Indagine su un delitto perfetto
Autres titres: Le crime du siècle / The perfect crime
Real: Giuseppe Rosati
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Thriller
Durée: 90mn
Acteurs: Gloria Guida, Leonard Mann, Adolfo Celi, Joseph Cotten, Anthony Steel, Janet Agren, Alida Valli, Claudio Gora, Franco Ressel, Paul Muller, Mario Novelli, Claudio Gora, Elio Stefanizzi, Maria Tedeschi, Tom Felleghy...
Résumé: Le président d'une multinationale londonienne trouve la mort dans l'explosion de son avion. Il n'avait choisi aucun successeur. Les trois héritiers au fauteuil de président vont successivement trouver la mort, assassinés par une mystérieuse silhouette. La police conclut à chaque fois à une mort naturelle...
Entre 1974 et 1978 Giuseppe Rosati réalisa quatre polizeschi qui ne firent guère date dans l'histoire du polar à l'italienne. Après un intéressant et prometteur Il testimone deve tacere, premier film de cette quadrilogie, force est de reconnaitre que Rosati ne renouvela pas l'essai et s'enfonça dans une certaine indolence en signant deux autres films dont le dénominateur commun est leur manque d'énergie et d'intérêt. Indagine su un delitto perfetto connu en France sous le titre Le crime du siècle ne relève guère le niveau. Malgré de bonnes idées il ne fait malheureusement que confirmer cette triste constatation.
Le président d'une multinationale londonienne trouve la mort dans l'explosion de son avion. Il n'avait malheureusement désigné personne pour lui succéder. Trois hommes devraient voir le fauteuil de Président leur revenir, le jeune et fringant Paul de Revere, Sir Arthur Dundee et Sir Harold Boyd. Très vite une succession de morts étranges se produit parmi les héritiers au poste. C'est tout d'abord Paul qui meurt brulé dans sa voiture alors qu'il partait rendre visite à sa mère, Lady De Revere. Quelques temps plus tard Sir Arthur Dundee est assassiné la veille où on devait lui apprendre qui était responsable de la mort de Paul. Durant son sommeil une sinistre silhouette se glisse dans sa chambre puis ralentit son pace-maker
grâce à un ingénieux système. Dundee meurt dans d'atroces souffrances. La police conclut à une mort naturelle. Ne reste en lice que Sir Harold Boyd, un homme arrogant dont le mariage bat de l'aile. Certain désormais d'être nommé au poste de président Boyd promet de détruire sa richissime épouse dés qu'il aura investi le fauteuil si convoité. Folle ce rage elle jure de se venger. La nuit même le couple est assassiné, le crime déguisé en suicide. Jeff Hawks de Scotland Yard, le cousin suspicieux de Paul qui a pris soin de mener l'enquête, et la police ne peuvent que constater une série de morts naturelles. C'est alors que Paul De Revere fait sa réapparition. Ce n'est pas son corps qu'on a retrouvé dans la voiture mais celui d'un auto-
stoppeur qu'il avait pris à son bord avant de panner en panne au bord de la route et d'être assommé. Il a passé tout ce temps dans une clinique sous surveillance médicale à tenter de retrouver la mémoire. C'est dans cet établissement que se trouve la clé de l'énigme.
L'idée de départ était très intéressante. Le résultat final est malheureusement très décevant. Mélanger le thriller à l'anglaise façon Agatha Christie, le giallo argentesque et le giallo à la Lenzi aurait pu donner un film original, captivant, qui tient en haleine du début à la fin. Le crime du siècle est un fiasco sur toute la ligne. Si on peut mettre en cause un budget étriqué difficile de mettre en cause l'absence d'argent pour expliquer un scénario qui prend l'eau de
toutes parts, un véritable Titanic pelliculaire, et l'indolence voire la paresse magistrale de la mise en scène. Situé à Londres mais entièrement tourné à Rome (l'amateur reconnaitra entre autre l'édifice qui servit de cadre à l'école de danse de Suspiria) Le crime du siècle s'efforce de se donner des airs "so british" (bobbies, rues plongées dans le brouillard, tasses de thé...) mais n'y parvient pas vraiment. Utiliser un casting international qu'on nomme Sir, Lord ou Lady et qu'on vêt de costumes très britanniques ne fait guère illusion tant les acteurs peu convaincus semble t-il font simplement ce qu'ils doivent faire tout en récitant des dialogues souvent creux, peu imaginatifs. La moins bien servie est certainement la
pauvre Janet Agren dans le rôle d'une jeune milady millionnaire revêche adultère. Trop amidonnée, mono expressive elle doit se contenter de sourire ou faire la moue et réciter un texte par instant droit sorti d'un épisode des Feux de l'amour.
