Vita segreta di una diciottenne
Autres titres: Das luder
Réal: Oscar Brazzi
Année: 1969
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 62mn
Acteurs: Mimma Biscardi, Sergio Ammirata, Marcello Bonini Olas, Rossano Brazzi, Dante Cona, Donatella Fossi, Néstor Garay, Giulia Licastro, Renzo Petretto, Gianni Pulone, Lia Tanzi...
Résumé: Franca, 17 ans, adolescente issue de la classe moyenne, aimerait gagner de l'argent mais elle n'arrive pas à trouver un travail honnête. Elle décide alors de se prostituer et se fait embaucher chez une maquerelle. Parallèlement elle tombe amoureuse d'un petit revendeur de stupéfiants recherché par la police pour une vente dont il n'est pas l'auteur. Franca est déchirée par son désir d'être une jeune fille respectable et honnête, son amoureux et son travail de prostituée...
En 1968 Oscar Brazzi, le frère cadet de l'acteur Rossano Brazzi, réalise avec son actrice fétiche Mimma Biscardi Il diario segreto di una minorenne, un film tourné en noir et blanc qui mêlait l'érotisme puritain d'antan et l'aspect sulfureux du cinéma dit osé de cette fin d'années 60. Si le film fut violemment rejeté par une critique choquée qui le traita purement et simplement de "pourriture" Il diario segreto di una minorenne littéralement Carnet secret d'une mineure reçut néanmoins un accueil plutôt favorable auprès du public italien tant et si bien que les producteurs demandèrent une séquelle à Brazzi. Toujours produite par la
Chiara films international, la société de production des frères Brazzi auxquels s'était associé Renato Polselli cette suite fut réalisée l'année suivante. Tournée cette fois en couleur avec toujours Mimma Biscardi entourée pratiquement des mêmes comédiens pour la plupart inconnus, cette séquelle intitulée Vita segreta di una diciottenne (Vie secrète d'une jeune fille de 17 ans) connut elle aussi les foudres de la censure. Elle le séquestra un temps avant qu'il ne sorte enfin l'année suivante dans une version généreusement tailladée sans obtenir le succès du premier volet.
Franca a 17 ans. Elle est issue d'un milieu de classe moyenne. Afin de gagner sa vie elle tente de trouver un métier honnête, dont secrétaire d'un avocat véreux mais la pauvrette n'y parvient pas.
Elle décide alors de se prostituer sans rien dire à ses parents. Elle réussit à intégrer une maison close tenue par Madame Febi. Elle s'y fait une amie qui tombe amoureuse d'elle ou du moins le prétend. Franca est très mal à l'aise et ne réussit pas à oublier sa vie d'avant. Elle espère toujours devenir un jour une jeune fille honnête. Elle rencontre Nino, un petit voleur qui vit de la vente de stupéfiants. Il est recherché par la police pour un délit qu'il n'a pas commis. Tous deux tombent amoureux. Mais au fil des jours leur relation se dégrade, Franca vivant trop mal sa vie de prostituée. Elle quitte Nino et accepte de partir en France avec son amie lesbienne afin de commencer une nouvelle vie. Nino la retrouve à temps.
Il lui ouvre les yeux. Ils repartent ensemble. Nino décide de se rendre à la police afin de purger sa peine. A sa sortie de prison ils pourront ainsi vivre libres et heureux. C'est à cet instant précis que les journaux annoncent une amnistie générale suite aux élections présidentielles. Les deux tourtereaux sont aux anges.
