Il giustiziere sfida la citta
Autres titres: Bracelets de sang / Bracelet de sang / Syndicate sadists
Real: Umberto Lenzi
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 90mn
Acteurs: Tomas Milian, Joseph Cotten, Mario Piave, Silvano Tranquilli, Ida Galli, Maria Fiore, Alessandro Cocco, Guido Alberti, Femi Benussi, Luciano Catenacci, Shirley Corrigan, Luciano Pigozzi, Duilio Cruciani, Giuseppe Castellano, Tom Felleghy, Bruno Di Loia, Riccardo Petrazzi...
Résumé: De retour à Milan Rambo retrouve son ami Pino qui désormais appartient à une milice privée dont le but est de pallier l'impuissance de la police face à la montée de violence. Lorsque Pino est tué par les ravisseurs qui ont kidnappé l'enfant d'un industriel Rambo jure de le venger et de retrouver le petit garçon...
Un an après sa première collaboration avec Tomas Milian qui aura marqué les annales du polizesco avec l'implacable et sanglant Milano odia; la polizia non puo sparare / La rançon de la peur Umberto Lenzi récidive avec cette fois un polar urbain bien moins violent construit tout autour de son principal personnage toujours interprété par Milian, un marginal ex-malfrat nommé Rambo revenu à Milan rendre visite à son ami Pino. Et malgré son nom aucune référence au film de Ted Kotcheff réalisé cinq ans plus tard.
De retour à Milan après une longue absence Rambo se rend chez son vieil ami Pino qui
désormais dirige une unité de défense privée dont l'objectif est de pallier l'impuissance de la police milanaise débordée par la délinquance et la violence. Pino demande à Rambo de les rejoindre mais il refuse jusqu'au jour où Alberto le fils d'un riche industriel est kidnappé. Pino grâce à certains indices qu'il a recueilli retrouve sa trace mais il est tué par les ravisseurs. Rambo jure de le venger et de libérer l'enfant. Bien décidés à s'en débarrasser les bandits le traquent. Ils tuent sa petite amie Flora puis obligent la femme de Pino à lui tendre un piège auquel il échappe. Un à un Rambo va réussir à les éliminer. Il délivre l'enfant. Mais il va maintenant devoir affronter les véritables responsable du rapt.
Le plus intéressant ici n'est pas vraiment l'intrigue somme toute très simple, peu originale car maintes fois vues mais le personnage campé par Milian qui s'apparente à Serpico du moins dans son apparence: cheveux longs, vieux chapeau ou bonnet rouge, blouson de cuir noir, mal rasé, un look hippie pour un motard chevronné qui monte un engin, sa rutilante Kawasaki, qui fait rêver les enfants. Etrangement le scénario ne nous en apprend pas beaucoup sur son passé qu'on devine simplement à travers quelques répliques. Rambo reste dans le flou. On imagine qu'il a du être autrefois flic, un policier reconnu et aimé qui connait bien le milieu dont le retour fait visiblement plaisir. Il ne faudra pas attendre d'autres
explications d'un film qui évoque les milices privées dans une Italie épuisée par la violence et la délinquance. Là encore Bracelets de sang parfois renommé Bracelet de sang ne tente à aucun moment d'approfondir ce sujet. Tout est traité en surface au profit d'une simple enquête menée par un Tomas Milian égal à lui même qu'on a connu et reverra bien plus virulent.
Il giustiziere sfida la citta est un polizesco en demi teinte somme toute assez sage, trop sage. Lenzi nous avait en effet habitué à bien plus de dynamisme. Ce manque d'énergie donne l'étrange sentiment que le film ronronne malgré les efforts de Milian pour éliminer les
malfrats. Aucune course-poursuite échevelée, pas de corps à corps ou autres combats nerveux, aucun réel débordement de violence juste quelques plans sanguinolents. Voilà qui risque d'en déconcerter certains surtout si on espérait de ce nouveau polar cette jolie dose de hargne inhérente au genre. En fait Lenzi préfère cette fois s'attarder sur les relations qu'entretient son héros avec la famille de son ami assassiné mais également le gentil cafetier qu'il aide financièrement même s'il ne parvient pas vraiment à toucher la corde sensible du spectateur car trop superficiel. Lenzi a donc ici délaissé l'aspect trash, exploitatif pour donner à ces Bracelets de sang une dimension plus humaine arrosé d'un zeste
d'humour égrillard qu'il brise cependant le temps d'une courte séquence où on retrouve cette légendaire misogynie du cinéaste qui a fait sa réputation. Au milieu d'une telle douceur comment ne pas trépigner de bonheur lorsque Flora, la petite amie et prostituée de Rambo se fait passer à tabac par les ravisseurs désireux de savoir où il se cache. Et quoi de plus réjouissant que de voir Femi Benussi en nuisette se faire frapper à coups de poing puis à coups de pied dans le ventre jusqu'à ce qu'elle perde la vie! C'est très certainement la scène dont on retiendra de ce polar bien gentillet.
Autour de Tomas Milian et Femi Benussi dont le rôle est finalement assez court on retrouve
toute une pléiade d'acteurs récurrent au genre dont Silvano Tranquili, Luciano Pigozzi, Luciano Catenacci, Mario Novelli, Antonio Casale, Maria Fiore, Ida Galli et Joseph Cotten en guest star dans la peau du Parrain aveugle. Luigino, le fils de Pino, est interprété par le regretté Duilio Cruciani, un des enfants comédiens qui telle une météorite traversa le ciel du cinéma de genre avant de trouver la mort suite à une overdose d'héroïne à tout juste 26 ans. Quant au petit garçon enlevé par les ravisseurs, Alessandro Cocco, il s'agit tout simplement du propre fils de Iga Galli qui avait déjà joué aux cotés de Duilio dans Una bellissima estate.
Tourné non pas à Milan même mais aux alentours de Como et sa région au début de l'année 1975 Bracelets de sang est un petit polar plutôt discret, pas forcément spectaculaire qui s'éloigne quelque peu de la production habituelle de par sa gentillesse et son coté joliment
moraliste lors de son final. S'il décevra les férus de violence gratuite cette seconde collaboration Lenzi-Milian reste un agréable divertissement régulièrement parsemé de scènes d'action qui rappellera un peu Pour une poignée de dollars. Une certitude: impossible d'oublier cette fabuleuse philosophie du trou de Rambo: "La vie est un trou. On sort par un trou, on mange par un trou, on chie par un trou on finit dans un trou". Voilà sur quoi nous vous laissons sagement méditer.