Le porte dell'inferno
Autres titres: The gates of hell / The Hell's gate
Real: Umberto Lenzi
Année: 1989
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 90mn
Acteurs: Barbara Cupisti, Gaetano Russo, Giacomo Rossi Stuart, Paul Muller, Pietro Guenardi, Andrea Damiano, Mario Luzzi...
Résumé: Un spéléologue tente de battre le record de temps le plus long passé seul au fond d'une grotte. Alors qu'il se prépare à remonter, il est assailli par d'effrayantes visions. Il s'enfuit après avoir lancé un SOS par radio. Une équipe va descendre de suite le chercher accompagnée par deux étudiants en archéologie qui étudient le monastère sous lequel s'étalent les dédales de couloirs de la grotte. La légende voudrait que sept moines y aient été jadis condamnés pour sorcellerie. Ils sont censés revenir le jour anniversaire de leur mort afin de tuer sept mortels. L'équipe de secours est justement composée de sept personnes très vite bloquées sous terre victimes de forces démoniaques.
Les années 80 furent très difficiles pour bon nombre de réalisateurs qui firent les beaux jours du cinéma de genre italien dans les années 60 et 70. Alors en pleine agonie, il n'en finissait en effet plus de suffoquer, d'étouffer, malgré de nombreuses tentatives pour raviver une flamme de plus en plus vacillante. Umberto Lenzi fait partie de ces metteurs en scène qui jusqu'au bout lutta pour sa survie, avec plus ou moins de bonheur, pour le meilleur ou pour le pire. Le meilleur quant à l'ultime partie de la carrière du cinéaste se nomme Ghosthouse, sympathique petit film d'horreur, et Paura nel buio, thriller certes classique mais efficace et
rondement mené. Sans être le pire qui reste sans aucun doute Nightmare beach, Le porte dell'inferno est un des films plus faibles de cette période. Tourné à l'origine pour la télévision mais exploité en salles à l'étranger, Le porte dell'inferno appartient à la série "Lucio Fulci presenta" qui regroupe sept téléfilms tous plus inégaux les uns que les autres dont Frati rossi et Luna di sangue.
Maurizio, un spéléologue, tente de battre le record du plus long séjour sous terre détenu jusqu'à présent par un américain. Alors qu'il s'apprête à bientôt sortir, il est victime d'effrayantes visions qui le tétanisent. Une équipe va aussitôt partir à sa recherche. Ils
emmènent avec eux deux jeunes étudiants qui font des recherches sur le monastère qui se dresse au dessus de la grotte où Maurizio a séjourné. La légende voudrait que sept moines ait été jadis condamnés pour sorcellerie par l'Inquisition. Surnommés les Moines Noirs, ils sont censés revenir le jour de l'anniversaire de leur condamnation pour tuer sept mortels hérétiques. Les spéléologues peu enclin à croire de tels superstitions sont justement sept. Ils retrouvent Maurizio gravement blessé, la jambe coincée sous un éboulement de rocs. Coincés dans la grotte suite à une explosion, ils sont désormais prisonniers des forces démoniaques qui habitent les lieux. Ils vont être tués un à un par les fantômes des moines.
Les trois derniers survivants parviennent finalement à contacter par miracle une équipe de secours qui débarque dans la grotte. Alors qu'ils se croient enfin sauvés, ils découvrent avec effroi que leurs sauveurs ne sont que les sept moines qui ont pris l'apparence des secours. Ils sont à jamais condamnés aux flammes de l'Enfer... mais tout cela est il bel et bien la réalité?
L'idée de départ était en soi intéressante, celle d'un monastère maudit construit juste au dessus d'un dédale de cryptes et de grottes aujourd'hui prisées des spéléologues dans l'une desquelles un groupe d'explorateurs se retrouve bloqué en prise aux forces du mal.
Voilà de quoi engendrer outre bon nombre de frissons créer une atmosphère claustrophobe, oppressante. Le porte dell'inferno aurait pu être un très bon téléfilm d'horreur emmené par le savoir-faire d'un réalisateur dont les talents ne sont plus à démontrer. Malheureusement le film s'avère très vite être un désastre plus drôle qu'effrayant. Mis en scène de manière bien peu énergique, privé de tout suspens et surtout de rythme, ce téléfilm dont le petit budget a contraint Lenzi de tourner en rond 90 minutes durant dans les innombrables couloirs de sa fausse grotte brille avant tout par l'absurdité des situations qu'il déploie, le ridicule des dialogues et l'incapacité du célèbre metteur en scène à instaurer la moindre ambiance. Toute
la force de ces lieux souterrains envahis par ces présences maléfiques se trouve annihilée par le manque de conviction d'une interprétation à la limite parfois de l'amateurisme, l'invraisemblance d'un récit qui prête à sourire et certaines des réactions des divers protagonistes qui va à l'encontre de toute logique. L'ensemble donne l'impression d'un gigantesque je-m'en-foutisme de la part d'un Lenzi peu motivé à donner vie et consistance à une histoire à laquelle il n'a guère envie de s'affairer comme il n'apporte aucune épaisseur à ses personnages qui ne sont que de simples esquisses simplement destinées à mener leur nombre à sept, celui requis par la légende, puis les tuer, les deux jeunes étudiants en tête.
