L'isola degli uomini pesce
Autres titres: Le continent des hommes poisson / Screamers / The island of the fishmen
Real: Sergio Martino
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Aventures / Fantastique
Durée: 95mn
Acteurs: Barbara Bach, Claudio Cassinelli, Richard Johnson, Joseph Cotten, Beryl Cunningham, Mel Ferrer, Francesco Mezzieri...
Résumé: Un bateau rempli d’esclaves sombre dans la mer des Antilles. Cinq naufragés parviennent à rejoindre une mystérieuse île apparemment déserte. Rapidement, les membres de l’équipage sont décimés par d'inquiétantes silhouettes tapies dans les eaux marécageuses et la végétation environnante. Après qu'une amazone les ait sauvé des griffes de ces monstres aquatiques, ils se retrouvent hébergés chez un tout aussi inquiétant professeur, un certain Dr Rackham, le propriétaire de l’île et créateur de ces humanoïdes amphibiens. Il pense ainsi avoir découvert le moyen de sauver la planète de la famine et la surpopulation et compte bien tuer quiconque tentera de faire entrave à ses recherches...
Après La montagne du dieu cannibale et Alligator, L'isola degli uomini pesce fait partie de la trilogie de films exotiques que Martino réalisa à la fin des années 70. Ecrit en collaboration avec son frère, Luciano, Le continent des hommes poisson est une attachante série B qui tente de reprendre quelque peu la trame de L'ile du Docteur Moreau en y incorporant d'autres éléments plus curieux et surtout totalement hétéroclites comme le mythe de l'Atlantide, des réminiscences de La créature du lac noir, une ombre de Lovecraft et un soupçon d'expériences génétiques dans une atmosphère qui rappelle beaucoup les romans
de Jules Verne. Gageons que le célèbre écrivain n'aurait pas renié ce mystérieux continent où règne un climat d'angoisse diffuse, une atmosphère marécageuse propre à engendrer un certain malaise que le réalisateur parvient à entretenir une bonne partie du film. S'il n'y a rien de très original, si le classicisme est de rigueur, il faut avouer que la grande force du film réside dans cette ambiance moite et la manière dont Martino, en artisan besogneux qu'il est, pour un budget dérisoire de surcroit, réussit à faire un véritable panaché de genres cinématographiques parfaitement équilibré, jamais ennuyant.
Si on regrettera une baisse de régime en milieu de bande, cela ne vient en rien ternir le plaisir pris à la vision de cette jolie série B aux décors exotiques idylliques. Après un début sur les chapeaux de roue, le naufrage d'un petit bateau d'esclaves, l'arrivée sur l'étrange île des naufragés, la découverte des lieux qui se révèlent de plus en plus hostiles, la menace invisible qui les guette, tapie dans les marécages, un premier meurtre particulièrement agressif où on devine la silhouette monstrueuse d'une créature puis la rencontre avec une mystérieuse amazone qui mènera les rescapés chez un inquiétant professeur dont la demeure est gardée par des indigènes belliqueux, le film va quelque peu ralentir pour mieux repartir lors d'un final aussi mouvementé que fantastique.
Martino s'est ouvertement, et il ne s'en cache pas, inspiré du Docteur Moreau pour créer le personnage du professeur. Particulièrement hostile à la présence des naufragés, il se livre à d'horribles expériences génétiques sur les êtres humains afin de créer des êtres hybrides amphibies mi-homme mi-poisson sous couvert scientifique. En allant chercher aux fonds des mers les ressources nécessaires à la survie de l'homme, il croit ainsi détenir la solution contre la surpopulation et le manque de nourriture sur Terre. Et ces créatures hybrides sont justement l'attraction principale du film. Malgré la précarité du budget dont Martino a bénéficié, de simples plongeurs revêtus d'une combinaison de latex écailleuse sous laquelle est cachée une bouteille d'oxygène qui forme une bosse sur leur dos, leur apparence est tout à fait saisissante et surtout crédible. Si Le continent des hommes poisson se veut un hommage aux séries d'anticipation des années 50 et 60, l'aspect ringard des monstres en renforce encore plus l'idée.
Riche en péripéties, le film nous réserve en outre de très beaux moments tant sur le plan visuel qu'émotionnel tels que la découverte du laboratoire où sont crées les monstres et la séquence onirique où les mutants sortent de l'onde et vénèrent la fille du professeur, quelque part sur une plage isolée.
La découverte du sous-marin dans la grotte lors de la toute dernière partie du film est un joli clin d'oeil au Capitaine Nemo. Elle est très certainement celle qui se rapproche le plus de l'univers de Jules Verne, une des plus agréables également. Martino y déploie toute une imagerie digne du célèbre écrivain apportant à l'ensemble un léger souffle épique tout à fait délectable. C'est avec la destruction de la grotte et l'éruption du volcan, la remontée du trésor de l'Atlantide et la révolte des hommes-poisson contre leur créateur que se clôturera cette épopée fantastique et romanesque dirigée par un Martino en grande forme.
Hormis le toujours aussi excellent Claudio Cassinelli, l'acteur fétiche du réalisateur, on retrouvera avec plaisir la brune Barbara Bach sans oublier Joseph Cotten qui tentait alors de donner à sa carrière un second souffle en tournant en Italie.
Entièrement réalisé en Sardaigne et aux abords de Rome, parfaite illusion d'un monde tropical, Le continent des hommes-poisson, malgré ses défauts, est un fort honnête film d'aventures au charme exotique, divertissant qui devrait satisfaire les amateurs d'anticipation tout en les faisant s'évader loin, très loin par delà les océans, vers des terres empreintes de mystères.