La casa
Autres titres: Intrighe nelle stelle / Sesso erotico...cosi
Real: Angelino Fons
Année: 1974
Origine: Italie / Espagne
Genre: Science fiction
Durée: 97mn
Acteurs: Franca Gonella, Antonio Cantafora, Helga Liné, Magda Konopka, Carlos Estrada, José Maria Prada...
Résumé: En 1998 la plupart des satellites mis en orbite autour de la terre par les plus grosses puissances se sont écrasés sur Terre. Les conséquences furent dramatiques. Les radiations radio-actives détruisirent toute vie. Un groupe de six amis est parvenu à s'échapper en se réfugiant dans la somptueuse maison de l'un d'entre eux, Paul. Ce qu'ils ignorent c'est que ce qu'ils prennent pour une villa spacieuse est en fait un astronef qui flotte dans l'espace. Cette découverte les terrifie. Furieux envers Paul, un homme pervers qui aime leur passer des films qui leur remet en mémoire des faits tragiques de leur passé commun, ils commencent à se monter contre lui. La tension monte lentement jusqu'au jour où une des femmes détruit les parties vitales du vaisseau. Eau et nourriture commencent à manquer, l'oxygène se raréfie. Les six survivants vont s'entretuer. Seuls deux d'entre eux parviendront à s'enfuir en s'éjectant d'une capsule pour regagner la Terre. Mais le cauchemar ne fait que commencer...
Petite production italo-espagnole, La casa fait partie de ces mystérieux film d'exploitation italiens sur lesquels planent une belle ombre de mystère tant il est difficile de savoir le nombre de versions existantes en circulation. Réalisé en 1974 par l'ibérique Angelino Fons et produit par Antonio Climenti Lopez-Marti et l'italien Francesco Paolo Prestano, La casa sortit sur les écrans espagnols en juin 1976. Malheureusement le film ne trouva aucun distributeur en Italie et échut entre les main du producteur Bruno Vani qui décida d'y intégrer des inserts pornographiques et de changer son titre. La casa devint alors Sesso erotico... cosi.
Afin de pouvoir le distribuer Vani eut recours à un stratagème très à la mode alors: le passer en commission de censure avec un autre film dont il possédait les droits: Le monde des morts vivants. Si le film put sortir cela créa en Italie une énorme confusion puisque les scénarii des deux films se mélangèrent. C'est ainsi qu'on put trouver en Italie une énigmatique vidéo aujourd'hui introuvable avec comme résumé celui du film de De Ossorio. Toujours plus rusé, Vani proposa une troisième version du film cette fois destinée aux chaines télévisées, épurée des plans hardcore et baptisée cette fois Intrighe nelle stelle. Malheureusement en retirant les séquences X il ne put remettre tous les plans jadis enlevés. C'est ainsi que la durée du métrage varie aujourd'hui de 60 à 97 minutes et même 109 minutes selon les copies visionnées et le nombre de plans restants parmi les différents ajouts et retraits.
Dans sa forme originelle, La casa est un étrange petit film de science-fiction dont le postulat rappellera les futurs films post-atomiques puisque nous sommes supposés être en 1998, année où de nombreux satellites hautement dangereux s'écrasèrent sur Terre, détruisant ainsi toute vie. Un groupe de six amis réussissent à échapper à l'holocauste en trouvant refuge dans la luxueuse maison de l'un d'entre eux. Ce dernier, un homme pervers, aiment leur projeter des films qui leur rappellent des moments tragiques de leur vie, notamment leurs infidélités respectives qu'il filmait. Tout va basculer le jour où ils réalisent que cette superbe maison est en fait un gigantesque astronef qui les transportent dans l'espace infini. Peu à peu la peur et la folie les gagnent. Une nuit une des rescapées détruit les parties vitales du vaisseau condamnant le petit groupe à une mort certaine. Privé d'eau, de nourriture et d'oxygène, ils commencent à s'entretuer. Seuls deux d'entre eux survivront et partiront dans une capsule afin de regagner la Terre afin de voir si la vie y est encore possible.
