Il paese del sesso selvaggio
Autres titres: Cannibalis / Au pays de l'exorcisme / Deep river savages / Man from deep river / Sacrifice!
Réal: Umberto Lenzi
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Horreur, aventures
Durée: 90 mn
Acteurs: Ivan Rassimov, Me Me Lai, Pratitsak Singhara, Sullalewan Suxantat, Ong Ard, Prapas Chindang, Chit, Choi, Pinop Pupinyop, Tuan Tevan, Song Suanhud, Pairach Thaipradit...
Résumé: Un photographe, John Bradley, en reportage en Amazonie, se voit contraint de fuir suite à un accident dont on le croit responsable. Il se réfugie dans la forêt tropicale mais il est capturé par une tribu d'indigènes. Après moult épreuves très rudes, il va devenir un des leurs et épousera Maraya la fille du chef. Mais un dilemne va se poser à lui: revenir à la civilisation ou rester définitivement dans cette tribu sauvage dont il se sent non seulement désormais proche mais dans laquelle il a trouvé un sens à sa vie...
Prolifique réalisateur, Umberto Lenzi a tout au long de sa carrière touché un peu à tous les genres, du polar au giallo en passant par le film d'aventures, de guerre ou encore d'horreur. Réalisé en 1972, Il paese del sesso selvaggio stupidement rebaptisé sous nos cieux Au pays de l'exorcisme pour suivre la vague de mode engendrée par The exorcist de William Friedkin, également connu sous le titre Cannibalis pour son exploitation vidéo, ne fait pas réellement partie contrairement à ce que ce titre trompeur évoque de la liste des futurs films italiens dit de cannibales.
C'est surtout et avant tout un film d'aventures exotiques, un de ces fameux films de jungle qui firent jadis les beaux jours d'un certain cinéma populaire. Lenzi allait d'ailleurs ouvrir ici la brèche à toute cette nouvelle vague de films anthropophages qui n'allait pas tarder à déferler sur l'Italie. Au pays de l'exorcisme pourrait d'une certaine façon être considéré comme le précurseur d'oeuvres telles que Le dernier monde cannibale (1976) et Cannibal holocaust (1979), toutes deux de Ruggero Deodato, même s'il est très loin d'en avoir l'impact nauséeux.
Il paese del sesso selvaggio est une sympathique série d'aventures calquée sur la trame de Un homme nommé cheval dont seuls la nationalité du héros et le lieu de l'action auraient été changés.
Très agréable à suivre, le film nous entraîne dans les très beaux décors naturels des forêts tropicales du Sri-Lanka où un photographe, John Bradley, est parti en expédition avant de se faire capturer par une tribu indigène dont il devra apprendre les us et coutumes au travers de terribles épreuves, découvrir les rituels parfois brutaux dont le viol d'une femme infidèle, une séquence que Lenzi reprendra pour La secte des cannibales. Si on excepte la dureté de certaines de ces épreuves, Il paese del sesso selvaggio demeure assez sage visuellement parlant, son titre vidéo ne trouvant sa raison d'être que dans une seule et assez brève séquence qui fut d'ailleurs une des premières du genre dans l'histoire du cinéma.
On assistera par contre aux inévitables tortures d'animaux dont Lenzi a toujours été friand et qui pourront en révolter certains, ce type de scènes ayant toujours été sujet à polémique.
Le reste du film s'attarde essentiellement sur l'idylle entre John Bradley et Maraya, la jeune fille du chef de tribu. Ceci nous vaut quelques séquences aujourd'hui quelque peu mielleuses dont celle où Maraya court au ralenti à travers un champ de fleurs à la rencontre de son bel aventurier et celle plutôt larmoyante de sa mort alors qu'elle accouche de leur enfant.
Lenzi essaie de donner à son film comme bien souvent une certaine forme moraliste en mettant en parallèle la barbarie et la violence de notre monde dit civilisé et celle d'une vie primitive. On ne s'étonnera donc pas du dilemme auquel John va devoir faire face en fin de film. Quelle est le meilleur pour l'homme, la jungle urbaine de notre société et la violence quotidienne qu'elle engendre ou un retour aux sources de la nature dans un environnement peut être hostile et primaire mais totalement vrai?
Hormis le plaisir certain que Au pays de l'exorcisme procure à sa vision, son autre intérêt provient également de sa solide interprétation menée par Ivan Rassimov en courageux aventurier et la magnifique jeune birmane Me Me Lai dont ce fut le premier vrai grand rôle au cinéma après quelques apparitions dans de petits films d'horreur. Transfuge de la télévision anglaise où elle était alors présentatrice/hôtesse, la belle actrice apporte toute sa beauté et sa candeur au personnage de Maraya, un rôle qui allait la voir promue "icône de fille de la jungle" puisque Me Me Lai endossera deux autres fois la peau de ce personnage toujours aux cotés de Rassimov pour respectivement Le dernier monde cannibale et La secte des cannibales / Mangiati vivi dai cannibali signé de nouveau Umberto Lenzi.
Sans être une pièce majeure dans la filmographie du réalisateur, ce petit film non dépourvu de charme se laisse voir sans déplaisir et nous offre un petit voyage dépaysant au coeur des tropiques dont le seul but est de distraire. Ni racoleur ni tapageur, Il paese del sesso selvaggio restera surtout comme l'un des pionniers d'un genre qui allait faire par la suite couler beaucoup d'encre. Si les amateurs de gore et autres abominations graphiques seront cette fois déçus (quelques langues tranchées sont seulement au menu), les autres y trouveront sans aucun doute un intérêt certain.