Depravacion
Autres titres: Dépravation
Real: Isabel Mula
Année: 1982
Origine: Espagne / France
Genre: Erotique / Rape and revenge
Durée: 82mn
Acteurs: José Gras, Françoise Perrot, Concha Valero, Jordi Batalla, Jaime Bascu, Jean-Paul Perrier, Patricia Cauzard
Résumé: Un écrivain pervers vit reclus dans sa maison de campagne avec sa compagne Miriam. Il aime mettre en scène des scénarii brutaux afin de satisfaire ses fantasmes sexuels. Il est obsédé par le fantôme de sa défunte épouse qu'il a autrefois poussé au suicide. Lorsqu'un jour son sosie fait irruption dans sa vie, il perd pied et va tout faire pour qu'elle reste à ses cotés...
Réalisé par un certain et très énigmatique I. Mark Lane Depravacion fut en fait écrit et mis en scène par la propre femme du producteur José Maria Cunilles, Isabel Mula, qui durant de très nombreuses années travailla sur une multitude de films en tant que script tant en Espagne qu'en Italie. Après un premier court-métrage en 1980 elle passe à la réalisation de son seul et unique film avant de mettre un terme à sa carrière même si un doute subsiste. Certains attribuent en effet sa réalisation à Ricard Reguant à qui on doit la même année la
comédie hardcore I vizi della signora / Sueca bixseual necesita semental avec Marina Frajese. Qu'en est-il donc de Depravacion? Il s'agit en effet d'un softcore aux limites du hard qui flirte gentiment avec le rape and revenge et le drame schizophrène. Voilà qui ne manque pas de piquant!
L'écrivain Victor Kinski, spécialisé dans le roman érotique, vit reclus dans sa propriété campagnarde en compagnie de sa compagne Miriam. Afin de stimuler son imagination et assouvir ses fantasmes sexuels pervers Victor aime imaginer des jeux de rôles souvent brutaux qu'il met en scène avec Miriam comme par exemple celui de la femme violée par son
cambrioleur ou celui de la jeter dans les bras d'autres hommes sous le regard concupiscent d'un cheval. Ce que Miriam ignore c'est que jadis Victor a involontairement poussé sa femme Luisa au suicide. Il est depuis obsédé par son image qui la nuit vient le hanter. Un jour arrive à la demeure Lucia une jeune et jolie femme, le sosie parfait de Luisa. Dés cet instant Victor perd pied et va tout faire pour que Lucia lui appartienne. Il tente de la séduire mais Lucia a un amant, Humberto. Elle se refuse donc à lui. Il lui faut donc se débarrasser de Humberto. Il demande l'aide de Miriam qui soupçonne une nouvelle idée de jeu. Elle l'attire donc à la
demeure, couche avec lui avant que Victor ne le tue. Il téléphone alors à Lucia en l'invitant à une supposée fête. Lorsque la jeune femme arrive elle comprend le piège. Elle est à la merci de sa folie. Il la séquestre, la viole mais elle parvient à fuir avec l'aide de Miriam. Victor poignarde sa compagne. Lucia est désormais seule face à l'écrivain.
Coproduction franco-espagnole Depravacion n'est jamais qu'une nouvelle pellicule érotico-morbide, un sexploitation qui ne fait que reprendre le thème vu et revu de l'écrivain pervers qui met en scène ses fantasmes sordides afin de stimuler sa libido. On y ajoute un zeste de fantastique avec le fantôme de sa défunte femme qui vient le hanter, un souvenir obsédant
qui soudain prend vie sous les traits de Lucia et on obtient Depravacion, un film qui porte bien son nom puisque plus des trois-quart du film est composé d'une succession de scènes de sexe aux limbes du hardcore filmées dans un lieu unique: une sombre maison de campagne isolée. Point de psychologie ici la réalisatrice plonge le spectateur directement au coeur des fantasmes déviants de Victor qui dés l'arrivée de sa compagne organise son pseudo viol sous forme d'un scénario auquel elle se plie volontiers suivi d'une longue scène de douche.