Lenzi utilise sans grande imagination tout l'arsenal des habituelles diableries, croix en feu, serpents, visions hérétiques et icônes religieuses qui pleurent des larmes de sang, voix sentencieuses à la radio, ombres inquiétantes qui se projettent sur les murs de la grotte, tant et si bien que l'effet requis tombe très vite à l'eau et ne produit justement plus aucun effet! Certaines trouvailles étaient certes originales mais ainsi présentées elles laissent dubitatif et font beaucoup rire. Ainsi les moines ont la possibilité de prendre la forme d'animaux et d'être humains, un pouvoir écrit sur les tablettes trouvées dans la crypte. Ils prennent donc la forme de tarentules, allez savoir pourquoi, et viennent attaquer sournoisement le pauvre
spéléologue coincé sous son roc. Et si les prédictions gravées sur ces fameuses runes semblent avoir été écrites par des enfants farceurs, le comble du ridicule est atteint lors du final. Les secours que les survivants ont enfin réussi à contacter par radio arrivent dans la grotte, sept hommes en combinaisons de spéléologue qui portent aux pieds des... sandales! Une voix d'outre tombe résonne alors et entonne: "Si nous pouvons prendre la forme de tarentules nous pouvons également prendre la forme d'êtres humains". Difficile de ne pas rire devant un telle conclusion aussi pessimiste qu'amusante qui n'est pas sans rappeler dans un certain sens le final des Rats de Manhattan. Si le film aurait pu s'arrêter ici Lenzi
poursuit pourtant le massacre avec cet ultime rebondissement d'une facilité déconcertante dont il avait déjà usé pour L'avion de l'apocalypse. Tout le film n'a été qu'un horrible cauchemar qu'a fait l'héroïne qui se réveille en sursaut dans sa caravane juste avant que le rêve ne devienne réalité quelques minutes plus tard après l'appel au secours lancé par le spéléologue isolé dans sa grotte.
Plutôt en vogue dans le cinéma d'horreur italien des années 80, les grottes avaient été notamment au centre des téléfilms de Lamberto Bava (Outre tombe, Le masque de Satan...) et Alien 2 sulla terra dont Le porte dell'inferno fait songer par certains aspects tout comme
on pense à Sanctuaire de Argento (l'église maudite) mais également à Demonia (l'abbaye) et Frati rossi (les moines) tout comme on ne peut évincer de sa mémoire le souvenir de The descent dont on aurait aimé que ces "Portes de l'Enfer" hérite de son atmosphère lourde, oppressante, claustrophobique. Ne subsistent malheureusement que quelques effets sanglants assez sympathiques dont les meurtres perpétrés à la hache, des maquillages plutôt réussis, quelques idées agréables (les sept poignards plantés dans le corps), une série d'explosions et d'effets pyrotechniques plutôt spectaculaires qui semblent avoir englouti tout le budget, une jolie photographie et le décor lugubre des ruines de l'abbaye de San Bonaventura qu'utilisa Lenzi pour tourner les séquences extérieures. Voilà qui est bien trop peu pour sauver le film du naufrage.
Doit on parler de la prestation de Giacomo Rossi-Stuart dont ce fut le tout dernier rôle au cinéma, cinq ans avant qu'il ne nous quitte, un bien triste chant du cygne qu'on préférera certainement oublier. Le pauvre comédien trouvait là le rôle le plus mauvais de sa carrière. Il traverse le film désabusé, aussi peu convaincant que convaincu par ce qu'il est obligé de jouer et surtout réciter aux cotés de Gaetano Russo qui passe son temps à rouler des yeux de merlan frit bloqué son rocher, et d'une Barbara Cupisti, version coupe garçonne très courte, qui semble être la seule à vouloir croire à cette histoire de fantômes maudits. En vain!
Tout téléfilm soit il, Le porte dell'inferno est bel et bien le témoin de la mort du cinéma de genre transalpin, usé jusqu'à la corde, dont il n'y a clairement plus rien à tirer à l'instar même des metteurs en scène eux mêmes, tout aussi stériles et démotivés. Tout juste distrayantes, ces portes sont peut être celles de l'Enfer mais elles débouchent surtout et avant tout sur un ennui général et une tristesse contagieuse.