La tigre è ancora viva: Sandokan alla riscossa!
Autres titres: The Tiger is still alive: Sandokan to the rescue
Real: Sergio Sollima
Année: 1977
Origine: Italie / Tchécoslovaquie
Genre: Aventures
Durée: 118mn
Acteurs: Kabir Bedi, Philippe Leroy, Theresa Ann Savoy, Adolfo Celi, Massimo Foschi, Nestor Garay, Sal Borgese, Ganesh Kumar, Franco Fantasia, Mirella D'Angelo, Shamsi, N'Zuki, Ahmad B., Abdulah Rahman Bin Abdul...
Résumé: Voilà de longues années que Sandokan vit reclus sur une ile en Inde. A la mort de Marianne il a mis fin volontairement à sa lutte contre l'invasion britannique. L'ile de Mompracem, jadis son fief, est aujourd'hui entre les mains du sultan Abdulah. Lorsque la jeune et belle Jamilah vient quémander son aide Sandokan accepte de reprendre le combat et de mettre un terme au règne du sultan et du rajah blanc James Brooke afin que Mompracem retrouve enfin son indépendance...
Le début de l'été 1976 fut à jamais marqué par la diffusion sur TF1 d'une série italienne en six épisodes qui fut un véritable succès international porté par un tout aussi inoubliable générique français chanté par l'anglais Oliver Onions. On y suivait les aventures ébouriffées du personnage crée par Emilio Salgari le pirate Sandokan surnommé le tigre de Malaisie. Sandokan avait déjà connu dans les années 60 de nombreuses adaptations cinématographiques dont celles de Umberto Lenzi Sandokan tigre de Borneo et Les pirates de Malaisie de Mario Sequi. C'est au tour de Sergio Sollima, un des grands noms du
western-spaghetti (sa trilogie Le dernier face à face, Saludos hombres et Colorado) et du polar (La cité de la violence, La poursuite implacable) d'adapter les écrits de Salgari alors que sa carrière est en net déclin depuis l'échec de La poursuite implacable. Il met alors en scène cette série télévisée de six fois 55 minutes, presque six heures d'aventures exotiques épiques qui vont tenir en haleine des millions de téléspectateurs également séduits par le charisme de l'acteur indien Kabir Bedi, le nouveau visage de Sandokan.
Suite au triomphe de la série Sollima décide alors d'en faire une adaptation pour le grand écran qui sort en 1977 sous le titre La tigre è ancora viva: Sandokan alla riscossa! (à ne
pas confondre bien sûr avec Sandokan alla riscossa / La révolte gronde à Bornéo de Mario Capuano). Si ce long-métrage reste inédit en France il est là encore couronné de succès en Italie.
La série contait la lente conquête de l'Asie par l'empire britannique. L'impitoyable James Brooke devenu le rajah Blanc de Sarawak doit affronter son ennemi juré, un pirate nommé Sandokan dit le tigre de la Malaisie adulé par la population qui lutte contre l'oppresseur anglais. Afin de contraindre le régent de Selangor à signer un traité en faveur de la compagnie des Indes orientales Brooke fait enlever les jeunes princes de Selangor que
Sandokan secondé par son fidèle Yanez réussit à libérer. Mortellement blessé par les troupes de Brooke Sandokan s'échoue sur un rivage où il est recueilli par Lord Guillonk et sa fille, la belle Marianne dont il tombe amoureux. Malheureusement démasqué il doit fuir.
Le long-métrage reprend quasiment les mêmes personnages mais l'histoire se situe dix ans plus tard. Sandokan vit désormais reclus sur une ile quelque part en Inde. A la mort de Marianne il a mis fin volontairement à sa lutte contre l'invasion britannique. L'ile de Mompracem est aujourd'hui entre les mains d'un sultan avide, Abdulah, et de son bras droit, le fourbe grec Teotokris. Une jeune métisse, la belle Jamilah, voit ses parents adoptifs
massacrés. Elle demande alors à rencontrer Sandokan, qui fut un ami proche de son père, afin qu'il vienne en aide à son peuple et le délivre de l'emprise d'Abdulah mais aussi de Brooke qui a rallié à sa cause une tribu féroce et sanguinaire Les thugs. Jamilah parvient à retrouver Sandokan qui a totalement perdu confiance en lui. Il accepte tout de même d'aider Jamilah. Ignorant que Teotokris est un traitre à la solde du sultan Sandokan lui fait confiance. Le bras droit d'Abdulah lui tire une balle dans le dos et le laisse pour mort. Il enlève Jamilah. Par chance Sandokan est sauvé de justesse par son ami Yanez. Ce dernier parvient à pénétrer dans le palais du sultan en se faisant passer pour un officier prussien. Il libère
Jamilah mais il est démasqué par Teotokris et emprisonné. Sandokan réussit à le faire s'échapper. Commence alors une lutte sanglante pour la libération de Mompracem qui va voir s'affronter le pirate et ses hommes contre les soldats du sultan et l'armée de Brooke.
