L'umanoide
Autres titres: L'humanoïde / The humanoid / El umanoide / Kampf um die 5 galaxis
Real: Aldo Lado
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: S.F
Durée: 96mn
Acteurs: Richard Kiel, Corinne Cléry, Leonard Mann, Ivan Rassimov, Arthur Kennedy, Barbara Bach, Marco Yeh, Massimo Serato, Attilio Duse, Venantino Venantini...
Résumé: Espérant renverser son frère, maitre de la planète Metropolis, et ainsi prendre le pouvoir, le diabolique Lord Graal fait appel à la sombre Lady Agatha, une femme vampire cruelle, et au redoutable Dr. Kraspin, un savant fou dont les expériences ont pour but de transformer tout être humain en un super soldat galactique. Ils expérimentent la formule sur un pilote nommé Golob, le transformant en une créature invulnérable à la force démesurée. Barbara Gibson, une scientifique, le pilote Nick, et un petit garçon doué de pouvoirs surnaturels vont tenter de contrecarrer les plans de Graal et sauver ainsi l'univers de la maléfique emprise du tyran...
Suite au succès interplanétaire de Star wars, bon nombre d'ersatz allaient voir le jour à travers le monde tant au niveau de super productions que par un cinéma de genre souvent fauché mais suffisamment ludique pour divertir un spectateur peu exigeant. Si l'Italie n'a jamais été très friande de science-fiction, elle sut tout de même reproduire le film de Lucas à sa manière avec notamment parmi les plus connus l'incontournable et Starcrash de Luigi Cozzi et la miséreuse mais O combien plaisante quintologie de Alfonso Brescia. Il en est aussi un qu'on a trop souvent tendance à oublier, L'humanoïde de Aldo Lado, qui étrangement n'est jamais parvenu à se hisser au rang de film culte parmi les amateurs du genre qui sont en droit de se demander comment un réalisateur aussi cynique que Lado ait pu un jour commettre un tel film. La réponse se trouve peut être dans sa genèse.
Alors que Star wars explosent tous les records à travers le monde, l'agent de presse de Lado lui suggéra l'idée un jour de faire un film de science-fiction que produirait la Titanus. Enthousiasmé par le projet, Lado accepte à la seule condition que Richard Kiel, l'homme à la mâchoire d'acier repéré dans Moonraker et L'espion qui m'aimait, fasse partie de la distribution. Giorgio Venturini, un des producteurs de la Titanus, accepta plus ou moins à contre-coeur l'idée si et seulement si le scénario plagie celui de Star wars. Pensant bénéficier d'un budget confortable, Lado écrit l'histoire et réussi à convaincre Kiel de participer à l'aventure. Malheureusement rien ne se passa comme prévu. Après des mois de silence de la part de la Titanus, Lado apprit qu'il avait été congédié et qu'un autre metteur en scène le remplacerait. Kiel refusa alors de faire le film et c'est en désespoir de cause que Lado fut donc rappelé. La production lui réduit le budget à son minimum et l'entoura d'une équipe bien peu spécialisée dans ce style de cinéma. C'est la mort dans l'âme, sans aucun enthousiasme, que Lado réalisa alors L'Humanoïde, un film qu'il déteste aujourd'hui encore. Et cela se ressent tout au long du visionnage.
Copie conforme du film de Lucas, L'humanoïde nous entraine sur la planète Metropolis (un clin d'oeil?) où sont regroupés les chevaliers blancs de cette histoire de guerre spatiale: Big Brother (nouveau clin d'oeil?), la belle scientifique Barbara et le gentil Nick. Ils vont devoir affronter le maléfique Lord Graal, le propre frère de Big Brother et véritable sosie de carnaval de Darth Vader, et ses sbires, lady Agatha, une femme vampire assoiffée de pouvoir et le Dr Kraspin qui veut mettre au point un super soldat, afin de sauver l'univers de leur folie. Avoir voulu mêler à ce type de scénario des éléments empruntés à Frankenstein et à la sanguinaire comtesse Bathory même assez mal utilisés est peut être la seule originalité du film qui par certains aspects prend des airs de conte de fée interstellaire. La sombre Lady
Agatha plus qu'une Bathory pourrait ainsi être assimilée à la méchante reine des contes pour enfants (Blanche-Neige) dont elle a le look.
