Il venditore di palloncini
Autres titres: Mourir à 12 ans / Last moments / The balloon vendor
Réal: Mario Gariazzo
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Lacrima movie
Durée: 90mn
Acteurs: Renato Cestiè, Lee J. Cobb, James Whitmore, Marina Malfatti, Cyril Cusack, Lina Volonghi, Adolfo Celi, Maurizio Arena, Silvano Tranquilli, Franco Pesce, Gianni Agus, Umberto D’Orsi, Pupo De Luca, Gabriella Andreini, Giustino Durano, Giacomo Furia, Paola Nelli, Antonio Monselesan, Carlo Romano, Giordano Albertoni, Alfredo Adami, Luciano Bonanni, Spartaco Battisti, Flora Carosello, Anna Di Leo, Cesare Di Vito, Vittorio Fanfoni, Sandra Mantegna, Fulvio Pellegrino, Lorenzo Piani, Pipino Desiderio, Sven Valsecchi, Pietro Zardini, Giuseppe Marrocco, Franca Scagnetti, Andrea Scotti...
Résumé: La mère du petit Giacomino, cinq ans, s'enfuit une nuit avec son amant. Quelques huit années plus tard le père du petit garçon a sombré dans l'alcool. Il passe ses journées à s'enivrer et se faire humilier pendant que Giacomino tient un petit théâtre de marionnettes ambulant afin de gagner un peu d'argent. Un jour Giacomino, épuisé, s'effondre. A 12 ans il est condamné. Son coeur est trop fatigué. Il est conduit à l'hôpital. Son père va tout faire pour rendre ses derniers jours les plus beaux possible et réaliser son voeu: retrouver sa mère...
Artisan besogneux du cinéma de genre transalpin Mario Gariazzo avait déjà été l'année précédente à l'origine du scénario de L'ultima neve di primavera, le lacrima movie de Raimondo Del Balzo. Un an plus tard c'est à son tour de passer derrière la caméra pour mettre en scène un autre lacrima, ces pellicules familiales dont le but est de faire pleurer comme des fontaines ceux qui les visionnent et qui eurent en Italie leur heure de gloire dans les années 70. Avec Il venditore di palloncini (littéralement Le vendeur de ballons) l'objectif semble être une fois de plus atteint.
Antonio et Maria, les parents du petit Giacomino, sont artistes saltimbanques. Un soir après une représentation Maria quitte les loges pour partir avec Dimitri, son amant. Elle ne reviendra jamais. Bien des années plus tard Giacomino qui a désormais une petite dizaine d'années vit seul avec son père qui par désespoir a sombré dans l'alcool. Il passe ses journées à boire jusqu'à plus soif dans un bar où il est la risée de tous. Giacomino tient un petit théâtre de marionnettes ambulant. Le peu d'argent qu'il gagne il le met dans une boite secrète afin de suffisamment économiser pour pouvoir acheter un joli costume à son père. Un jour après une représentation Giacomino s'écroule. Il est emmené d'urgence à l'hôpital.
Toutes ces années à travailler sans relâche, à tirer son petit théâtre dans les rues ont épuisé son coeur. Il ne lui reste que quelques semaines à vivre. Sur son lit d'hôpital il demande à revoir sa mère. Son père abattu par la terrible nouvelle, rongé par le remord, accepte de la retrouver. Il y parvient. Aujourd'hui Maria se prostitue. La nouvelle lui fait tout abandonner. Enfin réunis les parents de Giacomino peuvent aller ensemble au chevet de leur fils dont l'état se dégrade. Son ultime voeu est d'aller au cirque. Tous ses amis l'y emmènent. C'est là que lui apparait un vendeur de ballons.
