Assassino senza volto
Autres titres:
Real: Angelo Dorigo
Année: 1967
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 75mn
Acteurs: Giuliano Raffaelli, Lawrence Thierney, Luigi Batzella, Anita Tedesco, Genevieve Soné, Gabriella Mantovani, Rita Klein, Mara Berni, Gianni Medici, Janine Reynaud, Anita Todesco...
Résumé: Dans un château, une jeune fille est assassinée par une mystérieuse silhouette toute de noire habillée. Lors d'un long flash-back, on assiste aux évènements qui ont lieu avant sa mort. Alors que l'étrange ombre rôde dans les couloirs du château et assassine ses occupants, le mari de la châtelaine accuse son épouse Barbara non seulement d'être folle mais d'être également la coupable...
Dissimulé sous un pseudonyme anglais afin de mieux vendre son film à l'étranger, Angelo Dorigo, peu brillant metteur en scène dont un des rares titres de gloire fut de tourner avec Marcello Mastroianni en 1958, s'était déjà essayé au giallo en 1966 avec l'intéressant A... come assassino qui avec ce deuxième thriller réalisé l'année suivante est un des tout premiers gialli sorti sur les écrans, trois ans en fait après Mario Bava et ses 6 femmes pour l'assassin.
Si Bava jeta les toutes premières bases du genre, Dorigo, également auteur et scénariste du film, n'a malheureusement guère su les mettre en pratique. En résulte un film souvent ennuyeux, sans grand intérêt qui de surcroit a plutôt mal vieilli, un sentiment aggravé par un noir et blanc certes discret mais qui donne l'impression que le film sort d'un autre âge. Si l'intrigue est simple et répond aux critères de base du thriller à l'italienne, la propriétaire d'un château accusée de folie par son mari est au centre d'une série de meurtres perpétrés par une silhouette gantée tout de noir vêtue, Dorigo semble se disperser assez vite.
C'est plus vers l'épouvante gothique toujours très à la mode en cette fin d'années 60 que Assassino senza volto semble pourtant s'orienter. On y retrouve en effet outre le château où se déroule l'action, la traditionnelle galerie de personnages tous plus inquiétants les uns que les autres (la gouvernante austère, le valet muet...), la crypte glauque, les angoissantes ombres chinoises qui glissent le long des murs, la partition musicale essentiellement composée de violons et de tintements de cloche... Le mélange des deux aurait pu fonctionner et avait déjà donné d'intéressantes petites séries telles que La lama nel corpo mais la fadeur de la mise en scène, l'absence de suspens et d'une quelconque atmosphère font très rapidement s'effondrer les espoirs que la scène d'ouverture pouvait laisser entrevoir, la mort d'une malheureuse victime poursuivie dans le château par la silhouette noire armée d'un pistolet à silencieux lors d'une nuit d'orage.
Dorigo n'a cette fois guère su profiter du célèbre château de Balsorano où furent tournés maintes et maintes oeuvres. Le film s'enlise dans d'interminables dialogues qui frisent souvent le mélodrame à l'image même de l'interprétation, s'éternise sur des scènes aussi longues qu'inutiles notamment la préparation des festivités tournée dans la ville de Sienne et seul le final, soit les quinze dernières minutes de ce petit film puisqu'il ne dure que 75 minutes sont dignes d'intérêt et relèvent totalement du giallo. On assiste donc à la tragique confession du tueur dans une ambiance enfin inquiétante, seul véritable moment où Assassino senza volto prend un certain relief, bien agréable avouons le. Voilà cependant qui est bien peu et surtout fort regrettable.
Devenu aujourd'hui quasiment invisible si ce n'est sur des éditions vidéo souvent pirates issues de passages télévisés particulièrement médiocres, Assassino senza volto est certes une petite rareté pour collectionneurs, un exemple raté des premiers balbutiements d'un genre qui allait très vite prendre son envol. En cela il demeure donc une intéressante curiosité pour aficionados. Hormis cela, le film de Dorigo fait partie des gialli les plus faibles qui aient été réalisés, un thriller mélodramatique déjà vieux avant l'heure qui annonce bien mal l'arrivée des futurs gialli à la Argento.
On soulignera la présence de Paolo Solvay / Luigi Batzella au générique quelques années avant qu'il ne se mette à la réalisation. Notons également que Dorigo réussi le tour de force d'avoir comme principal protagoniste un acteur de talent, Lawrence Tierney qui avait déjà derrière lui plus de vingt ans de carrière.