Buitres sobre la ciudad
Autres titres: Avvoltoi sulla citta / Vultures over the city
Real: Gianni Siragusa
Année: 1981
Origine: Italie / Espagne
Genre: Polar
Durée: 87mn
Acteurs: Maurizio Merli, Hugo Stiglitz, Lilli Carati, Mel Ferrer, Francisco Rabal, Manuel Zarzo, Eduardo Fajardo, Nadiuska, Frank Brana, Fernando Sanchez Polack, Alejandro De Enciso, José Riesgo, Anastasio Campa, Carmen Martinez Sierra, Manuel Zarzo...
Résumé: Un industriel du pétrole est assassiné lors de l'ouverture d'une raffinerie. Un second est retrouvé noyé. La femme de ce dernier demande à Mark Spencieri, un journaliste investigateur, d'enquêter. Rapidement il découvre que derrière ces meurtres se cache une guerre des clans dans le milieu mafieux de l'industrie pétrolière. Son enquête va mettre sa vie ainsi que celle de sa fiancée en danger...
De Gianni Siragusa on connait surtout en France ses deux WIP tournés simultanément, deux des plus pauvres du genre, Sévices à la prison de femmes et Perverse oltre le sbarre, le chant du cygne de Ajita Wilson avant qu'elle ne tombe définitivement dans la pornographie bas de gamme. Gianni Siragusa débuta sa carrière de réalisateur en 1977 avec un polar sans grande surprise mais plutôt sympathique, Quelli dell'antirapina, un essai qu'il ne retransformera pas par la suite au vu d'une très courte filmographie aussi morne que
désespérément fauchée. Coproduit avec l'Espagne, écrite entre autre par Maria José Forque, Buitres sobre la ciudad est son second polar, un polizesco mafieux qui marqua surtout la fin de la carrière de Maurizio Merli, son ultime polar avant quelques petites apparitions dans des téléfilms puis sa disparition prématurée en 1989.
Niarchos, un industriel mafieux spécialisé dans la vente de pétrole internationale, est tué d'une belle en pleine tête lors de l'ouverture d'une raffinerie. Marciano, un autre puissant mafieux lui aussi dans l'industrie du pétrole, est retrouvé mort noyé. Denise son épouse prétend pourtant qu'il n'est pas mort et ne reconnait pas le corps à la morgue. Il serait en
voyage d'affaires en France. Pour le retrouver elle embauche Mark Spenceri un journaliste investigateur peu estimé du commissaire de police chargé de l'enquête. Spenceri accepte persuadé que Marciano est bel et bien mort. Il est certain que sa femme a menti par peur et souhaite en découvrir la raison. Il est aidé dans son enquête par son photographe attitré, Theo, et soutenu par sa fiancée Isela, une jeune et jolie docteur en pharmacie qui travaille sur un puissant virus. Alors que Haddon, le partenaire de Marciano, est à son tour tué Spencieri découvre grâce aux aveux de Denise que ces assassinats sont l'oeuvre de Jacques Trillat, un armateur lié à la mafia marseillaise, qui souhaite avoir main mise sur
toutes les industries pétrolières d'Europe de l'est. Après avoir déjà été la cible d'un attentat il est passé à tabac par les sbires de Trillat tandis que sa fiancée est violée à son domicile par trois hommes. Les cartes sont redistribuées lorsque Trillat est lui aussi assassiné. Derrière tout cela se cache une guerre des clans menée par un certain Spagliari. Spencieri n'a plus qu'une idée en tête: retrouver les hommes responsables de ce viol et les tuer. Pour se faire il se fait aider par une balance, Cullen. Il met à l'abri Isela mais Spagliari réussit à la kidnapper. Spencieri retrouve sa trace, tue Spagliari et les violeurs mais Isela est abattue lors de l'affrontement.
