Casa d'appuntamento
Autres titres: Maison de rendez-vous / Meurtres dans la 17ème avenue / Pension Colette / Murders on the 17th avenue / French sex murders
Real: Ferdinando Merighi
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 89mn
Acteurs: Robert Sacchi, Anita Ekberg, Rosalba Neri, Evelyne Kraft, Howard Vernon, Pietro Martellanza, Barbara Bouchet, Eva Astor, Rolf Eden, William Alexander, Piera Viotti, Alessandro Perrella, Ada Pometti, Renato Romano, Gordon Mitchell...
Résumé: Francine, une prostituée, est assassinée dans la maison de passe où elle travaille. Son amant, Antoine, qui est avec elle au moment de sa mort, est accusé du meurtre. La police et l'arrête. tout joue contre lui. Il est jugé et condamné à mort. Il jure de revenir pour se venger de ceux qui l'ont accusé à tort. Dés lors, les prostituées de la maison de rendez-vous sont régulièrement tuées puis c'est au tour de Madame Colette, la tenancière du bordel qui semblait connaitre l'identité du meurtrier. L'enquête de l'inspecteur le conduit au professeur Waldemar, un étrange scientifique fou aux pulsions incestueuses qui fait des expériences sur des globes oculaires...
Au départ assistant metteur en scène notamment pour Luigi Batzella, Ferdinando Merighi réalisa en tout et pour tout trois films dont un western, Django ton tour viendra, et ce curieux giallo produit par l'inénarrable Dick Randall. Fort tardivement sorti en France, il fut distribué à la sauvette sept longues années après sa réalisation, Casa d'appuntamento est un modeste thriller dont l'intrigue se situe principalement dans une maison close, la fameuse maison de rendez-vous du titre.
Antoine Gottvales, un petit voyou, se rend chez Madame Colette, la tenancière d'une maison
de passe à Paris, afin de voir Francine, une des prostituées dont il est amoureux. Après lui avoir fait l'amour, il lui fait promettre d'arrêter de vendre ses charmes lorsque Mme Colette lui fait savoir qu'un client la réclame. Fou furieux, Antoine se met à la battre. Francine est retrouvée morte quelques minutes plus tard. Hagard, Antoine s'enfuit mais il est arrêté quelques temps plus tard par la police. Il jure qu'il est innocent. Amené au commissariat, il est confronté aux filles de joie de Mme Colette et à son ancienne épouse Marianne. Toutes l'accusent. Antoine, reconnu coupable, est condamné à mort. Mais il jure qu'il reviendra se venger de ceux qui l'ont accusé à tort. Très vite, la maison de passe est l'objet de toute une
série de meurtres violents. L'inspecteur Fontaine enquête sur ses assassinats. Ses investigations le conduisent jusqu'au professeur Waldemar, un étrange scientifique qui pratique d'aussi étranges expériences sur des globes oculaires. Sa fille Eleonora sort avec son assistant, une relation qu'elle ne souhaite pas officialiser car son père ne l'apprécie pas. En fait, Waldemar dissimule tant bien que mal ses désirs incestueux qu'il tente d'oublier en allant voir des prostituées, un secret que Madame Colette semble avoir découvert. Elle est tuée. Quelles sont les implications de Waldemar dans cette suite de morts violentes?
Casa d'appuntamento est un curieux thriller caractérisé par un évident non sérieux, marque
de fabrique du producteur. Situé à Paris, coproduction oblige, le film de Merighi ressemble à une bande dessinée, un fumetto tendance noir mâtiné de quelques effets sanglants où polar, gore, érotisme et fantastique se mélangent dans une ambiance aussi kitsch que ludique fortement estampillée années 70. Ce méli-mélo de genres donne un petit film tout à fait sympathique, jamais très sérieux, voire totalement farfelu et invraisemblable dés lors où débarque le professeur Waldemar et ses globes oculaires qui semblent vivants. Il est un scientifique fou droit issu d'un fumetto justement, un homme qui non seulement pratique d'horribles expériences dans son laboratoire mais qui en plus a des pulsions incestueuses
pour sa fille qu'il tente d'oublier dans le plus grand secret dans les bras des putains de Madame Colette. C'est d'autant plus difficile pour lui qu'il agit en véritable puritain et ne supporte pas ces filles légères. L'élément fantastique est renforcé par la malédiction d'Antoine, le faux coupable condamné à mort qui maudit ses accusateurs en les menaçant de revenir se venger par delà la mort. On devine que ce ne sont que des mots, ne reste plus qu'à attendre le dénouement pour connaitre l'identité du tueur qui n'est pas une grosse surprise contrairement à ses motivations plutôt inattendues qui donnent un coté érotico-morbide à cette histoire somme toute banale. De quoi terminer sur une note allègre cette
enquête filmée en un long flash back puisque Casa d'appuntamento s'ouvre sur la silhouette du tueur poursuivi par l'inspecteur, du moins une ombre noire en surimpression, qui tombe du haut de la tour Eiffel.
Production complètement folle, délirante, le giallo de Merighi, joyeusement mis en scène, est un petit régal pour tout amateur de pur divertissement grand guignolesque qui appréciera l'ouverture très sexuelle et la soudaine brutalité d'Antoine qui frappe à mort la pauvre Barbara Bouchet dont le temps de présence à l'écran ne dépasse guère les cinq minutes. Un autre des gros atouts du film est son affiche. Outre Barbara Bouchet, on retrouvera Rosalba Neri
en chanteuse de cabaret dont le rôle atteint des sommets de ridicule lorsqu'elle entame une chansonnette en français particulièrement mièvre, la fellinienne et plantureuse Anita Ekberg alors prête à tout accepter pour pouvoir jouer qui endosse le rôle de Madame Colette, Piera Viotti et Ada Pometti. Tourbillonnent autour d'elles un Pietro Martellanza halluciné, figure incontournable du western italien qu'on admirera entièrement nu dans ce qu'il a de plus intime lors de ses torrides ébats avec Barbara Bouchet, Howard Vernon égal à lui même dans la peau du scientifique fou incestueux et Gordon Mitchell. Vernon et Mitchell de par leur simple présence appuient le coté délirant et peu sérieux du film, un bon régal pour leurs
admirateurs respectifs. Mais c'est indubitablement l'américain Robert Sacchi, véritable sosie de Humphrey Bogart, qui vole la vedette à cette très agréable distribution. S'il a bien souvent joué sur cette ressemblance tout au long de sa carrière, il est ici tout simplement excellent.
Si malgré son titre et le lieu de l'action l'érotisme reste plutôt sage et la nudité peu présente, Maison de rendez-vous rythmé par une sympathique partition musicale signée Morricone et Nicolai se rattrape sur son scénario exubérant, ses décors très années 70 joliment photographiés et ses effets gore psychédéliques qui nous offrent entre autres une décapitation, des énucléations, un visage écorché, un égorgement... et quelques belles
visions de globes oculaires. Casa d'appuntamento est un petit moment de plaisir, un spectacle jamais ennuyeux dont on attend le final avec impatience sans que jamais ne retombe le suspens. Voilà un véritable petit divertissement sans prétention aucune à découvrir ou redécouvrir sur fond du Paris de ce début de décennie.
Lors de sa sortie en France le film fut truffé de longs plans porno souvent ridicules, un procédé alors habituel, bien mal insérés, dont de tristes séquences de masturbation réciproque, de doigtage et de pénétration frappant ainsi Casa d'appuntamento d'une interdiction aux moins de 18 ans.