La lama nel corpo
Autres titres: Les nuits de l'épouvante / The murder clinic / Night of terrors
Real: Elio Scardamaglia
Année: 1967
Origine: Italie
Genre: Epouvante / Giallo
Durée: 83mn
Acteurs: William Berger, Françoise Prevost, Mary Young, Philippe Hersent, Harriet White Medin, Massimo Righi, Germano Longo, Anna Maria Polani, Delphine Maurin, Patricia Carr, William Gold...
Résumé: 1870 - Une jeune infirmière fait son entrée à la sinistre clinique psychiatrique du docteur Vance. Elle y fait la connaissance de son énigmatique épouse, Lizabeth, des inquiétants domestiques et des patients dont certains sont particulièrement violents. La nuit, une mystérieuse ombre vêtue de noir armée d'un rasoir rôde dans les chambres et assassine les jeunes patientes. Le docteur Vance se veut rassurant même s'il semble cacher un terrible secret. C'est alors qu'arrive Gisele, une jeune fille qui a réussi à s'évader de prison. Téméraire, peu effrayée par l'atmosphère glauque qui règne à la clinique, elle mène l'enquête et découvre la vérité. Elle est assassinée. C'est alors que le docteur Vance décide de tout révéler à la jeune infirmière...
Seule et unique réalisation du producteur Elio Scardamaglia, La lama nel corpo, demeuré inédit en France, est une sympathique tentative de mêler deux genres, l'un alors en plein déclin, l'épouvante gothique à l'italienne jadis magnifié par Mario Bava, Riccardo Freda et Antonio Margheriti, et l'autre, le giallo dont c'était les premiers balbutiements à l'écran.
Du cinéma d'épouvante gothique La lama nel corpo connu sous nos cieux sous le titre Les nuits de l'épouvante en reprend bon nombre d'éléments dont en premier le décor, un gigantesque et sinistre manoir transformé en hôpital psychiatrique qui se dresse dans la campagne anglaise du 19ème siècle. C'est au milieu de pièces et de chambres ornées de superbes et angoissants tableaux ancestraux, le long de sombres corridors qu'évoluent à la lumières des candélabres d'inquiétants domestiques qui semblent dissimuler bien des secrets. L'intrigue du film tourne autour du mystérieux docteur Vance, le propriétaire de cet hôpital, marié à une femme qui lui voue bien peu de sympathie. Outre la guérison de ses patients dont certains particulièrement violents, il pratique d'étranges expériences sur les greffes de peau tandis que chaque nuit d'effroyables bruits résonnent dans toute la demeure. Il cache en fait une malheureuse jeune femme devenue monstrueuse suite à sa chute accidentelle du moins en apparence dans un bain de chaux vive.
A cet intéressant mélange moult fois repris par le cinéma de genre italien Scardamaglia y ajoute donc les bases primaires du giallo à savoir la présence d'un tueur encapuchonné tout de noir vêtu, ombre effrayante qui la nuit se glisse dans les chambres pour tuer les jeunes malades à l'aide d'un rasoir. Reste donc plus qu'à mener l'enquête et découvrir qui est l'assassin et les raisons qui le poussent à occire les malheureuses. L'arrivée impromptue de la téméraire Gisèle, une jeune évadée de prison, va permettre à Scardamaglia de pouvoir jouer les troubles-fêtes. Peu inquiétée par tous ces évènements, l'intrépide jeune fille va mener l'enquête. Entre chantage et séduction, elle va découvrir le pot aux roses et c'est la mort qui bien entendu viendra la cueillir. C'est à la jeune et jolie nouvelle infirmière que revient alors le privilège de recueillir les confessions du docteur qui lui révèle non seulement le drame qui a bouleversé sa vie mais également la présence de cette mystérieuse femme à jamais défigurée qu'il cache dans le manoir.
Aidé au scénario par Ernesto Gastaldi et Luciano Martino, Scardamaglia déploie toute la panoplie du cinéma d'épouvante sans grande originalité certes mais avec une certaine efficacité. Les domestiques, tous autant qu'ils sont, sont particulièrement inquiétants et jouent parfaitement bien le rôle de témoins muets même s'ils sont censés ne pas être au courant des travaux du docteur. Le comportement souvent violents parfois troublants (la vieille dame au chat empaillé) des pensionnaires de la clinique, les bruits effrayants qui retentissent dans la partie isolée du château et leur glacent les sangs chaque nuit, les expériences peu orthodoxes que le docteur pratique en secret sur des rats, les accusations et l'attitude équivoque de son épouse, malade, les terribles et inavouables secrets familiaux,
les agissements du docteur surpris entrain d'enterrer un cadavre... contribuent à entretenir tout au long du film un climat pesant, lourd. L'angoisse est diffuse, omniprésente, renforcée par une partition musicale principalement composée de violons et une interprétation sans faille d'une jolie brochette de comédiens dont un tout jeune William Berger qu'on aurait aimé un peu plus austère, la française Françoise Prévost, future figure récurrente du cinéma Bis italien et la toujours aussi glaciale Harriet Medin dans la peau de la gouvernante dont on avait déjà pu applaudir les prestations dans des classiques du genre tels L'effroyable secret du Pr Hichcock et sa séquelle, Le corps et le fouet ou encore Les 3 visages de la peur.
Les nuits de l'épouvante n'est certes pas un chef d'oeuvre du cinéma d'épouvante gothique transalpin mais il demeure une petite série discrète tout à fait réussie même si elle n'est pas toujours très vraisemblable ni même logique. On pourra reprocher à Scardamaglia d'avoir trop peu entretenu le suspens en dévoilant trop tôt les rouages de l'intrigue malgré le rebondissement final et la découverte de l'identité du pitoyable meurtrier que certains auront bien entendu pressenti. Cependant La lama nel corpo reste un très honnête film plein de charme que l'amateur suivra avec un plaisir non dissimulé.