Pour son ultime rôle au cinéma Maurizio Merli, la moustache toujours aussi alerte, a troqué ses habits de commissaire justicier peu orthodoxe, un rôle qui lui valut sa renommée, contre ceux d'un journaliste italo-américain qui par la force des choses va se transformer en justicier vengeur suite au double viol de sa fiancée. Seule la profession change donc mais la trame reste plus ou moins la même. Buitres sobre la ciudad n'est ni plus ni moins qu'un petit polizesco mafieux à l'espagnol, un genre alors à bout de souffle, à l'agonie depuis déjà quelques années. Et ce n'est pas le film de Gianni Siragusa qui risque de lui redonner une seconde vie. Cette plongée au coeur de la mafia de l'industrie pétrolière manque en effet
sérieusement de punch et se contente de reprendre toutes les ficelles du genre sans aucune originalité, ni trouvaille mais surtout sans aucune énergie. Tout est cousu de fil blanc et surtout lent et bavard. L'histoire aussi banale soit-elle n'était pas forcément mauvaise mais le problème c'est qu'il ne se passe rien, du moins pas grand chose durant toute la première partie. Merli n'a jamais été aussi statique, aussi peu expressif. S'il ne l'a jamais beaucoup été par le passé il bat ici son record peu aidé faut-il dire par son partenaire, l'espagnol et acteur fétiche de René Cardona Hugo Stiglitz, plus monolithique que jamais. A se demander si ce n'est pas sa statue qu'on a ici embauché! Tout semble tourner au ralenti donnant à cette
première moitié un air de téléfilm policier léthargique.
Par chance la seconde partie est un peu plus plus mouvementée, plus sombre aussi, donc bien plus intéressante. Et ce sont surtout deux scènes qu'on retiendra, deux séquences qui nous ramènent au bon vieux temps de l'exploitation, du polizesco brutal à l'italienne, celle tout d'abord du passage à tabac de Merli, longue, très longue, où les sbires de Trillat s'acharnent sur lui, et celle du double viol de sa fiancée, filmée en parallèle, un magnifique viol, brutal, avec gifles et arrachage de culotte, le sexe arrosé de vodka une fois le châtiment terminé. De quoi mettre en transe tous les inconditionnels de ce type d'outrages sexuels. L'ultime bobine
même si elle débouche sur un final sans grande surprise est assez bien menée. Merli redevient l'espace de vingt minutes ce justicier impitoyable qui traversa les années 70 dont la vengeance se terminera sur un terrain vague puis une vieille usine où sa fiancée sera finalement froidement abattue.
Outre Maurizio Merli et Hugo Stiglitz qui, spectral, ne sert pratiquement à rien dans le film on aura le plaisir de retrouver quelques uns des vétérans du cinéma espagnol tous plus ou moins en guest stars, de Eduardo Fajardo à Francisco Rabal en passant par Frank Brana et Fernando Sanchez Polack qui décédera l'année suivante. Mel Ferrer, en commissaire, ne
fait qu'apparaitre au détour de trois ou quatre scènes. L'atout féminin est Lilli Carati alors en pleine tentative de reconversion mais dont ce sera pourtant le dernier film avant son passage à l'érotisme pur et dur (L'alcova, Lussuria tout deux de Joe D'Amato) puis sa lente déchéance qui la conduira vers la pornographie et sa tentative de suicide. Son rôle n'est pas très étayé, Lilli remplit juste son rôle de faire-valoir. Elle se déshabille de temps à autre mais c'est de son viol qu'on se souviendra avant tout. Quant à l'espagnole Nadiuska, très sage en veuve terrorisée, elle ne fait que passer le temps de quelques scènes que son regard toujours aussi revolver illumine.
Certes Maurizio Merli en perte de vitesse depuis déjà quelques années ne fait pas une sortie éblouissante avec ce petit polar hispanique. On a connu chant du cygne plus glorieux... comme on a connu bien pire également. De Siragusa il ne fallait pas s'attendre non plus à un miracle. Souligné par une partition musicale discrète signée Stelvio Cipriani Buitres sobre la ciudad est une petite pellicule mafieuse assez anodine, pas toujours très crédible, qui souffre surtout d'une première partie bien trop mollassonne mais l'ensemble se laisse finalement regarder gentiment comme un simple divertissement. Il reste en tout cas supérieur à d'autres polizeschi italiens sortis à la même époque.