E tanta paura
Autres titres: Plot of fear / Too much fear / Bloody peanuts / Velky strach
Real: Paolo Cavara
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 91mn
Acteurs: Michele Placido, John Steiner, Eli Wallach, Tom Skerritt, Corinne Cléry, Quinto Parmeggiani, Enrico Oldoini, Jacques Herlin, Sarah Crespi, Edoardo Faieta, Cecilia Polizzi, Greta Vayan, Maria Tedeschi, Tino Polenghi, Giorgio Gargiullo, Eleonora Vivaldi, Guidarino Guidi, Enzo Robutti, Mary Ruth League, Susanna Radaelli, Daniela Grassini, Bianca Toso, Claudio Zucchet, Mirella Giraldi, Maria Rosa La Fauci, Mario Mercalli, Giuseppe Rodolfo Dal Pra...
Résumé: Un notable est assassiné par la prostituée de luxe. Cette même prostituée est ensuite assassinée dans un bus. Une seconde putain est brulée vive. Le jeune et impétueux inspecteur Lomenzo est sur l'affaire. Le tueur signe ses meurtres en déposant près de chaque corps une illustration issue d'un livre de contes pour enfants Der Struwwel Peter / Piero Porcospino, écrit par un auteur allemand nommé Hoffmann. Ses investigations le mènent à suspecter une organisation pour la défense des animaux la Fauna lovers. Toutes les victimes semblent avoir été ou sont en rapport avec ses membres. L'association dont le siège est une étrange villa bizarrement nommée Villa Hoffmann cache en fait les turpitudes d'un groupe de bourgeois dépravés dont le plaisir est d'organiser des jeux pervers. Lomenzo s'éprend de Jeanne, une belle modèle française qui a fait partie de cette organisation. Grâce à elle il va progressivement découvrir ce que Fauna lovers dissimule depuis quatre ans. Une jeune femme, Rosa, a trouvé la mort durant une de ces parties de débauche, involontairement tuée lors d'un jeu où on la forçait à rentrer dans la cage d'un tigre. Lomenzo suspecte un acte de vengeance. Il finit par arrêter un coupable mais les meurtres des personnes qui le jour de la mort de Rosa étaient présentes se poursuivent cependant. Et si la vérité était ailleurs?
Dans sa courte mais intéressante carrière Paolo Cavara, ex-assistant de Gualtieri Jacopetti, se sera laissé tenter deux fois par le giallo, une première en 1971 avec La tarentule au ventre noir, un thriller classique, routinier non exempt de défauts et ce E tanta paura, réalisé cinq ans plus tard, bien plus complexe, bien plus dense et surtout bien plus déconcertant. Ce second essai risque en effet d'en décontenancer plus d'un, surtout ceux qui pensaient voir un simple giallo dans la grande tradition du genre.
Un notable est assassiné par la prostituée de luxe qui lui sert de dominatrice dans ses jeux
sadomasochistes. Cette même prostituée est ensuite assassinée dans un bus. Peu de temps après une seconde putain est brulée vive. Tous ces meurtres intriguent la police. Le jeune et impétueux inspecteur Lomenzo est sur l'affaire. Il ne tarde pas à remarquer que le tueur signe ses meurtres en déposant près de chaque corps une illustration issue d'un livre de contes pour enfants plutôt cruels, Der Struwwel Peter / Piero Porcospino, écrit par un auteur allemand nommé Hoffmann. Ses investigations le mènent à suspecter une organisation pour la défense des animaux nommée Fauna lovers puisque toutes les victimes semblent avoir été ou sont en rapport avec ses membres. L'association dont le
siège est une étrange villa nommée Villa Hoffmann cache en fait les turpitudes d'un groupe de bourgeois dépravés dont le plaisir est d'organiser des jeux pervers et sadiques, humiliants, tout en méprisant les basses classes sociales. Lomenzo s'éprend de Jeanne, une belle modèle française qui a fait partie de cette organisation. Grâce à elle il va progressivement découvrir ce que Fauna lovers dissimule depuis quatre ans. Une jeune femme, Rosa, a trouvé la mort durant une de ces parties de débauche mondaine, involontairement tuée lors d'un jeu cruel où on la forçait à rentrer dans la cage d'un tigre. Toutes ces morts auraient une relation avec celle de Rosa. Lomenzo suspecte un acte de
vengeance. Il finit par arrêter un coupable mais les meurtres des personnes qui le jour de la mort de Rosa étaient présentes se poursuivent cependant. Il découvre alors que les barreaux des cages d'animaux de la villa servaient à cacher des diamants. Tout pourrait être clair mais portant certaines choses ne collent pas. Et si la vérité était ailleurs, si elle était toute autre? C'est le livre de contes et un certain Pietro Riccio, un des suspects de l'inspecteur, qui révèleront finalement à Lomenzo le fin mot de l'histoire.
