5 bambole per la luna d'agosto
Autres titres: L'ile de l'épouvante / 5 filles dans une nuit chaude d'été / Five dolls for an august moon / Island of terror
Real: Mario Bava
Année: 1969
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 78mn
Acteurs: William Berger, Ira Von Fürstenberg, Edwige Fenech, Maurice Poli, Howard Ross, Helena Ronee, Edith Meloni, Teodoro Corra, Mauro Bosco, Ely Galleani...
Résumé: Trois couples sont invités par le riche industriel et chercheur George Stark a passé un week-end sur son île privée. Aucun n'oublie cependant l'enjeu de ce week-end, à savoir un énorme contrat pour acheter la formule que le chercheur a mis au point et soigneusement caché. L'atmosphère devient vite tendue puisque tous les invités sont prêts à tout même à tuer pour s’emparer de cette découverte révolutionnaire. Très rapidement les meurtres se multiplient, les cadavres s’accumulent. Coincés sur l'île ils n'ont plus qu'à attendre les secours tout en s'épiant et s'accusant les uns les autres dans un climat de plus en plus tendu. Tous ont en effet d'excellentes raisons d'être le mystérieux tueur...
S'il est un genre que Mario Bava connait parfaitement c'est bel et bien le giallo puisqu'il en jeta les bases quelques années plus tôt avec La fille qui en savait trop et surtout 6 femmes pour l'assassin. C'est contraint et forcé qu'il y revint en 1969 avec 5 bambole per la luna d'agosto, un film qu'il a toujours détesté tant et si bien qu'il en remania entièrement le scénario imaginé par Mario Di Nardo avant d'accepter de le tourner. Et son dédain pour ce thriller se ressent malheureusement tout au long des 78 petites minutes sur lesquelles il s'étire parfois péniblement.
Guère original, 5 bambole per la luna d'agosto connu sous différents titres français ne fait que reprendre la trame des Dix petits nègres transposée sur une île paradisiaque où sont bloqués contre leur volonté trois couples invités par un riche chercheur qui vient de mettre au point une formule révolutionnaire de résine de synthèse. Chacun cherche à s'en emparer, prêt à toutes les manoeuvres les plus viles mais aussi prêt à tuer. Et c'est ainsi que les cadavres commencent à tomber. Il ne reste plus qu'à savoir qui parmi les convives est l'assassin.
Et la solution ne l'énigme n'est guère compliquée puisque Bava dévoile assez rapidement l'identité du tueur malgré un rebondissement final tiré par les cheveux et peu convaincant à l'image du film lui même. Peu inspiré et surtout bien peu enthousiaste, Bava à défaut de créer un réel suspens s'attarde à enrober l'ensemble d'un nuage d'érotisme, à donner au
film un coté déluré et débauché afin d'illustrer comme le cinéma italien a toujours aimer le faire la dépravation des moeurs de cette bourgeoisie réunie sur cette île sanglante. Sur le plan esthétique, ces 5 filles dans une nuit chaude d'été est superbe, le cinéaste use et abuse de ces éclairages qui ont fait sa réputation, des zooms et dézooms à effets garantis tandis que les protagonistes évoluent dans de somptueux et sophistiqués décors aux couleurs aussi chatoyantes que psychédéliques fortement estampillés fin années 60. C'est à cela qu'on se raccroche ainsi que la beauté de ces cinq poupées que Bava habille le plus légèrement possible tout en sachant toutefois rester pudique. S'il règne un air de débauche agrémenté d'un zeste d'échangisme sournois et de saphisme, on suggère plus qu'on ne montre. Il ne faut donc pas se fier au titre racoleur français.
Si l'érotisme est omniprésent, on ne peut en dire autant des effets sanglants, quasi absents. Les meurtres sont le plus souvent commis hors champ et seule la vision des cadavres stockés dans des sacs en plastique suspendus dans une chambre froide témoignent des meurtres commis. Comme soudainement pressé d'en finir, le réalisateur s'emballe en deuxième partie de film et tue les uns après les autres la totalité de ces comédiens au détriment de toute logique. Et ce manque de logique, cette accumulation d'incohérences dont
fait preuve Bava avoisine bien souvent une totale indifférence, le je m'en foutisme flagrant à l'instar des personnages eux-mêmes qui semblent tous étrangement impassibles face à tous ces meurtres. Le réalisateur fait même très vite assassiner son principal protagoniste, le professeur, tant et si bien qu'il ne reste plus aucun personnage qui se détache vraiment de l'histoire, tous simples silhouettes mal dessinées destinées à meubler un scénario qui tourne en rond dépourvu désormais de fil conducteur. Cela ressemble à un jeu, une simple distraction de la part de ces riches industriels caricaturaux tous présentés comme d'ignobles ordures.
Thriller insulaire qui annonce d'une certaine manière La baie sanglante sorti l'année suivante, 5 filles dans une nuit chaude d'été n'est certes pas un film détestable, c'est tout simplement un giallo apathique et peu crédible qui souffre du profond manque d'intérêt de la part de son metteur en scène. Restent au crédit de cette Île de l'épouvante ses magnifiques décors luxueux, sa photographie, ses effets propres au réalisateur, une agréable partition rock signée Piero Umiliani et son affiche féminine puisqu'on y retrouve cinq divines créatures toutes plus envoûtantes et outrageusement sexy les unes que les autres, Edwige Fenech période pré-Toubib, Ira Von Fürstenberg, Helena Ronee, Edith Meloni et une toute jeune Ely Galleani, future nymphette du cinéma érotique italien. A leurs cotés, on appréciera la présence de trois vétérans du cinéma de genre, trois incontournables "gueules", William Berger, Maurice Poli et Howard Ross qui pavane en slip glamour, les muscles bandés.