L'ouverture du film, soit le premier quart d'heure, est franchement prometteuse. On assiste au massacre du village de Jamilah, à la mort de son père, à la fuite de la jeune fille qui demande à rencontrer le légendaire Sandokan. En quinze minutes Sollima en met plein la vue à son spectateur à grands renforts d'effets gore. Les morts tombent, le sang coule, les affrontements sont violents, les batailles menées de main de maitre portées par une
magnifique partition dynamique qui reprend celle de la série. Voilà de quoi clouer le dit spectateur dans son fauteuil qui entrevoit déjà deux heures de grand spectacle. La suite du film est un peu moins trépidante. Il va sans dire qu'en deux petites heures Sollima n'a pas forcément pu retrouver toute l'énergie de la série. La suite du film sent simplement le réchauffé. L'action certes omniprésente perd cependant en force. Adieu le souffle épique du feuilleton et de cette introduction alléchante. Le film repose sur ses acquis et finit par ressembler à un long téléfilm qui mélange avec un certain bonheur le film de jungle alors à la mode en Italie et le film d'aventures exotiques mais dont la réalisation est quelque peu
inégale. Sollima alterne en effet bonnes voire très bonnes séquences et séquences moins réussies, plus ternes. Il faudra attendre la dernière demi heure pour retrouver l'effervescence du début, cette folie meurtrière lors de l'affrontement de l'armée anglaise, des hommes du sultan et des pirates de Sandokan auxquels se sont ralliées les tribus indigènes prenant d'assaut Mompracem lors d'un final épique, gentiment naïf dans sa conclusion pleine d'espoir.
Fort heureusement ces inégalités sont largement compensées par une interprétation de haut niveau. On retrouve la plus grande partie des acteurs de la série, Kabir Bedi en tête,
celui qui restera à jamais le seul, le vrai visage de Sandokan. La beauté envoutante de cet ex-modèle indien, son regard hypnotique, sa beauté princière, ses longs cheveux noirs, en font la parfaite incarnation du Tigre de Malaisie ce mythique rebelle voué à la cause de son pays. Salgari lui même reconnaitra que Kabir était tel qu'il avait imaginé son héros. A ses cotés sont de nouveau présents Philippe Leroy qui cabotine dans la peau de Yanez, le meilleur ami du pirate, (il faut le voir en officier prussien ou en français homosexuel), Adolfo Celi dans les habits du rajah blanc, l'argentin Nestor Garay sous la perruque de l'avide sultan, Massimo Foschi dans le rôle du traitre et cruel Teotokris qui manie à la perfection le
fouet meurtrier, Sal Borgese (Kamammuri) et Mirella D'Angelo. La petite surprise vient du fait que Carole André qui interprétait Marianne dans la série est ici absente, Marianne étant morte. C'est Theresa Ann Savoy qui lui succède pour notre plus grand plaisir. L'ex-sulfureuse lolita change bel et bien de registre et s'avoue tout à fait convaincante et toujours aussi séduisante dans le rôle de la jeune et forte Jamilah. Cachée pour l'occasion sous une perruque brune Theresa (qui avait refusé de se teindre les cheveux) est tout à fait crédible en belle indigène malaisienne transformée en guerrière auprès de Sandokan dont elle est amoureuse.
Tourné en Malaisie (d'où la présence de quelques acteurs locaux dont Shamsi (le chef des Dayaks, la féroce tribu coupeurs de têtes) qui fut un des cannibales du Dernier monde cannibale) La tigre è ancora viva: Sandokan alla riscossa! est un spectacle d'aventures/action exotiques et de film de jungle tout à fait divertissant, fort sympathique même s'il est en dessous de la série dont il constitue un simple complément. Malgré ses limites cette suite cinématographique mérite amplement qu'on s'y intéresse ne serait-ce que pour revoir Kabir Bedi et réécouter les superbes musiques de Oliver Onions.
Fort du succès de ses pellicules océanes Sollima tournera la même année le plaisant Le corsaire noir toujours avec Kabir puis bien des années plus tard en 1996 redonnera vie à Sandokan le temps d'une mini-série toujours et encore avec Kabir Le retour de Sandokan puis en 1998 avec Il figlio di Sandokan.