Ecrit par Bernardino Zapponi, responsable des Frissons de l'angoisse de Dario Argento, et
Enrico Oldoini (également acteur ici, il est l'assistant de Lomenzo) aidés en troisième main par Paolo Cavara lui même E tanta paura s'éloigne complètement du giallo traditionnel argentesque, du giallo à la Bava également. Et c'est peu de le dire tant le film s'amuse à mélanger les codes et les genres. Cavara signe en fait un thriller à mi-chemin entre la comédie, la tragédie, la satire politique, le polizesco et le giallo dont il ne garde finalement que les meurtres souvent sadiques (et originaux) et quelques éléments dont ces fameuses illustrations issues d'un conte pour enfants qui servent de signature au tueur. Difficile donc de classer E tanta paura dans une case bien spécifique. Cavara livre ainsi une oeuvre
corrosive, acide, proche des films d'Elio Petri dans laquelle il ne peut s'empêcher (cinéma italien oblige) d'égratigner la bourgeoisie en mettant une fois de plus en exergue ses vices, sa perversion soigneusement dissimulés ici derrière les façades d'une association animalière apparemment bien sous tout rapport. En grattant le vernis on s'aperçoit en effet que ses membres ne sont que des dépravés cruels qui lors de réunions s'inventent des jeux étranges durant lesquels sexe et alcool font très bon ménage. Peut-on oublier l'excellnte scène où une jeune fille est contrainte à se glisser sous une table afin de sucer tous les invités qui pendant ce temps se repaissent (ou La grande bouffe vue par Cavara), ces
mêmes invités qui, hilares, visionnent un dessin animé pornographique particulièrement osé à la limite de la scatologie signé du célèbre auteur de bandes dessinées pour adultes, Gibba. Le réalisateur pousse le bouchon encore plus loin lorsque le propriétaire de la villa, le fameux Hoffmann, par pur sadisme oblige une jeune fille à entrer dans la cage d'un tigre afin de distraire ses invités. Effroyable moyen de tuer le temps chez cette bourgeoisie qui décidément n'en finit plus de se noyer dans l'ennui tout en dénigrant du mieux possible les basses couches sociales. Terrifiée la jeune femme décède d'une crise cardiaque. Et cette mort pourrait bien être à l'origine de la série de meurtres sur laquelle la police enquête.
Mais tout aurait été trop facile, trop simple. Cavara accouche d'un film à tiroirs où s'enchainent les coups de théâtre, les rebondissements pour partir vers d'autres directions tout en multipliant références, clins d'oeil et pieds-de-nez jusqu'au double final qui prêche par l'absurde mais fera enfin toute la lumière sur cette intrigue tordue dont le fond est avant tout politique. Tout devient clair, les pièces du puzzle s'emboitent parfaitement. Il faut simplement avoir l'esprit ouvert, aimer l'absurde, une certaine extravagance du propos en parfaite adéquation cependant avec ce scénario aussi clair que totalement barré. Barré! Voilà peut être bien ce qui déroutera une partie du public, par conséquent le gros défaut qu'on pourra lui
reprocher. Cet audacieux mélange de genres pourra en rebuter certains qui ne parviendront pas vraiment à accrocher comme ils regretteront ce ton humoristique constant. L'humour n'est pas chose aisée et peut vite s'avérer fastidieux, ennuyant, irritant. Cette fable risque donc de perdre pas mal de spectateurs en route, excédés par cette légèreté de ton et le jeu de certains acteurs, Michele Placido en tête. Autant certains l'applaudiront, autant d'autres le trouveront insupportable. Monté sur ressort, impulsif, immature, il débite des dialogues vitesse grand V, explose, tourbillonne. Il est comme un jeune chien fou dépassé par les évènements mais qui trouve le temps de roucouler dans les bras de Jeanne, la jeune et
belle mannequin qui l'aidera dans ses investigations. Difficile aussi parfois de suivre Cavara tant il multiplie les fausses pistes. Si à la base elles ne sont pas là pour égarer le spectateur elles peuvent toutefois le perdre bien involontairement par un simple manque de concentration du au ton très spécial de l'ensemble. Si l'originalité a souvent du bon elle peut aussi vite se transformer en mauvais. Il sera donc facile de détester E tanta paura et lui préférer son prédécesseur La tarentule au ventre noir, un giallo bien plus traditionnel et basique.
Même si on n'aime pas ce second essai du cinéaste on lui trouvera cependant d'excellents moments et de jolies qualités. La peinture de Milan souvent sombre, triste, la villa Hoffmann
constamment plongée dans le brouillard ce qui lui donne une aura quasi surréaliste, inquiétante, l'idée des horribles illustrations et des contes pour enfants comme fil rouge, les excès de cette bourgeoisie débauchée qui rappelle les meilleurs moment de l'euro-trash... sont autant d'atouts qui rendent le film captivant tout comme les meurtres, agréablement gore, en haut de liste la prostituée attachée à un arbre et brulée vive, la putain molestée à coups de clé anglaise et l'homme obèse tué dans un abattoir au milieu des cochons, la gorge transpercée par un crochet de boucherie. On retiendra aussi la salle du détective boiteux qui derrière ses écrans vidéos et ses moniteurs semble contrôler tout Milan. Sans
oublier certains personnages dont celui du toujours excellent John Steiner, un bourgeois vaniteux, détestable, si imbu de sa condition qu'il en devient presque génial. Cavara lui réserve d'ailleurs une mort à la hauteur de son rôle lors d'une séquence cynique empreinte d'un certain onirisme macabre. A retenir également l'interprétation de Eli Wallach, cynique à souhait, et celle de Jacques Herlin et son inquiétant faciès. Coté charme Corinne Cléry fraichement sortie de Histoire d'O interprète Jeanne et nous offre quelques baisers saphiques et Sarah Crespi est Rosa sans oublier Greta Vayan. Le petit plus provient de la présence furtive de Susanna Radaelli qui fut une des quatre filles des dignitaires de Salo,
celle à jamais stigmatisée par la scène où elle mange une boulette de polenta truffée de clous. Elle est ici une des trois mannequins qui posent lors d'une séance photo.
Thriller multi hybride E tanta paura aussi déconcertant, singulier soit-il mérite l'attention de l'amateur. On aimera ou on n'aimera pas, on accrochera ou on s'ennuiera assez rapidement. Chacun se fera sa propre opinion. Une chose reste certaine. Ce second et dernier giallo de Cavara diffère de la production habituelle. C'est ce qui fait sa particularité.