaîner les apparitions notamment dans I club degli assassini de Werner Jacob ou Agente segreto Jerry Cottone operazione uragno / Enigme à Central Park de Fritz Umgelter.
C'est en 1969 que la chance va vraiment lui sourire. Les portes du succès s'ouvrent enfin à elle grâce à Piero Schivazappa qui tient absolument à sa présence dans Femina ridens / Le duo de la mort, un étrange thriller psychédélique aux douces saveurs sadomasochistes. Le succès que remporte le film fait de Dagmar la nouvelle étoile du cinéma. L'Italie l'adopte et refuse de laisser s'en aller une telle splendeur. Dagmar Lassander va ainsi devenir une figure récurrente du giallo. On la voit successivement dans Il rosso sangue della follia / Une hache pour la lune de miel de Mario Bava où elle est l'une des jeunes modèles de l'atelier de mode, elle est victime d'un machiavélique complot dans Le foto proibite di una donna per bene / Photos interdites d'une bourgeoise de Luciano Ercoli, Alibi nella luce rossa de
José Maesso et L'iguana dalla lingua di fuoco / L'iguane à la langue de feu de Riccardo Freda dont on retiendra surtout la superbe scène où, pourchassée par le tueur, elle court le long d'un pont qui lentement se referme, sublime séquence onirique.
En 1970, Dagmar tombe enceinte mais elle refuse d'arrêter de tourner. Elle enchaine films sur films. On la voit notamment dans I consigliori / Le conciliateur de Alberto Di Martino.
Une si belle et charnelle actrice ne pouvait laisser le cinéma érotique indifférent. Après avoir été l'une des figures du giallo, Dagmar va devenir l'une des égéries du cinéma coquin d'autant plus que tourner nue ne dérange pas la belle slave.
L'érotisme étant alors en plein essor, elle va donc dés 1971 multiplier les rôles dans un petit nombre de comédies sexy à l'italienne. Elle irradie l'écran dans le drame érotique Guardami nuda de Italo Alfaro où pour les scènes érotiques et les plans de nu elle fut doublée. Dagmar était en effet enceinte de cinq mois lors du tournage.Suivent Adolescenza perversa / Adolescente perverse de José Benezaraf et L'adolescente de Alfonso Brescia. Aux cotés d'une sublime et vénéneuse Gloria Guida avec qui elle entretient une relation ambigüe, elle est la belle-mère indésirable au lourd passé de Peccati di Gioventu de Silvio Amadio. Elle est au générique ensuite de Emanuelle nera / Black Emanuelle en Afrique de Bitto Albertini avec Laura Gemser et Karin Schubert, Classe mista / La prof et les farceurs de l'école de Mariano Laurenti où elle est une enseignante hyper sexy mais un peu fade. Dans le sulfureux drame érotique morbide Lo stallone de Tiziano Longo Dagmar, splendide et incendiaire dans ses nombreux nus osés ,interprète la mère de l'incestueuse Annarita Grapputo, elle est l'impétueuse doctoresse de Atti impuri all'italiana de Oscar Brazzi. On la voit également dans Putana galera de Gianfranco Piccioli et Il comune senso del pudore de Alberto Sordi dans lequel Dagmar joue le rôle d'une actrice qui court nue à travers Cinecittà afin d'échapper au tournage d'une scène de sodomie.
Entre deux comédies, elle apparait également dans différents genres. Elle est au générique d'un film inclassable à l'atmosphère putride de Roberto Bianchi Montero, le sombre et violent Una donna per 7 bastardi dans lequel elle joue la putain du titre. Elle est à l'affiche également du désormais célèbre La lupa mannara / La louve sanguinaire de Rino Di Silvestro dans lequel elle est la soeur d'une Annik Borel déchainée. Ce film d'horreur où Dagmar a une scène d'amour assez torride mêle de façon complaisante lycanthropie et érotisme sauvage. Elle touche au poliziesco avec des personnages de seconds plans avec Gli amici di Nick Hezard de Fernando Di Leo en 1975, Ritorno di quelli della calibro 38 de Giuseppe Vari en 1978. Elle n'en n'oublie pas pour autant le giallo dans lequel elle avait si souvent officié. Elle est en effet en 1975 au générique de Il vizio ha le calze nere de Tano Cimarosa dans lequel elle joue l'épouse lesbienne de Giacomo Rossi-Stuart.
