Tempi di guerra
Autres titres: Wartime
Real: Umberto Lenzi
Année: 1987
Origine: Italie / Yougoslavie
Genre: Guerre
Durée: 92mn
Acteurs: Werner Pochath, Peter Hooten, Giacomo Rossi-Stuart, Boris Dvornik, Maurizio Schmidt, Ljiljana Blagovejic, Igor Galo, Rade Colovic, Mladen Melenic, Nikola Jurin, Demeter Bitenc...
Résumé: Le professeur Amundsen, prix nobel, vient de mettre au point pour les SS une arme redoutable. Les américains doivent s'emparer du scientifique afin d'éviter que les nazis bénéficient de cette arme révolutionnaire. Un détachement avec sa tête le capitaine Rosen et le sergent Grant s'allient avec les partisans yougoslaves afin de récupérer Amundsen. Ils vont s'arranger pour que ce soient les SS eux mêmes qui leur livrent le professeur...
Alors qu'en cette fin d'années 80 le cinéma de genre transalpin est moribond, que les metteurs en scène ont de plus en plus mal à tourner, certains tentent pourtant de subsister et continuent tant bien que mal à pondre quelques oeuvrettes pour le meilleur et souvent le pire en collaboration avec des pays étrangers. C'est le cas de Umberto Lenzi qui après Un ponte per l'inferno installe sa caméra en pleine Yougoslavie et s'octroie les services de quelques acteurs locaux dont Boris Dvornik, alors star en son pays. Et quoi de mieux pour résister que de donner dans le film de résistance! Tempi di guerra connu chez nous sous le titre Wartime est en effet un petit film de guerre comme l'Italie aimait en tourner dans les années 70, un genre remis plus ou moins à la mode dans les années 80 suite au succès de films tels que Platoon ou Rambo.
Si l'ouverture du film laisse présager du pire, une série Z inepte à l'image entre autre de Blood commando, ne serait-ce que pour le manque de moyens évident mis à disposition, la pauvreté de ses décors intérieurs et la dizaine de malheureux figurants censés représenter toute une armée, Wartime prend réellement son envol au bout de 20 minutes. Wartime se transforme assez rapidement en une véritable petite série B de guerre, rondement menée par un Lenzi en forme et visiblement heureux de tourner. Sans aucun temps mort, étonnamment rythmé, Wartime ne laisse guère au spectateur le temps de s'ennuyer. Batailles, explosions, attaques... se succèdent à un rythme effréné et constituent le principal l'intérêt du film puisque Lenzi n'innove guère au niveau du scénario.
Quelque part dans le maquis yougoslave, deux officiers aidés par les partisans sont chargés de récupérer un professeur nobelisé qui doit remettre aux SS une redoutable arme. Sur ce scénario assez simpliste, Lenzi brode toute une série d'aventures où prime l'action au détriment de toute logique. On reste et restera dans un cadre ludique qui n'est pas sans rappeler l'univers de ces magazines américains où les auteurs racontaient de jolies fictions qu'ils faisaient passer pour des faits réels. Il est bien entendu difficile de croire à cette histoire, à ces personnages caricaturaux à souhait mais tous plus délectables les uns que les autres. Ainsi le professeur, naïf ou totalement stupide à l'image de son discours, semble croire que les nazis pour lesquels il travaille sont gentils. SS et résistants ne cessent de jouer au chat et à la souris en déployant des stratégies des plus farfelus à croire que tous sont plus simplets les uns que les autres. On entre comme on sort du camp allemand implanté en pleine campagne bucolique alors que les
SS et leur chef, le redoutable Dietrich, en font des tonnes en brassant de l'air, remuent ciel et terre en paroles mais sont d'une hallucinante incapacité même lorsqu'ils déploient les moyens les plus fous: tanks, chars, aviation, artillerie, bombardements. Et c'est cette démesure qui fait toute la force de Wartime. Lenzi s'amuse, bien décidé à donner dans le spectaculaire. Les batailles sont joliment réglées, les attaques crédibles agrémentées de belles explosions, on court, on crie, on meurt, tout est là pour que le spectateur ne s'ennuie à aucun moment. Lenzi nous surprendra même avec l'assaut du train et sa destruction, une séquence fort réussie digne des meilleurs séries B d'antan. Si Lenzi a pu bénéficier sur place des moyens gentiment mis à sa disposition par l'armée yougoslave, il a également recours à quelques stock-shots notamment de tirs d'obus, d'avions au combat et de scènes de batailles qui malgré le changement de grain s'intègrent étonnamment bien à l'ensemble tout en renforçant son impact. S'il n'est pas Antonio Margheriti, il faut reconnaitre que Lenzi s'en tire haut la main.
Outre les superbes décors naturels yougoslaves, certes peu crédibles mais particulièrement esthétiques, que Lenzi utilise au mieux on appréciera l'interprétation du regretté Werner Pochath dans le rôle du redouté Dietrich. Habitué aux rôles de méchants, Werner s'en donne une fois de plus à coeur joie dans le sadisme, particulièrement convaincant dans la peau de cet officier qui n'a rien à envier aux SS des nazisploitations d'autrefois. Lenzi donne dans le mauvais goût, se souvient de ce que fut jadis le cinéma d'exploitation à travers quelques répliques et scènes qui feront la joie l'amateur de cet euro-trash depuis bien longtemps agonisant. On s'amusera également des dialogues improbables, à l'instar du film, souvent involontairement drôles et surtout stupides mais qui font partie intégrante de ce type de cinéma.
Aux cotés de Werner Pochath, on retrouvera l'américain Peter Hooten, un habitué de ce type de productions, et le vétéran Giacomo Rossi-Stuart qui incarne ce professeur humaniste et crédule aux cheveux blancs.
En ces temps de disette pelliculaire, Wartime est une agréable série B de guerre, un film ludique et bon enfant qui donne dans un sadisme léger, un bel hommage à un cinéma autrefois populaire qui ne se donnait guère de limite. Il ne pourra que faire le bonheur de l'amateur que nous convions à le découvrir sans tarder.