Omicidio per vocazione
Autres titres: Homicides par vocation / L'assassino ha le mani pulite / Deadly inheritance
Real: Vittorio Sindoni
Année: 1968
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 82mn
Acteurs: Tom Drake, Femi Benussi, Virgilio Gazzolo, Ernesto Colli, Isarco Ravaioli, Andrea Fantasia, Ivo Garrani, Valeria Ciangottini, Giovanna Lenzi, Aurelio Marconi, Nicola Solari, Aldo Bruno, Alessandra Moravia, Silvano Spadaccino, Sergio Baldacchino, Arnaldo De Angelis, Giacomo Ricci...
Résumé: Oscar Monod, garde barrière, est heurté par un train alors qu'il travaillait sur la voie ferrée. Il laisse derrière lui un bel héritage d'un million de francs que ses filles, le mari de l'une d'elles et son fils adoptif devront se partager d'ici trois longues années en sachant que la plus grosse partie de la somme reviendra au fils adoptif. Le testament fait bien des remous au sein de la famille puisque tous le convoite et personne n'est prêt à attendre trois ans pour toucher cet argent. Très vite les membres de la famille sont tués un à un par un mystérieux assassin. L'inspecteur Greville et son assistant mènent une difficile enquête. Toute la famille est en effet un coupable potentiel...
Spécialisé dans la comédie rose bonbon et le lacrima movie (Amore mio non farmi male, Son tornate a fiorire le rose), Vittorio Sindoni après un passage finalement assez bref au grand écran s'est ensuite définitivement tourné vers la télévision. Avec Omicidio per vocazione également connu sous le titre L'assassino ha le mani pulite le cinéaste signait en 1968 son tout premier film, un pré-giallo, précurseur du genre, certes routinier mais tout à fait honorable puisqu'il possède de nombreux atouts qui devraient faire le bonheur des passionnés du genre et des autres.
Oscar Monod, garde-barrière sourd, est victime d'un terrible accident. Alors qu'il travaille sur la voie ferrée, un train le fauche. Il laisse derrière lui une coquette somme d'argent, 1 million de francs, qui reviendra à ses trois trois filles Simone, Colette, Rosalie, le mari de Rosalie Léon et Jeannot, son fils adoptif arriéré mental. Le codicille précise que cet argent ne sera disponible que dans trois longues années et reviendra en grande partie à Jeannot, un testament qui provoque bien des remous chez les Monod. Léon, homme brutal, croule sous les dettes et n'a aucune intention d'attendre trois ans pour toucher cet argent. Simone a un amant secret, le patron d'une boite de nuit qui pour divorcer à besoin de 50000 francs et
comptait sur cet héritage pour quitter son épouse et s'installer avec Simone. C'est alors que Jeannot est à son tour assassiné, poussé sous un train puis c'est au tour de l'amant de Simone et de la femme de Léon. Léon, Colette et Simone sont suspects puisqu'ils ont tous d'excellentes raisons pour avoir commis ces meurtres. Colette est arrêtée la première mais lorsque l'inspecteur Gérard Greville découvre que la mort d'Oscar n'est pas un suicide mais un assassinat, ses soupçons se portent sur Léon qui s'enfuit. Une chasse à l'homme s'ouvre alors. Sa fuite est pour Greville une preuve de plus. Le malheureux se réfugie finalement chez lui et demande à Colette de le cacher. Quelques minutes plus tard, la jeune
fille est tuée. Lorsque la police arrive, Léon tente de s'échapper par les toits mais il fait une chute mortelle. L'affaire est classée, Simone peut enfin toucher l'héritage et rentrer chez elle. A son arrivée, le véritable meurtrier l'attend. Eberluée, Simone découvre avec stupéfaction le véritable visage du tueur ainsi que ses motivations intéressées.
