Italia a mano armata
Autres titres: Opération Jaguar / Italie à main armée / Brigade spéciale en action / Flics en jean
Real: Marino Girolami
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 97mn
Acteurs: Maurizio Merli, Raymond Pellegrin, John Saxon, Mirella D'Angelo, Toni Ucci, Daniele Dublino, Massimo Vanni, Nello Pazzafini, Sergio Fiorentini, Carlo Valli, Rocco Oppedisano, Franco Borelli, Fortunato Arena, Marcello Monti, Dino Mattieli, Enzo Andronico, Attilio Dottesio, Adolfo Lastretti, Cesare Di Vito...
Résumé: A Turin un hold_up est commis en même temps qu'un bus de ramassage scolaire est détourné et pris en otage par trois bandits. le commissaire Betti, toujours aussi expéditif, va mener de front les deux affaires. Alors que d'autres exactions sont commises il découvre qu'un homme d'affaires en apparence tranquille, Albertini, est en fait derrière tous ses odieux crimes...
Dernier volet de la trilogie consacrée au commissaire Betti, Italia a mano armata suit donc Roma violenta / Rome violente et Napoli violenta / SOS Jaguar: opération casseur et retrouve Marino Girolami à la mise en scène, initiateur de la série, après un passage en main particulièrement efficace à Umberto Lenzi pour le second épisode. Après avoir mis de l'ordre dans les rues de Rome puis été transféré à Naples c'est à Turin cette fois que l'impassible commissaire reprend du service en faisant face à un dangereux groupe de gangsters qui non seulement commet des hold-up mais kidnappe aussi un car de jeunes écoliers.
Alors qu'il patrouille en ville le commissaire Betti et son adjoint sont alertés par radio qu'un bus de ramassage scolaire a disparu. Les enfants auraient été kidnappés. Parallèlement à cet enlèvement un hold-up est commis dans une banque. Les bandits parviennent à s'enfuir grâce à une complice postée dans les locaux. Betti les coince tout de même mais un d'entre eux s'échappe et prend en otage un homme qui cette fois encore est un complice. Betti ne se laisse pas gruger une seconde fois et maitrise les deux malfrats. L'affaire réglée il doit maintenant tenter de délivrer les enfants retenus prisonniers dans un silo en pleine campagne. Malade l'un deux est malheureusement déjà mort. Après bien des déboires Betti
arrive à les libérer mais piégé il est accusé d'homicide et se voit condamné à une peine d'emprisonnement. Il parvient à prouver son innocence et démasque l'homme qui se cache derrière tous ses crimes, un nommé Albertini, un redoutable truand caché sous l'apparence d'un honnête homme d'affaires.
Si Italia a mano armata plus connu chez nous sous le titre Opération jaguar n'est pas le plus mauvais film de la trilogie, il est par contre le plus faible au niveau de son scénario pourtant écrit à trois mains. Très vite on a en effet l'impression qu'il n'y a pas réellement d'histoire mais plutôt des bouts, des séquences qui s'enchainent sans véritable lien de
surcroit maladroitement reliées entre elles. On cherche en vain un fil conducteur, on trouve surtout une suite d'épisodes dont Betti est le héros. On commence par un hold-up pour partir sur le kidnapping d'un bus scolaire pour revenir sur une nouvelle prise d'otages qui se poursuit par diverses mésaventures qui vont arriver au commissaire, chaque segment comportant des éléments souvent incohérents voire stupides comme le viol incompréhensible dans un tel contexte de la jeune paysanne. Tout cela donne un sentiment de remplissage, de vide scénaristique qui pourrait déranger et nuire au film si Marino Girolami, professionnel, appliqué, ne se rattrapait sur l'action transformant l'ensemble en un
festival de scènes plus violentes les unes que les autres sans oublier cette pointe d'audace comme seule l'Italie savait alors en user. C'est ici la grande réussite de Italia a mano armata qui comme l'indique son titre ne s'attaque plus seulement à une ville précise (Rome ou Naples pour les précédents volets) mais à l'Italie de façon générale un peu comme si Girolami voulait signifier que le pays tout entier est gangréné par la violence et la délinquance. D'où certainement le choix de se faire dérouler l'action dans trois villes différentes, Turin, Milan et Gênes, trois des principales têtes du banditisme italien en ces années de plomb.