Le film commençait de manière inquiétante, laissant présager du meilleur. Une jeune fille allongée sur le divan de son psychiatre se laissait aller à quelques angoissantes confidences sur les troubles de son enfance, de son passé. Voilà qui pouvait annoncer une oeuvre torturée sur la vie d'une jeune femme en pleine crise. Tout s'arrête malheureusement
au bout de quelques minutes pour laisser place à une sorte de mélodrame d'un autre temps, un roman-photo bas de gamme ultra démodé tellement inoffensif qu'il en devient vite ennuyeux car si insipide. Certes la jeune Franca décide de se prostituer pour gagner de l'argent, une décision prise comme on décide d'aller faire un tour chez son épicier. Oui elle franchit les portes d'une maison close mais non, il n'y aura aucune scène scabreuse. Enorme déception soudainement pour beaucoup d'entre vous. Au lieu de tout ça, on parle, on parle même beaucoup. Franca pleure, Franca fait grise mine. Elle pique-nique avec son bien aimé sur une jolie colline et mange une banane (faut-il y voir une quelconque allusion?)
puis elle finit par lui faire l'amour. On suggère, on ne montre pas mais la belle romance est interrompue par l'arrivée de deux policiers qui ont retrouvé son petit truand adoré qui doit alors fuir. Franca est seule, Franca est triste chez la madame Claude du coin mais elle a sa meilleure amie qui a des envies de voyage et accessoirement des vues sur elle et surtout des envies de devenir elle aussi une mère maquerelle. Sous prétexte d'une escapade en France elle en ferait sa jolie et innocente putain. Fort heureusement son cher Nino tel un héros (mais très essoufflé d'avoir beaucoup couru) arrive juste à temps pour la sauver des griffes de la traitresse et c'est avec un filet à provisions à la main et un journal sous le bras
que les deux tourtereaux s'enlacent dans la rue au moment même où l'amnistie présidentielle est annoncée!
Cette vie secrète d'une adolescente de 17 ans n'a rien de très secrète. Le résultat s'avère n'être qu'une comédie sentimentale plus que banale douloureusement inodore que même les passionnés de romans-photos auront du mal à apprécier tant l'ensemble manque de relief et l'interprétation est niaise. Quelle mauvaise idée d'avoir donné au très ingrat Renzo Petretto, ami de Brazzi qui fut assistant réalisateur sur ses trois films, le rôle masculin principal, celui de Nino. Pettretto n'est pas acteur, il joue très mal et ressemble plus à un nigaud qu'à un petit truand revendeur de stupéfiants. Quant à son coté comique à ce jour il
lui reste encore à le travailler! Mimma Biscardi a le regard toujours aussi bovin, n'a rien de très ensorcelant et n'a plus 17 ans bien entendu. Le reste de l'affiche est aussi insipide que la pellicule. On retiendra juste la présence de Lia Tanzi dans la peau de la copine perfide.
Rythmé par une musique d'un autre âge Vita segreta di una diciottenne malgré son titre accrocheur (comme ceux des deux autres volets de la trilogie), du moins sous la forme qu'on le connait suite aux mutilations astronomiques de la censure, n'est qu'une bande mielleuse sans grand intérêt, qui semblait déjà démodée à sa sortie (le film donne l'impression d'avoir été tourné dans les années 50), rapidement ennuyeuse. Les plus tolérants (ou patients) s'accrocheront à cette légèreté inoffensive, l'humour d'hier et la chasteté du tout au final drôle.
Les autres s'en serviront comme somnifère, Mimma Biscardi ayant un peu plus d'attrait qu'une camomille. Reste à savoir ce que valait le film dans sa version non mutilée (apparemment disparue), surement un peu plus sympathique au vu de la séquence d'ouverture qui renvoie très certainement à bon nombre de passages qui tombèrent sous les coups de ciseaux de Dame Censure.
L'échec relatif du film en Italie n'empêcha pas Oscar Brazzi de mettre en scène un troisième chapitre en 1970, un ultime roman-photo ultra démodé là encore joliment intitulé Intimita proibite di una giovane sposa (littéralement Intimité interdite d'une jeune mariée) non plus avec Mimma dont la vie privée partait alors en lambeaux (une sombre affaire de prostitution) mais avec Valérie Lagrange (!) qui n'a jamais paru aussi laide. Mais elle nous offrait un nu intégral forestier!