Avec Il venditore di palloncini (sorti jadis en vidéo sous le titre racoleur Mourir à 12 ans)
Mario Gariazzo signe très certainement un des meilleurs lacrima movie qui rejoint en tête de liste L'albero dalle foglie rosa et un cran en dessous L'ultima neve di primavera. Cette fois il n'y a pas à attendre l'ultime partie de la bobine comme le plus souvent dans ce type de films. C'est très rapidement que le petit héros, Giacomino, tombe malade. Il s'écroule au bout de trente petites minutes, le coeur fatigué d'avoir travaillé si dur à un si jeune âge, et c'est donc à ses derniers jours, allongé sur son lit d'hôpital, auquel on assiste durant quasiment les trois quart du métrage. Le moins qu'on puisse dire c'est que Giacomino a accumulé tous les malheurs possibles et imaginables durant sa courte vie. Gariazzo n'a
pas ménagé son bambin. Sa mère l'abandonne à quatre ans et finit par se prostituer, son père est alcoolique, pour survivre il s'occupe seul de son petit théâtre de marionnettes qu'il tire à bout de bras dans les rues de la ville sous un soleil de plomb tel un bagnard, il se fait voler toutes ses économies et lorsqu'il doit être hospitalisé il n'y a aucun lit de disponible. Il est placé dans la bibliothèque! Une telle avalanche de problèmes à elle seule a de quoi déjà émouvoir le spectateur. Mais si tout cela est un peu exagéré pour paraitre vraisemblable cela ne gâche en rien la qualité du film dont le point fort est sans nul doute son interprétation à laquelle s'ajoute une mise en scène plutôt efficace qui évite tout temps mort et longueurs.
Inattendu mais c'était là une très bonne idée est d'avoir confié le rôle du père de Giacomino au vétéran américain James Whitmore, totalement pathétique en ivrogne déchu ayant atteint le fond et dont le tout le monde se moque, rabaisse et humilie avant qu'il ne se resaisisse lorsqu'il apprend que son fils est condamné. Tout aussi intéressante est la présence d'un autre américain au générique, Lee. J. Cobb, qui entamait avec ce film sa carrière italienne quelques années avant sa mort. Il interprète avec retenue Vent'anni, un pauvre alcoolique qui un soir rencontre le père de Giacomino dans un bar et se lie d'amitié avec lui pour mieux voler les économies du petit garçon. A ce duo s'ajoute la toujours excellente Marina Malfatti
(la mère de Giacomino) et en tête de distribution, le petit prince du lacrima, Renato Cestié, qui bien sûr joue Giacomino en évitant fort heureusement toute mièvrerie. On pourrait même dire que Renato a cette fois un coté assez adulte dans son jeu, très pro, parvenant à toucher et émouvoir sans jamais trop en faire. C'est une des qualités du film. A noter que c'est le petit Sven Valsecchi (Nenè), le "sosie" de Renato, qui joue Giacomino à quatre ans. C'était la toute première apparition à l'écran de celui qui lui aussi deviendra un temps un des enfants stars du cinéma italien.
Intéressante aussi est cette petite touche mystique en toute fin de pellicule. On se souvient du rêve et de son bel arbre rose qui clôturait L'albero dalle foglie rosa, c'est ici un vendeur de ballons (d'où le titre) interprété par Cyril Cusak qui apparait à Giacomino. Le discours est
positif, allégorique, plutôt christique. C'est évidemment Dieu qui sous l'apparence de ce vendeur apparait ainsi à Giacomino habillé tout de blanc, tel un ange. C'est sur l'envol symbolique d'un joli ballon blanc vers les cieux que le mot fin s'inscrit sur l'écran. Voilà une manière plus douce, bien plus belle de conclure cette histoire que l'habituelle agonie suivie de la mort du petit héros qui clôt la plupart des lacrima.
On pourra reprocher à ce Vendeur de ballons quelques ellipses regrettables mais surtout des invraisemblances scénaristiques parfois énormes, parfois très drôles notamment les scènes où Whitmore est à la recherche de sa femme. Celle ci a donc disparu depuis
environ sept ou huit ans. Il n'a plus jamais eu de nouvelles et ignore où elle se trouve. Il prend un taxi et parcours les rues et les alentours de Rome en cherchant uniquement dans les quartiers où racolent les prostituées. Comment diable a t-il su qu'elle était aujourd'hui une putain et comment peut-on envisager une telle quête d'une manière aussi aléatoire? Il la retrouvera d'ailleurs en quelques heures. On pourra aussi regretter que Gariazzo ait cru bon se s'attarder autant sur les scènes d'ébriété avancée de Whitmore. Trop appuyées elles perdent de leur efficacité et sont par moment plus drôles voire irritantes que réellement touchantes.
Outre ses quelques défauts et incohérences Il venditore di palloncini, servi par une jolie partition musicale signée Stelvio Cipriani, est un lacrima movie de haut niveau, un des meilleurs du filon. Gros succès lors de sa sortie en Italie le film de Gariazzo est un drame lacrymal familial, un conte plein d'amour, d'entraide et d'amitié qui saura toucher le coeur de chacun tant l'émotion est présente sans être ni pesante ni mielleuse. Idéal pour découvrir le genre si on n'a encore jamais vu de lacrima movie également appelé Strappalacrime.