Loin d'être inintéressante, l'histoire ainsi racontée peut mettre l'eau à la bouche puisque l'idée même d'une maison qui serait un astronef de survie capable de vivre en autonomie dans l'espace est alléchante. Tout aussi prometteur est cette réunion d'amis qui tous ont fauté et doivent cohabiter pour le meilleur et pour le pire dans cet environnement aseptisé sous l'égide d'un homme pervers qui prend un malin plaisir à leur faire du mal. On retrouve les éléments de base d'un certain cinéma d'exploitation transalpin jetés cette fois dans un contexte d'anticipation et les films de science-fiction italiens étant assez rares, La casa ne pouvait qu'en être plus passionnante. Malheureusement, le résultat est loin d'être une réussite même s'il assez difficile de juger un film autant de fois modelé et remodelé. Que reste t-il du scénario originel? Mystère. En l'état le gros problème de La casa sont ces
incessants bavardages, ces interminables scènes où les six amis passent leu temps à jouer aux cartes, au billard ou à manger tout en récitant des dialogues pompeux et assommants que certains attribueraient sans preuve formelles à Renato Polselli. Dire qu'il ne passe pas grand chose durant une bonne majeure partie du film est donc un doux euphémisme. Si on passe les nombreuses incohérences et illogismes qu'accumule l'histoire qu'on peut mettre sur le compte des nombreux montages et remontages aléatoires qu'il subit (comment entre autre les invités ne se sont ils jamais aperçus qu'ils étaient dans l'espace à bord d'un vaisseau et non pas dans une villa??), le ridicule de certaines scènes et la facilité du scénario qui esquisse toutes données scientifiques, on peut pour le peu qu'on soit indulgent trouver La casa intrigant.
Quelques soient les défauts dont il souffre et la lenteur léthargique d'une mise en scène tout en dents de scie, le film de Fons a quelque chose d'étrangement fascinant qui fait oublier ses nombreux soucis. On sera tout particulièrement séduit par la beauté des décors intérieurs de cette maison-volante, colorés, feutrés, riches fortement estampillés 70 très joliment mis en valeur par une fort agréable photographie. On sera amusé par l'apparence du vaisseau lui même, sorte de grosse toupie spatiale, certes rudimentaires mais plutôt crédibles au même titre que les quelques effets spéciaux soignés, loin du bric à brac des futures oeuvres de Brescia. On appréciera l'ouverture durant laquelle une voix -off nous conte l'holocauste sur des images d'archives de villes et terres ravagées. savourera quelques passages plus spécialement lors de la seconde moitié du métrage lorsque les tensions entre les six amis commencent à monter jusqu'à leur affrontement leur différentes morts. On sent l'effort, la bonne volonté, on capte ça et là un semblant d'atmosphère. On retiendra la partition musicale qui mélange harmonieusement rythmes disco un brin irritants, rock psyché sympathique et mélodie plus synthétiques plus lancinantes récurrentes au genre.
Mais ce qu'on retiendra avant tout de La casa c'est son dramatique final d'un rare pessimisme, à la fois effrayant et onirique. Après s'être éjectés du vaisseau, les deux survivants atterrissent sur Terre au milieu d'un champ ravagé perdu au milieu de nulle part, envahi par les brumes et fumées toxiques qui voilent le soleil. Revêtus de leur scaphandre, ils sortent de la capsule pour constater qu'il ne reste rien autour d'eux, le vide et le silence à perte de vue. Le regard perdu, désespéré, ils tentent de s'embrasser derrière leur visière avant de s'effondrer main dans la main sur le sol radio-actif, comprenant qu'il n'y a plus aucun espoir. A la vision de ce final étonnamment sombre, on pourrait penser aux ultimes images de L'Au delà de Fulci et sa vision des Enfers lorsque ses deux héros, à jamais perdus, réalisent qu'ils n'en ressortiront plus.
On se fera également un plaisir de retrouver une affiche des plus sympathiques. L'ex-lolita de La bolognese / Caresses à l'italienne Franca Gonella illumine l'écran de sa blondeur aux cotés de la polonaise Magda Konopka et de l'allemande Helga Liné toutes plus sexy les unes que les autres tandis que le bellâtre Antonio Cantafora crédité sous son habituel pseudonyme Michael Coby joue les séduisants héros ténébreux.
S'il serait intéressant de visionner la version pornographique dans laquelle apparaissent quelques stars du hardcore italien dont Pauline Teutscher et Giuseppe Curia ainsi que la version télévisée, La casa dans sa forme plus ou moins originale malgré sa lenteur et ses nombreux illogismes reste une véritable curiosité pour tout amateur de science fiction écologique dotée d'un charme indéniable qui devrait en séduire plus d'un ne serait ce que pour son apocalyptique conclusion. Reste aux intéressés à réussir à se procurer les rares copies du film en espagnol qui circulent encore aujourd'hui par le biais notamment de ses quelques passages sur les chaines ibériques.