Elle continuera par la suite à apparaitre dans ce riche filon qu'est la comédie avec entre autre Piedone l'africano / Inspecteur Bulldozer de Steno dont elle est la principale protagoniste aux cotés de Bud Spencer en 1977 mais touche également au film d'aventure avec par exemple Il corsaro nero / Le corsaire noir de Sergio Sollima avec Kabir Bedi. Elle n'y a que malheureusement un tout petit rôle.
La fin des années 70 voyant le déclin de la comédie à l'italienne, Dagmar va alors beaucoup tourner pour les productions de Luciano Martino et apparait dans quelques films à épisodes tels que Zucchero miele e peperoncini ou Occhio malocchio prezzemolo e finocchio tous deux signés Sergio Martino. Elle est également au générique de la comédie culte W la foca de Nando Cicero avec Lory Del Santo.
Le début des années 80 sera pour elle l'occasion d'apparaitre dans un nouveau genre de films, le cinéma d'horreur dont on retiendra surtout ses petites apparitions dans Le chat noir et La maison près du cimetière de Lucio Fulci ou encore Apocalypse dans l'océan rouge de Lamberto Bava.
Au milieu des années 80, la belle actrice de feu va essentiellement travailler pour la télévision pour laquelle elle avait déjà tourné en 1978 I racconti fantastici di Edgar Allan Poe de Daniela D'Anza. Elle joue ainsi dans La piovra 2 de Florestano Vancini, Aeroporto internazionale de Enzo Tarquini et surtout la très populaire série italienne de Claudio Risi I ragazzi della terza C dont la jeune Nicoletta Elmi fut une des protagonistes principales.
Si elle se permet une très fugace apparition en guest star dans Il piacere / La femme pervertie en 1986 de Joe D'Amato en 1986 elle retourne au cinéma d'auteur avec La famiglia de Ettore Scola où en vieille milliardaire vieillissante elle tente de séduire le jeune Ricky Tognazzi. Les années 90 arrivent, Dagmar va encore tourner pour Ruggero Deodato dans son drame signé pour la télévision I ragazzi del muretto puis Passi d'amore de Sergio Solima en 1991.
En 1993 elle entre dans une période difficile de sa vie. Elle sort d'un divorce qui va la fatiguer aussi bien physiquement que nerveusement. A l'approche de la cinquantaine, épuisée par les épreuves, Dagmar va alors décider de mettre un terme définitif à sa carrière lorsqu'elle s'aperçoit qu'elle a du mal à retenir les textes qu'elle doit apprendre pour le lendemain. C'est une décision qu'elle ne regrettera pas après avoir passé tant d'années à briller sous le feu des projecteurs. Dagmar va dés alors goûter un repos bien mérité. Aujourd'hui la belle rousse aux yeux d'émeraude est parvenue à vaincre la maladie et ne vit que pour ses passions et les voyages qu'elle entreprend régulièrement autour du monde. Malgré cet arrêt peut être prématuré et un peu d'amertume envers la profession, la belle Dagmar ne renie en rien son passé et les films qu'elle a pu faire. Elle accepte même parfois de revenir sous les feux de la rampe à la rencontre de ses admirateurs lors de conventions comme en 2011 aux USA pour les trente ans de La maison près du cimetière.
A nos yeux, Dagmar restera à jamais l'une des plus belles et incendiaires actrices du cinéma italien et sa resplendissante beauté continuera encore longtemps à faire battre nos coeurs d'éternels amoureux.