Passi di morte perduti nel buio
Autres titres: Death steps in the dark
Real: Maurizio Pradeaux
Année: 1977
Origine: Italie / Espagne
Genre: Giallo
Durée: 91mn
Acteurs: Leonard Mann, Robert Webber, Vera Krouska, Antonio Maimone, Barbara Seidel, Susy Jennings, Albertina Capuani, Marie-Liz Eugene, Luigi Romano, Bartolillo Palma, Nazzareno Macri, Imelde Marani...
Résumé: Dans le compartiment d'un train , une jeune française est assassinée dans la plus totale obscurité alors que le train passait dans un tunnel. L'arme du crime est le l'ouvre-lettre d'un des cinq passagers du wagon, le reporter Luciano Morelli. Les cinq passagers sont les principaux suspects. Alors que le commissaire chargé de l'enquête piétine, un témoin a ramassé le gant que le tueur a laissé tomber dans le couloir du compartiment. Il lui propose une énorme somme d'argent s'il veut le récupérer mais il est assassiné à son tour. C'est sa petite amie, Ulla, qui désormais possède le gant. Aidés du commissaire, Luciano Morelli et sa fiancée vont tenter de découvrir l'identité de l'assassin en lui tendant un piège. Pendant ce temps, les victimes continuent de tomber sous les coups de rasoir du sadique...
Seconde et ultime incursion dans l'univers du giallo pour Maurizio Pradeaux qui après le mitigé Chassé-croisé sur une lame de rasoir tente cette fois de suivre les traces de Agatha Christie en reprenant la trame initiale de Crime dans l'Orient-Express en transférant ici l'intrigue sur la ligne Athènes-Istanbul. Si on avait peine à croire au scénario de Chassé-croisé... souvent improbable dans son déroulement et ses rebondissements trop tirés dans par les cheveux, Passi di morte perduti nel buio souffre non seulement des mêmes défauts mais également de son humour navrant qui fait trop régulièrement sombré le film dans la comédie policière.
L'ouverture laissait pourtant augurer les meilleurs auspices. Sur la ligne Athènes-Istanbul, une jeune femme est assassinée alors que le compartiment du train est plongé dans la plus totale obscurité lors de son passage dans un tunnel. La victime a été tuée avec l'ouvre-lettre d'un des cinq passagers qui occupaient le wagon qui va donc mener son enquête assistée de sa fiancée. Si le meurtre est fort plausible, on commence à sourire lorsque le meurtrier, l'incontournable silhouette toute de noir vêtue, perd maladroitement un des ses gants dans
le couloir. Il est assez difficile de croire qu'un assassin aussi redoutable et rusé puisse égarer ainsi son gant, subrepticement ramassé par un témoin qui va s'empresser de le faire chanter contre une grosse somme d'argent. Il est encore plus plus improbable que notre téméraire témoin ait pu découvrir l'identité du tueur et l'adresse où lui envoyer la lettre anonyme. En quelques quinze minutes, Pradeaux qui n'a jamais été un grand réalisateur (on se souvient entre autre de la niaiserie faramineuse de sa version de Croc-blanc, I figli di Zanna bianca) vient déjà d'accumuler un nombre assez impressionnant de non-sens et cela ne cessera malheureusement pas tout au long du film.
Si on peut passer sur le ridicule de ce chantage peu crédible, il est beaucoup plus difficile de pardonner outre les longueurs et une mise en scène trop mollassonne le coté comique volontaire ou non que Pradeaux donne au film. Est ce là un pastiche, une vision ironique du genre ou tout simplement une comédie à laquelle on assiste, la question demeure en suspend. Une chose est sûre: cela détruit un scénario déjà bien faible au départ. Affublé de dialogues aussi risibles qu'aberrants, Passi de morte perduti nel buio n'est guère relevé par une interprétation particulièrement fade. Leonard Mann qui n'a jamais été un grand comédien est tout spécialement transparent et son personnage qui au départ est un des principaux, le reporter à qui appartient l'ouvre-lettre, manque profondément d'épaisseur tant
et si bien qu'il en devient parfaitement lisse et inintéressant. Et s'il devait être par instant comique, il est tout simplement ridicule lorsqu'il se déguise par exemple en prostituée blonde. Les plus vicieux, c'est à dire vous tous ici, s'amuseront juste à lorgner sous sa jupe afin de deviner ce qu'il y cache! On évitera de parler de Vera Kruska, sa petite amie suédoise écervelée, doublée de façon si exécrable que ça en devient très rapidement insupportable. L'américain Robert Webber est un commissaire souffrant de flatulences chroniques bien peu convaincant et surtout convaincu puisqu'il traverse le film avec une telle nonchalance qu'il donne l'impression de vouloir aller se coucher.
Au crédit du film restent les très beaux paysages grecs puisque la petite originalité du film est de transposer les éléments du giallo sur le sol d'Athènes et ses meurtres particulièrement sanglants, tous plus sadiques les uns que les autres, tous perpétrés au rasoir. Tout comme pour Chassé-croisé sur une lame de rasoir, Pradeaux montre un réel talent pour les mettre en scène mais également une tendance évidente pour le sadisme. Il est simplement dommage que les meurtres soient cette fois un peu trop répétitifs et tous calqués sur le même modèle. On appréciera par contre les gros plans assez inquiétants sur la pupille du tueur qui scrute ses malheureuses victimes.
Bien moins présent que dans son précédent giallo, l'érotisme se borne ici à une ou deux séquences saphiques, Pradeaux ayant cru bon d'agrémenter l'histoire d'un soupçon de lesbianisme bien inutile puisqu'il ne lui apporte strictement rien si ce n'est une certaine complaisance plus rigolote qu'excitante dans le voyeurisme. Pour preuve, la séquence où le réalisateur filme en gros plan et sous tous les angles deux langues entrain de se toucher et se titiller. Et c'est ainsi qu'on découvre que la petite amie du maitre-chanteur, une artiste de couleur jouée par Marie-Liz Eugene, une parfaite inconnue dissimulée sous une affreuse perruque, entretient en secret une relation avec son amante.
En dessous de Chassé-croisé sur une lame de rasoir, Passi di morte perduti nel buio rythmé par une partition musicale assez insignifiante signé Riz Ortolani, est un giallo plutôt médiocre mais il se laisse cependant regarder d'un oeil distrait pour ses quelques qualités disséminées ça et là.