L'abime des morts vivants
Autres titres: La tumba de los muertos vivientes / Oasis of the living dead / L'oasis des morts-vivants / El desierto de los zombies / Oasis of fear
Real: Jesus Franco
Année: 1982
Origine: France, Espagne
Genre: Horreur
Durée: 86 mn
Acteurs: Manuel Gélin, Eduardo Fajardo, Antonio Fayans, Javier Maya, Miguel Angel Aristu, Doris Regina, Albino Graziani...
Résumé: Durant la seconde guerre mondiale, un convoi allemand dissimulant six milliards en or est attaqué et anéanti dans le désert marocain. Quelque quarante années plus tard, pas mal de gens cherchent à les récupérer. C'est sans compter sur les soldats devenus d'abominables zombis putrides qui veillent farouchement sur le trésor ...
Amis poètes, avec quoi feriez vous rimer le plus souvent Eurociné? Avec nullité bien sûr! Ici en fait d'abîme, il faudrait plutôt parler d'abysse, un gigantesque n'importe quoi collé sur pellicule qui fit les beaux jours du Brady à l'époque. La firme Eurociné, spécialisée dans le film érotico-ringard, se plongea dans l'univers des morts-vivants, thème alors fort en vogue au cinéma, et produit ce film en 1981, avec aux commandes l'infatigable Jess Franco caché sous le pseudo très recherché de A.M Frank.
Montage de vieux stock-shots de films de guerre d'une apparente pauvreté parmi lesquels on pourra reconnaitre entre autre Les Jardins du diable, le début du film annonce le ton: celui d'une hilarante série Z.
Tourné avec trois bouts de chandelles, le film nous ballade alors aux quatre coins du monde. Un gros plan sur un bus rouge et nous voilà à Londres, un plan fixe sur une carte postale jaunie et nous voilà à Tripoli, trois palmiers au fond d'une cour et nous sommes au Maroc.
C'est d'ailleurs là que Franco va planter sa caméra pour toute la partie se déroulant dans le désert, apportant, avouons le, un air exotique plutôt agréable à l'ensemble. Ces immenses étendues de sables et cette oasis inquiétante auraient pu donner quelque chose d'intéressant mais n'est pas Fulci qui veut et tout le potentiel de ce magnifique décor naturel tombe à l'eau.
Franco tente de créer une certaine atmosphère mais l'indigence de la réalisation et les effets à répétition font s'écrouler le tout. Et ce n'est ni l'interprétation et le niveau des dialogues qui viennent arranger les choses.
Arrivent enfin nos zombis tant attendus ou plutôt trois figurants au brushing impeccable. Enlevons leur les traditionnels vers de terre façon Fulci qui ornent leur visage et ils pourraient presque tourner pour une publicité L'Oreal sauf qu'eux ne le méritent pas. Le seul zombi plutôt réussi s'avère très vite être une tête animée au bout d'un manche à balai.
La dernière partie du film, la fameuse attaque des dits morts vivants, est d'une totale ineptie. Trainant en longueur, incroyablement mal filmée, c'est à peine si d'ailleurs on voit ce qui se passe à l'écran. Jess Franco, peut être pour mieux dissimuler la pauvreté des moyens, a cru bon de filmer ces scènes dans la nuit, derrière un écran de fumée noire de surcroit. Inutile de dire que les amateurs d'effets sanglants risquent d'être âprement déçus puisque le film n'en comporte quasiment aucun.
Les mêmes scènes de résurrection reviennent en boucle avant que pour notre plus grand soulagement, l'aube ne les fasse disparaitre suivant un procédé que Mélies n'aurait pas renier!
Le film s'achève alors brusquement, laissant moultes questions non résolues, comme si le scénariste avait été soudainement en manque d'imagination.
Hormis quelques scènes qui le temps de quelques secondes parviennent à fonctionner et créent un semblant d'atmosphère, rien ne parvient à sauver ce film surgi d'une époque surannée, encore moins l'humour ou l'ironie totalement absents qui avaient fait de Virus cannibale par exemple, un chef d'oeuvre du cinéma Bis italien et de la série Z. S'il existait un Top 10 du néant absolu, le film de Franco ferait sans nul doute partie du tiercé de tête. Mais c'était ça les années 80 et c'est aussi pour ça qu'on les aime. Au détour d'une ou deux images plutôt captivantes, la beauté du désert que Franco parvient à mettre en valeur par instant, on peut avec beaucoup d'indulgence apprécier cette Abîme!
A noter qu'il existe outre la version tournée pour Eurociné, une version espagnole plus longue et plus gore, dotée d'un casting différent qui comporte notamment Lina Romay.