Voilà qui n'arrange pas vraiment une scénario linéaire, sans surprise et surtout invraisemblable car mal agencé. Le décès en apparence naturel de trois riches héritiers qui se battent pour accéder au fauteuil de président n'a rien de très original. Le seul véritable intérêt aurait pu être de tenter de deviner l'identité de l'assassin mais Rosati ne ménage aucun véritable suspens, il se contente de brouiller bien maladroitement les cartes en usant
des plus grosses ficelles du genre. Le rebondissement final bien mal venu achève de briser le peu de suspens fastidieusement mis en place. La réapparition miraculeuse de Paul, ses explications peu crédibles en flash-backs fait la lumière sur cette affaire. Il reste malheureusement 20 minutes de film. Il fallait donc un second twist encore plus improbable que le précédent pour atteindre les 90 minutes syndicales. Particulièrement frustrant, les plus sévères pourraient le qualifier de farce, il clôt le film sur une fin ouverte qui laisse un désagréable gout de déception au fond de la gorge.
Restent au crédit de ce Crime du siècle le meurtre cruel du malheureux Lord Dundee qui
renoue avec les meilleurs gialli façon Dario Argento. Sous l'oeil d'un chat une silhouette noire chapeautée gantée de cuir s'introduit dans la chambre de la victime endormie, ralentit grâce à un ingénieux système son pacemaker. Le vieil homme devra s'ouvrir la poitrine à l'aide d'un couteau pour extraire l'appareil avant de mourir dans d'abominables souffrances. Le double faux suicide de Lord Boyd et de son épouse est également joliment mené, très esthétique, presque poétique mais cela ne suffit malheureusement pas à relever le niveau d'un film d'une consternante mollesse, dirigé avec si peu d'énergie. Peut être excuserons nous Rosati lorsqu'on sait les problèmes que rencontra le film dont le tournage du être
interrompu suite à de gros soucis de production. Il put reprendre quelques mois plus tard mais Rosati dut se passer de certains des acteurs désormais indisponibles. Ceci pouvant expliquer cela.
Aux cotés de Janet Agren on pourra retrouver l'anglais Anthony Steel en inspecteur de Scotland Yard et l'américain Joseph Cotten entourés notamment de Leonard Mann en fringant héritier ayant pour mère Alida Valli transformée pour l'occasion en lady britannique façon mamie gâteau, Franco Ressel, Mario Novelli, Adolfo Celi qui n'a pas vraiment l'air d'un lord anglais et Paul Muller en domestique inquiétant. Quant à Gloria Guida, l'atout du film, à
mi-chemin entre la Dark lady et Mata Hari elle tentait en vain sa reconversion pour faire oublier ses années "Lycéenne". Raté! Gloria est belle, Gloria se déshabille et nous offre quelques nus, Gloria a un certain talent mais perdue au milieu de ce désastre scénaristique son embryon de performance tombe à l'eau. Il est à noter que Rosati dut avoir recours à une doublure pour quelques plans de nus notamment. Lorsque le tournage reprit Gloria alors engagée sur un autre projet ne put revenir sur le plateau. Ses admirateurs seront donc déçus d'apprendre qu'ici Gloria n'est pas toujours leur Gloria mais une doublure.
Malgré quelques bonnes scènes, son affiche alléchante, une photographie soignée et les
musiques de Carlo Savina Le crime du siècle est un film inconsistant, un thriller à l'anglaise juste distrayant du moins si on n'a pas vacillé dans une douce léthargie pris dans le ronron d'une mise en scène ronflante. Une chose est sûre. Giuseppe Rosati n'a pas commis le crime du siècle encore moins le film du siècle. Ce sera son ultime réalisation avant de revenir en tant que scénariste cette fois sur Con la zia non è peccato, comédie érotico-porno avec Marina Frajese puis de disparaitre définitivement du devant de la scène.