L'intrigue, classique, s'axe autour d'un bel héritage que chacun des protagonistes, tous plus cupides, félons et détestables les uns que les autres est empressé de toucher. Sur ce canevas maintes fois vu Sindoni met en scène un petit giallo proche du krimi plutôt efficace dont la principale force réside dans le nombre de fausses pistes que le metteur en scène
déploie afin de brouiller les pistes. Difficile donc de deviner l'identité du ou des coupables jusqu'aux ultimes minutes, tous les personnages, enquêteurs et notaires compris, étant de potentiels assassins dont les agissements seraient parfaitement justifiés. Mis en scène de manière alerte, Homicides par vocation ne laisse place à aucun mort. Dés l'ouverture, les morts s'enchainent, surprises et rebondissements relancent sans cesse un suspens qui se maintiendra durant 80 courtes minutes que le spectateur ne verra finalement pas passer, pris par ce polar à énigme très années 60. Les révélations et autres effets de surprise sont parfois un peu gros, improbables, maladroits même mais qu'importe. Pris dans le feu de
l'action, ces invraisemblances ne sont guère gênantes et seul le plaisir compte ici. Et c'est avec un certain étonnement qu'on découvrira les tenants et aboutissements de cette histoire d'héritage sanglant, un dénouement totalement inattendu, insoupçonnable qui se déroule de surcroit en deux temps puisque Sindoni s'amuse jusqu'au bout et assène en fait au public un double rebondissement encore plus incroyable mais peut être un peu gros pour là encore être entièrement crédible. L'important est qu'il ne gâche pas le plaisir pris à la découverte de ce pré-giallo réalisé avec un certain professionnalisme.
Plutôt original est le fait d'avoir situé l'intrigue en France (mais cependant entièrement tourné
en Italie, à Anguillara près de Rome sur le lac de Bracciano), dans un village de campagne typique de cette fin de décennie qui voyait doucement débarquer un certain modernisme accompagné d'une vague de décadence qui déferlait sur une jeunesse en pleine émancipation. Les boites de nuits et leurs premiers beatnicks qui dansent le jerk donnent de quoi alimenter les conversations de l'ancienne génération, les jeunes filles sous leurs airs sages cachent en réalité bien plus de vices que de vertus et viennent ajouter un zeste de perversion à une pellicule en apparence bien gentillette mais qui sous certains aspects annoncent doucement quelques uns des futurs excès du cinéma italien des années 70
à travers notamment le personnage de l'adolescent arriéré mental, sadique et voyeur, la douche timide mais suffisamment explicite de Simone, jeune fille faussement sage qui a pour amant un homme marié, la petite culotte de Alessandra Moravia. S'il reste discret et peu croustillant l'érotisme est bel et bien présent comme également quelques plans sanglants assez osés pour l'époque notamment le plan sur Oscar heurté de plein fouet par un train et surtout les différents morceaux du corps de Jeannot éparpillés le long des rails recouverts de draps ensanglantés. L'imagination fait le reste.
On mentionnera une très bonne partition musicale signée Stefano Torossi et une
interprétation tout à fait convaincante d'une intéressante brochette d'acteurs, Femi Benussi, version coupe courte, en tête dans le rôle de Colette qui avant de devenir une des reines incontestées de la sexy comédie s'essaya entre autres au thriller. A ses cotés on retrouvera la fellinienne et candide Valeria Ciangottini dévouée une fois encore à un rôle de jeune fille pure, Giovanni Lenzi, l'épouse du cinéaste Sergio Pastore, l'américain Tom Drake, Ivo Garrini excellent dans la peau de l'infâme Léon, Virgilio Gazzolo en commissaire à la Maigret et Isarco Ravaioli en slip noir. Seul bémol à cette affiche, Ernesto Colli, une des gueules du cinéma de genre transalpin, qui incarne Jeannot. Quelle étrange idée d'avoir
octroyé ce rôle d'adolescent à Ernesto qui avoisinait alors la trentaine? Il n'est donc pas surprenant qu'il ne soit à aucun moment crédible non pas dans son jeu mais dans la peau du personnage.
Si l'aspect visuel n'est guère travaillé, hormis les nombreux extérieurs lumineux, les décors sont malheureusement assez pauvres et franchement laids, Homicides par vocation, furtivement sorti en salles uniquement en Province, se rattrape par son ingéniosité, un rythme alerte et un suspens qui jamais ne décroit. parmi les précurseurs du giallo ce premier essai de Sindoni est une réussite efficace, teintée de nostalgie sixties, qu'aussi bien l'amateur qu'un public bien plus large prendra beaucoup de plaisir à voir, revoir ou découvrir.