Proibito erotico
Autres titres: Symphonie of love / Symphony of love / Eros peversion
Real: Derek Ford / Paul Salvin
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 67mn
Acteurs: Enzo Monteduro, Karin Well, Ajita Wilson, Vivienne Sultan, Zaira Zoccheddu, Anna Maria Romolo, Mike Monty, Marina Daunia, Eva Ruffo, Ulla Johannsen, Alessandra Vazzoler, Salvatore Baccaro...
Résumé: U
Domenico, un pauvre émigré napolitain, agent de la circulation dépassé par son métier et percussionniste dans un orchestre symphonique, est marié à Serafina, une femme obèse, laide, acariâtre et moustachue, dont il ne supporte plus la vision. Il décide de la quitter et satisfaire enfin sa soif de sexe. Il plonge dans un monde de rêve où chaque situation de la vie courante va lui offrir l'occasion de jouer les voyeurs et faire l'amour dans les circonstances les plus scabreuses et parfois mêmes nauséabondes...
Avant toute chose, il faut quelque peu éclaircir les origines de cette hallucinante bande souvent attribuée à Luigi Batzella qu'il aurait tourné en 1978. En fait Proibito erotico sorti en salles après avoir été retitré Symphonie of love fut d'une part réalisé bien plus tard, très exactement en 1980, et d'autre part, il s'agit d'une coproduction entre l'Italie et Hong Kong mise en scène par l'autrichien Paul Selvin secondé de l'anglais Derek Ford à qui on doit l'étrange porno Linda au payX du sexe. Adolfo Lippi parfois crédité comme metteur en scène fit beaucoup plus office de producteur auprès de l'américain Dick Randall à qui on doit le grotesque The erotic adventures of Robinson Crusoe ainsi qu'une pléthore de séries Z. Voilà qui peut d'ores et déjà donner un avant-goût de ce qui attend le spectateur à la vision de Symphonie of love.
En fait Symphonie of love est un long rêve (ou cauchemar) érotique, celui de Domenico, un émigré napolitain agent de circulation raté et percussionniste à ses heures dans un orchestre symphonique, qui pour sortir de la grisaille du quotidien et oublier son éléphantesque épouse aussi repoussante que moustachue s'évade à travers l'imaginaire. Il se projette alors dans un monde où chacune des situations de sa vie de tous les jours lui permet de s'inventer de fabuleuses aventures sexuelles particulièrement audacieuses et juteuses avec tout ce qui porte jupons. De là va naitre un film inénarrable, une fantasmagorie à la fois répugnante et hilarante, sans queue ni tête, une sorte de bande dessinée pour adultes à la limite de la pornographie où les réalisateurs ne reculent devant aucune situation scabreuse qui justifie le titre original, proibito erotico!
Symphonie of love est un enchainement de saynètes érotiques toutes plus absurdes et surtout repoussantes les unes que les autres, un exemple parfait de l'euro-trash transalpin qui ne reculait devant aucune audace pour satisfaire les instincts voyeurs du spectateur, à l'image même de ces pseudo sex mondo si chers à Joe D'Amato et Bruno Mattei tels Le notti porno nel mondo et autre Sexual aberration. Et c'est bel et bien à ces oeuvres souvent nauséabondes mais fort rigolotes et si délectables que fait penser Symphonie of love.
