Helga la louve de Stillberg
Autres titres: La louve de Stillberg / La calda bestia di Stillberg
Real: Alain Payet
Année: 1977
Origine: France / Italie
Genre: Nazisploitation / WIP
Durée: 93mn
Acteurs: Malisa Longo, Patrizia Gori, Richard Lemieuvre, Dominique Aveline, Alban Ceray, Jacques Marbeuf, Olivier Mathot, France Lomay, Claude Janna...
Résumé: Quelque part dans un état fasciste, la forteresse de Stillberg à été reconvertie à un centre de détention où sont retenus les opposants au régime du général Steiner. Le centre est sous le commandement de Helga, une redoutable femme aux tendances saphiques qui y fait régner terreur et discipline. Un jour la fille du chef des résistants, Lisbeth, faite prisonnière, arrive à la garnison. Elle parvient cependant à s'enfuir en compagnie d'une autre détenue. Elle est malheureusement rattrapée et, prise pour une espionne, elle est enfermée. C'est alors qu'éclate la révolution. Stillberg est prise d'assaut...
Suite au succès tout relatif de ce sous genre du cinéma d'exploitation italien que fut le nazisploitation, suite au triomphe de films aussi malsains que Salon Kitty, l'unique et inégalable Salo et les 120 journées de Sodome et Portier de nuit, la firme français Eurociné allait dés 1976 profiter du filon et réaliser coup sur coup quatre films. Si on doit l'ouverture des festivités à Patrice Rhomm avec Elsa fraulein SS / Fraulein Kitty, le pornographe Alain Payet allait enchainer les trois suivants, l'étonnant et très intéressant Nathalie dans l'enfer nazi, le pitoyable Train spécial pour Hitler et un inattendu Helga la louve de Stilberg.
Inattendu car si son titre fait quelque peu songer à Ilsa louve SS, Helga la louve de Stillberg n'est pas à proprement parler un nazisploitation puisque son scénario nous plonge au coeur d'une dictature sud-américaine fictive où des prisonnières sont exploitées et torturées dans une forteresse médiévale dénommée Stillberg. A la tête de cette garnison une femme cruelle et redoutée aux tendances saphiques, Helga, étrangement appelée Elsa dans la version française comme le personnage que jouait l'actrice Malisa Longo dans justement Elsa Fraulein SS.
Si on peut facilement se mélanger les prénoms, on pourra tout aussi facilement se perdre dans ces distributions interchangeables et ces même décors qui reviennent encore et encore d'un film à l'autre.
Fidèle à elle même, la firme Eurociné nous livre un film brouillon qui s'approche du WIP, totalement anachronique et surjoué à l'excès. Tourné dans le Val d'Oise, apparemment au château de Dampont qui resservira pour Nathalie dans l'enfer nazi, Helga n'a de sud-américain que certains noms de ses principaux protagonistes qui récitent sans conviction aucune des dialogues souvent niais avec de surcroit un accent campagnard particulièrement marqué. Inutile de dire que Helga respire plus le terroir que l'air moite et nauséabond des dictatures qu'il est censé imager.
Souvent incohérent et joyeusement anarchique, bien peu crédible, le film de Payet ne s'embarrasse guère de détails et le budget microscopique dont il a bénéficié ne lui permet pas vraiment de folies. On devra se contenter tout comme pour Train spécial pour Hitler de quelques malheureuses jeeps, quelques fusils, une dizaine de figurants empotés et quatre décors qui reviennent inlassablement: la chambre de Elsa qui ressemble étrangement à une chambre d'hôtel de seconde zone, les prisons du château, le dortoir des détenues et une ferme très locale. On regrettera que ce magnifique château et les superbes décors qu'il proposait soient si mal exploités. Payet ne s'y intéresse nullement et délaisse ce cadre qui pourtant servait si bien l'histoire même si il est loin de représenter le pays où le film est censé se dérouler.
L'affiche nous propose quant à elle un bel éventail d'acteurs français venus du porno dont trois des super stars d'alors Jacques Marboeuf, Dominique Aveline et Alban Ceray qui officient ici aux cotés de comédiennes elles aussi venues du hardcore France Lomay et Claude Janna. La partie italienne est quant à elle réservée d'une part à Malisa Longo qui incarnait déjà Elsa dans Elsa Fraulein SS. Malisa est une Helga qui manie la cravache avec délectation et torture ses prisonnières avec un certain savoir-faire. Plus convaincante que dans Elsa fraulein, Malisa dont le jeu d'actrice a toujours été contestable avoue s'être particulièrement amusée à jouer les méchantes. Cela se voit mais malheureusement elle est loin d'égaler ses consoeurs dans le sadisme. Serrer les mâchoires tout en fusillant du regard ses victimes en claquant la lanière de son fouet ne suffit pas à lui donner de l'envergure. Elle laisse loin devant elle Maristella Greco, Macha Magall, Erna Schurer ou Paola D'Egidio.
La frêle Patrizia Gori est l'autre comédienne italienne. Moins investie que dans Nathalie dans l'enfer nazi, elle n'en domine pas moins cette petite bande franchouillarde. La présence de Patrizia n'est peut être pas fortuite puisque le film devait au départ être produit par la Patrizia films, la maison de production de son compagnon d'alors, Franco Lo Cascio. Cela ne se fit pas et la Patrizia films ferma ses portes quelques temps plus tard. Eurociné s'empara alors du projet.
Malgré la présence de tous ces comédiens spécialisés, l'érotisme ne dépasse jamais les limites du softcore et demeure tristement timide. On devra se contenter outre la nudité de Malisa Longo de quelques plans de chair flasque, quelques viols gentiment filmés, une discrète scène de douche et tout aussi discrets, les examens gynécologiques de rigueur dans ce type de films.
Produit typique des oeuvres Eurociné, Helga la louve de Stillberg est loin d'être un indispensable du genre. Plus qu'un nazisploitation ou un WIP on est là face à une sorte de comédie de guerre à l'humour troupier, une série Z où tout doit être pris au second degré. Souvent ridicule, Helga risque donc de fortement décevoir ceux qui en attendaient un film dans la grande lignée des débordements érotico-gore des eros-svatiska transalpins.