Puis un autre jeu est organisé. Cette fois Miriam, uniquement vêtue d'une longue cape noire, est jetée dans les bras d'un autre homme sous l'oeil pervers de l'écrivain qui la
regarde se faire posséder dans l'écurie, une scène qui la transforme en Lady Godiva puisqu'elle lui donne l'occasion de chevaucher sa monture nue sous sa cape. Ces jeux pervers sont une nuit interrompus par l'apparition du spectre de Luisa qui vient hanter son ex-époux qui commence à perdre pied lorsque son sosie débarque chez lui sous l'apparence de Lucia (mais existe t-elle?). La jeune femme devient l'objet des fantasmes de Victor persuadé que sa femme est revenue d'entre les morts. Sa folie ne va cesser de croitre alors qu'il tente désespérément de la conquérir, ne l'avoir que pour lui, d'autant plus qu'ils ont couché ensemble. Cette erreur Luisa refusera de la réitérer puisqu'elle a un amant dont va
se débarrasser Victor avec la complicité de Miriam qui, naïve, ne voit en cela qu'un nouveau jeu sordide. C'est le début du cauchemar pour Luisa qui se retrouve prise au piège par l'écrivain, un moyen de faire basculer Depravacion dans le rape and revenge lors d'un final brutal et désespéré.
Il n'y a rien de très original dans cette intrigue qu'on a régulièrement vu sur nos écrans en beaucoup mieux mais aussi en beaucoup moins bien. Il faut reconnaitre au film de Mula une certaine efficacité notamment dans la mise en place d'une atmosphère due en partie à son décor, sa maison de campagne isolée, ses landes désertes, le coté inquiétant de quelques
scènes appuyé par une partition musicale à l'avenant et l'interprétation nerveuse de son principal protagoniste, l'espagnol José Gras (Virus cannibale) qui tente de se la jouer à la David Hess (croisé avec David Hasselhoff) avec qui il entretient une lointaine ressemblance.
Le gros atout du film reste bien entendu ses scènes de sexe (à deux ou à trois, hétéros et lesbiennes) souvent rudes, brutales à l'image des désirs déviants et de la folie de l'écrivain. De quoi ravir les amateurs de sexe violent, animal, tel qu'on l'aime, dans une ambiance très souvent délétère. On est bien plus proche de la pornographie que de l'érotisme malsain, la seule différence étant que les actes sexuels sont ici simulés. Point de pénétration, de plan
explicite ou de pénis en érection mais de très longues séquences de sexe osées toutes filmées avec art et dextérité, à la fois belles et excitantes (les férus d'urophilie auront même droit à leur petite dose de pisse lorsque Luisa se humilier par Victor qui urine sur son corps) puisqu'elles font appel à notre fantasmatique de petits pervers et qui aboutiront au final dramatique où seule la main vengeresse de Luisa, hystérique, délivrera le romancier de ses tourments.
Depravacion donnera également l'occasion de retrouver une des stars de la pornographie italienne de la première heure, la française Françoise Perrot alors en pleine rédemption.
Après avoir tout osé dans l'univers du hardcore, ne se mettant de son propre aveu aucune limite, Françoise tenta sa reconversion en basculant dans le courant de l'année 1981 dans un cinéma cette fois érotique. Elle multiplia les apparitions chez Bruno Mattei (Pénitencier de femmes, Révolte au pénitencier des filles, Les 7 gladiateurs) et Andrea Bianchi (Le notti segrete di Lucrezia Borgia, Giochi di seduzione le tardif remontage softcore de Erotic flash) sans jamais vraiment parvenir à trouver sa place. Depravacion sera son ultime film avant qu'elle ne décide de se retirer définitivement du monde artistique après son mariage avec un technicien italien et de tirer un trait sur son passé coupable. Un chant du cygne honorable
pour Françoise qui parvient même ici à être plutôt belle. Challenge! On aurait simplement aimé que son jeu soit plus convaincant, plus ferme, plus tragique mais Françoise fait ce qu'elle sait le mieux faire: se dévêtir et faire l'amour à tout va. A ses cotés la famélique espagnole Concha Valero (plus célèbre en Espagne fans le monde du doublage), le français très velu Jean-Paul Perrier et le solide Jaime Bascu, trois comètes de l'érotisme hard ibérique.
Depravacion est un très honnête sexploitation qui respecte les règles du genre: sexe brut et brutal, violence, viols... dans une ambiance joliment malsaine dans laquelle on aura plaisir à plonger le temps de ces quelques 80 minutes arrosées d'urine. Et la pisse c'est fantastique!