Certes L'humanoïde n'est pas un mauvais film en soi, il manque simplement de vitalité, d'énergie, celle qui est l'essence même des grandes épopées spatiales. Poussivement mis en scène par un Lado visiblement absent, cet Humanoïde ronronne et ne décolle jamais réellement plus particulièrement durant toute la première partie. Grâce au savoir-faire de Enzo Castellari qui s'occupa des scènes d'action la deuxième moitié est plus énergique même si le résultat reste beaucoup trop tiède, trop en dessous de ce qu'il aurait pu être, pour revitaliser l'ensemble. Le film s'essouffle lentement à l'image même de l'interprétation translucide d'une brochette d'acteurs stoïques bien peu concernés et très peu convaincants encore moins convaincus.
Les plus malicieux et plus spécialement les inconditionnels de Star wars s'amuseront à compter le nombre sidérant de plans et séquences entières volés au film de Lucas sans parler des costumes et des personnages. Ainsi le toujours aussi peu charismatique Leonard Mann s'identifie à Luke Skywalker tandis que Corinne Cléry qui semble amidonnée, affublée de surcroit d'une horrible natte, est l'égale d'une Princesse Leia. Obi Wan Kenobi se réincarne quant à lui dans la peau d'un gamin tibétain irritant nommé Tom Tom, Marco Yeh, en communication télépathique avec deux anges blancs, des êtres gardiens de rites millénaires, qui se déplacent sur une gondole spatiale. Barbara Bach qui se dispute avec Corinne Cléry le titre de la coiffure la plus hideuse est une pseudo Comtesse Bathory, Arthur Kennedy est un Kraspin/Frankenstein entêté tandis que Ivan Rassimov est le Darth Vader
de service qui a volé au Seigneur Noir son célèbre costume au voyant près si on excepte le casque plus proche de celui d'un samouraï du cosmos que du fameux heaume noir. Ivan n'a jamais été aussi en retrait voire absent, seules ses pupilles de glace font ici encore effet derrière la visière de son masque. Pressé de s'en débarrasser pour enfin boucler le métrage, Lado le fait s'évaporer en fin de métrage sous l'oeil indifférent de Mann/Hamill, une disparition commentée par notre Yoda asiatique de service par cette phrase hautement philosophique: Le Mal ne disparait jamais. Quant à Richard Kiel, l'humanoïde du titre, il traine nonchalamment son immense carrure, réduit à faire le pitre à grand renfort d'onomatopées et de grimaces, flanqué d'un chien-robot franchement ridicule (on tient là notre R2D2), une
caisse enregistreuse posée sur un arrière-train canin qui pour aboyer émet des "Aho-Aho" électroniques du moins dans la version originale.
Si les maquillages sont dus à Gianetto De Rossi, les effets spéciaux sont quant à eux en partie signés Antonio Margheriti. Avouons qu'ils sont beaucoup plus soignés et surtout moins ringards que ceux de Brescia, donc forcement plus crédibles. Hormis quelques transparences assez drôles, on se laissera aller au charme de ses fonds étoilés dans lesquels glissent de jolis vaisseaux spatiaux accompagnés d'une partition musicale somme toute banale signée Ennio Morricone qu'on connut plus inspiré tandis que des hangars servent de salles de contrôle et d'abris à navettes. L'Humanoïde égale voire surpasse en ce sens le Starcrash de Cozzi.
Malgré ses faiblesses et sa pauvreté, la mollesse de la mise en scène et une interprétation bien fade L'Humanoïde demeure cependant le meilleur des quelques clones transalpins du film de Lucas. Voilà un divertissant petit plagiat de Star wars qui en fera sourire plus d'un mais l'amateur de ce type de petites productions et de cinéma Bis plus spécifiquement devrait cependant y trouver son bonheur et éprouver pour ce calque une sympathie certaine.
On regrettera surtout qu'avec un peu plus de bonne volonté et des comédiens plus enjoués, un réalisateur de la trempe de Lado aurait pu nous offrir plus qu'un excellent moment de détente une bien jolie épopée cosmique.