Si le spectateur pourra donc rester sur sa faim quant à l'intrigue il se régalera par contre au niveau de la violence grâce à quelques séquences d'anthologie notamment celle de l'exécution hallucinante du pauvre Massimo Vanni, policier infiltré, attaché à une voiture puis cruellement trainé, son corps et sa tête heurtant trous et roches durant sa folle course. Une torture des plus raffinées absolument jouissive. On mentionnera aussi le viol totalement gratuit de la jeune cycliste. On savourera enfin de la témérité dont fait preuve Girolami afin de bien marquer la noirceur de l'époque. C'est ainsi qu'on se délectera de la brutalité dont il use avec son groupe de jeunes écoliers kidnappé par trois bandits sans foi ni loi et de la mort
d'un des bambins, le réalisateur n'hésitant pas ici à sacrifier un des enfants et exhiber son cadavre pour mieux leurrer les policiers.
La mise en scène sans être exceptionnelle ou très originale n'en est pas moins menée avec professionnalisme et surtout énergie, évitant les temps morts. Girolami tient ainsi son spectateur en haleine, jouant sur une jolie palette d'émotions tout en s'octroyant quelques bons moments de bravoure parfaitement réussis comme ces deux courses-poursuites haletantes émaillées de ralentis et la poursuite effrénée sur les toits. Même si parfois Girolami donne l'air de ne remplir que son cahier des charges il le fait de manière
consciencieuse tant et si bien qu'on oublie et pardonne assez facilement que cette débauche d'action et de violence ne fait que masquer un scénario décousu bien improbable qui contre toute attente tuera son héros en toute fin de bande lors d'un final filmé comme s'il s'agissait d'un reportage journalistique. Une idée brillante inattendue qui alterne images jaunies et images en noir en blanc.
La distribution contribue au plaisir pris au visionnage du film. Maurizio Merli reprend donc pour la troisième fois consécutive le rôle de Betti, égal à lui même, impassible, direct, prônant des méthodes toujours aussi peu orthodoxes et expéditives. La moustache toujours
aussi alerte, le brushing impeccable il tente comme il l'avait fait pour SOS jaguar une once d'humanité et de sentimentalisme à travers l'amorce d'une d'historiette avec l'éplorée Mirella D'Angelo qui en quelques minutes semble avoir tout perdu. Si la tentative échoue plus ou moins car trop embryonnaire elle apporte cependant un peu de fraicheur au film.
A ses cotés on retrouve les indispensables Raymond Pellegrin, trop discret ici malheureusement, et John Saxon, encore plus discret d'autant plus qu'il n'arrive pas avant la seconde moitié du métrage entourés de toute une kyrielle de gueules du polar et du Bis transalpin dont Nello Pazzafini, Sergio Fiorentini, Massimo Vanni, Daniele Dublino pour n'en citer que quelques uns.
Rythmé par une excellente partition musicale signée Franco Micalizzi Italia a mano armata s'il n'est pas le meilleur polar de son auteur, on pourra lui préférer Roma l'altra faccia della violenza, demeure néanmoins un polizesco d'honnête facture, prenant, divertissant, qui vaut essentiellement pour sa violence et ses scènes d'action efficaces, sorte de condensé basique du genre saupoudré d'un zeste de maltraitance d'enfants toujours aussi délectable pour l'amateur. Il est avec le volet de Lenzi le plus coriace devant un Rome violente certes plus étudié mais moins énergique.
Un quatrième opus des aventures de Betti ressuscité verra le jour, Napoli spara / Assaut sur la ville, mais on ne peut guère l'inclure dans cette série puisque le commissaire est interprété non plus par Merli mais par le fade Leonard Mann même si on y retrouve certains personnages de la trilogie comme le petit Gennarino.
A noter qu'un des titres français du film est Flic en jean à ne pas confondre bien sûr avec le film de Bruno Corbucci Squadra antiscippo avec Tomas Milian alias Nico Giraldi.