Il cacciatore di squali
Autres titres: Chasseur de monstres / Le tueur de monstres / The shark hunter / El cazador di Tiburones
Real: Enzo Castellari
Année: 1979
Origine: Italie / Mexique/ Espagne
Genre: Aventures
Durée: 90mn
Acteurs: Franco Nero, Werner Pochath, Eduardo Fajardo, Michael Forrest, Jorge Luke, Patricia Rivera, Mirta Miller, Rocco Lerro, Enzo Castellari...
Résumé: Mike di Donato, un chasseur de requins, vit en solitaire près d'un village des Caraïbes à proximité de la côte mexicaine. En fait cette activité lui sert de couverture car il recherche l'épave d'un avion tombé dans la mer. Elle renfermerait un coffre contenant un million de dollars. Secondé par Acapulco, un marin spécialisé dans la plongée sous-marine, ils mettent au point un système pour récupérer le coffre échoué dans une zone où les requins pullulent. Malheureusement une organisation criminelle est également à la recherche de l'argent. Mike et Acapulco vont devoir affronter les gangsters et vivre de nombreuses péripéties avant de pouvoir retrouver le fameux trésor...
A la fin des années 70, alors que le western et le polizesco, deux genres chers au réalisateur, se meurent lentement, Castellari décide de se tourner vers un autre type de cinéma, le film d'aventures. Et c'est dans le film de requins qu'il s'essaie un an avant L'ultimo squalo / La mort au large profitant du succès mondial de Jaws.
Tourné aux Caraïbes sur l'ile de Couzumel, Chasseurs de monstres / Il cacciatore di squali, coproduction entre l'Italie, l'Espagne et le Mexique, a malheureusement souffert d'un bien malheureux incident qui transforma radicalement l'intrigue d'origine. Castellari avait en effet confié le scénario à l'acteur Eduardo Fajardo qui se fit dérober toutes ses valises à l'aéroport de New York. Ainsi privé de scénario, Castellari dut improviser et l'histoire fut écrite au jour le jour. Si le défaut majeur de Chasseur de monstres reste donc son intrigue décousue et un brin brouillon, nous resterons donc magnanimes au vu des déboires que dut affronter Castellari qui tant bien que mal boucla son métrage d'autant plus que le résultat est loin d'être désagréable.
Chasseur de monstres est en effet un bien sympathique petit film d'aventures tropicales où l'important n'est pas forcément l'histoire elle même mais tout simplement l'action. Chasseurs de monstres est un vrai, un authentique film d'aventures mené tambour battant, une chasse au trésor constitué par un butin de quelques millions de dollars caché au coeur d'une épave échouée au fond de l'océan, définitivement marqué par la "Castellari's touch".
Même si le réalisateur n'évite pas toujours les clichés cartes postales, îles splendides, océan bleu azur, longues plages de sable blanc, qu'il use et abuse de tous les poncifs du genre, l'important outre ce magnifique voyage qu'il nous offre digne d'un dépliant touristique est qu'on ne s'ennuie pas un seul instant durant 90 minutes. Bagarres viriles et poursuites infernales menées avec énergie s'enchainent à la vitesse grand V. Fidèle à son style, Castellari les filme pour la plupart au ralenti afin d'en renforcer l'impact sans pourtant les rendre ennuyeuses même si au bout d'un moment certains pourront une fois encore trouver le procédé lassant.
Les personnages si stéréotypés soient ils sont bâtis dans le roc et nous offrent le meilleur d'eux mêmes. Et si nous avons droit à de superbes corps à corps terrestres on retiendra cette étonnante lutte à mains nues sous marine entre le héros et ses ennemis arbitrée par les requins avant qu'il ne combatte les squales lors d'un final mouvementée et très américain! Castellari fit appel à un spécialiste du genre, Ramon Bravo, pour les prises sous marines et le réglage des combats avec les requins. C'est à lui qu'on doit entre autres la scène désormais d'anthologie du combat entre un zombi et un requin dans L'enfer des zombis de Fulci ainsi que tous les plans sous marins avec les requins de Tintorera de René Cardona.
Très évocateur le titre français nous rappelle quant à lui que les requins ne sont pas toujours sous l'eau! L'être humain peut également être un redoutable prédateur.
En tête d'affiche on retrouve Franco Nero, égal à lui même, en baroudeur justicier dont le look rappelle volontairement celui qu'il arborait dans Keoma et plus tard dans Jonathan des ours, coiffé d'une perruque cette fois jaune canari, tenue par un bandana de fortune. A ses cotés, on retrouve un Eduardo Fajardo en pleine forme, l'américain Michael Forrest et le toujours convaincant et filiforme Werner Pochath dans son éternel rôle de méchant.
Chasseur de monstres, rythmé par la musique des frères De Angelis, s'il demeure une oeuvre mineure dans la longue carrière du réalisateur, est cependant un film particulièrement divertissant, un fort sympathique film d'aventures exotique qui porte irrémédiablement la griffe de Castellari.