Notre pauvre bougre nous emmène donc espionner à travers le trou de serrure une femme assez laide qui se lave soigneusement le sexe après avoir uriné dans les toilettes d'un restaurant, souhaitant plus que tout au monde être son savon, quelques ébats multiples dans des chambres d'hôtel, celles de l'Excelsior, un des plus luxueux hôtel de Rome, pour mieux se transformer en homme-arbuste pour se jeter sur la balançoire d'une grasse demoiselle. Il rêve qu'une meute de femmes obèses le capturent, lui arrachent les poils des fesses avant de le recouvrir de légumes pour le cuire vivant en papillote dans un four à pizza. Il imagine des ballets pornographiques sur des filets suspendus en l'air, se projette à l'intérieur de sa télévision pour retrouver une jolie jeune fille fouettée par un émir qui le renvoie dans son monde, se voit faire l'amour dans une gondole avec une réceptionniste
pour mieux se retrouver sur une île paradisiaque où une tribu d'amazones lesbiennes s'ébattent joyeusement lorsqu'il ne voit pas les badauds se promener nus dans la rue, attisant ainsi sa soif de sexe. Rien de tel qu'un bon massage thaïlandais sauf si la masseuse se transforme soudain en un monstre simiesque déchainé. Qui d'autre que notre pauvre frustré poilu pouvait imaginer faire l'amour à Hitler lui même, au monstre de Frankenstein et à Dracula dans la même pièce. C'est finalement avec une des jolies violonistes de l'orchestre qu'il pourra enfin faire l'amour et ainsi satisfaire ce désir de sexe qu'il n'a jamais pu connaitre avec sa nauséeuse et gargantuesque épouse acariâtre. Le film se terminera gaiement sur l'image de notre bougre débonnaire enfin radieux courant dans la rue vêtu de son caleçon en hurlant à tue-tête: J'ai baisé! J'ai baisé!
Dénué de tout dialogue, uniquement rythmé par la voix off et les bruits incongrus de Domenico qui raconte ses aventures, Symphonie of love ressemble par instant à un film amateur, maladroit, sans réel continuité, fait de bric-à brac, mal monté, hideusement photographié, tourné dans des décors franchement laids mais rythmé par une savoureuse musique signée Fabio Frizzi. Certaines séquences semblent venues d'autres films, on croit ainsi reconnaitre certains plans de Erotic adventures of Robinson Crusoe lorsque apparaissent les Amazones. Boursouflure cinématographique, Symphonie of love reste un film unique, irracontable, d'un mauvais goût astronomique, un tue-l'amour d'une sidérante
vulgarité qui entre deux gloussements devrait cependant plaire à tous les vicieux et voyeurs, notre cher lectorat qui comme nous au Maniaco se nourrit d'obscène. Le film de Ford et Salvin reste une des polissonneries que tourna le grand acteur comique Enzo Monteduro surnommé le Buster Keaton italien, alors en fin de carrière juste avant de faire un tour vers la véritable pornographie avec Albergo a ore, une période de sa vie qu'il n'aime guère aborder aujourd'hui. Si son numéro de clown fonctionne malgré son coté pitoyable, Monteduro affirme n'avoir jamais participer aux scènes explicitement sexuelles ni même s'être trouvé sur le plateau lors de leur tournage, seul le montage dit-il donne l'impression qui l'observe réellement toutes ces indécences.
L'affiche est tout aussi troublante. Si on reconnaitra la sexy starlette Karin Well, toujours aussi peu avare de ses charmes, dans le rôle de la violoniste, on remarquera outre la présence de Marina Daunia qui renie aujourd'hui cette vulgarité qu'elle a effacé de sa mémoire, celle de quelques porn diva telles Ajita Wilson et Guia Lauri Filzi mais aussi Zaira Zoccheddu, l'américain Mike Monty. et le monstrueux Salvatore Baccaro dans un numéro inoubliable de masseur hystérique. Ceux qui ont l'oeil repéreront ça et là quelques unes des figures vues dans les sex mondos de Mattei et D'Amato.
Symphonie of love également connu sous le titre Eros perversion, à ne pas confondre avec le film éponyme de Ron Wertheim avec une fois encore AjitaWilson mais aussi Carlo De Mejo et Greta Vayan, fait partie de ces films érotiques improbables aux limites parfois du hard, un de ces euro-trash d'une étonnante vulgarité qui flatte les instincts malsain du spectateur lubrique en faisant illusion, une symphonie de mauvais goût jouissivement drôle, totalement impensable aujourd'hui. Voilà pourquoi on aime l'Italie!