Il mondo di Yor
Autres titres: Yor chasseur du futur
Real: Antonio Margheriti
Année: 1982
Origine: Italie / Turquie / France
Genre: Heroic fantasy / S.F
Durée: 88mn
Acteurs: Reb Brown, Corinne Clery, John Steiner, Carole André, Luciano Pigozzi, Ayshe Gul, Sergio Nicolai, Ludovico Della Jojo, Adrian Akdemir, Herent Akdemir, Ali Selgur, Henk Akin...
Résumé: Jeune guerrier d'une tribu préhistorique, Yor a toujours eu l'étrange impression d'appartenir à un autre monde, à une autre époque. Un mystérieux médaillon dont il ne peut expliquer la provenance le conforte dans ses doutes. Afin de découvrir ses véritables origines, il quitte sa tribu pour entreprendre un long et dangereux voyage au cours duquel il rencontre la ravissante Ka-Laa. Un vieux sage lui révèle alors qu'il a déjà vu autrefois un médaillon semblable au sien.
Propulsé dans un monde futuriste Yor découvre une étrange cité peuplée de robots et de mutants dirigés par un dictateur aux pouvoirs diaboliques qui souhaite asservir le monde. Yor va alors à l'encontre de nouvelles et palpitantes aventures qui le conduiront à ses origines...
Alors que l'heroic fantasy bat son plein en ce début d'années 80 suite au succès de Conan le barbare, l'italie va profiter de cet engouement pour exploiter ce filon et donner naissance à un sous genre du cinéma d'exploitation, l'heroic fantasy all'italiana. Quelques héros musclés vont alors voir le jour sur nos écrans pour le meilleur, Ator, ou le pire, Thor.
C'est avec plus de malice que Antonio Margheriti va suivre la tendance en osant un bien audacieux mélange, celui de l'heroic fantasy et de la science fiction en tentant d'y inclure cette fois les principales composantes d'un autre film à succès La guerre du feu dans lequel il va faire évoluer un héros musclé inspiré de Conan à celles de Star wars, autre gros triomphe du box office mondial de ce début de décennie. Ainsi naquit Il mondo di Yor adaptation d'une bande dessinée espagnole intitulée Henga el cazador signée de la main de Ray Collins alias Eugenio Zappietro et Juan Zanotto.
Si l'idée de départ était avouons le originale, ce mélange de deux genres bien distincts s'avère malheureusement bien vite un ratage même si le film n'est pas dépourvu de qualités. Margheriti démontre une fois de plus la difficulté d'allier deux styles à une seule oeuvre homogène. Yor chasseur du futur va rapidement faire la triste démonstration que la massue et le pistolet laser ne font guère bon ménage d'autant plus que la division du récit en deux parties distinctes n'arrange guère un film sans réelle continuité.
On appréciera tout de même la première partie se situant à un âge de pierre plutôt plaisant et divertissant tourné en Turquie dans de beaux décors naturels et agrémentés d'effets spéciaux certes fauchés mais assez réussis, toute proportion gardée bien entendu, et d'un montage savant pour rendre crédibles les quelques créatures préhistoriques imaginées par Margheriti qui ne filmera que leur tête, budget restreint oblige.
Malheureusement la deuxième partie lorgne plus vers Starcrash et son univers de science-fiction de pacotille que de Star wars. Débarrassé de sa massue, Yor, homme venu de temps ancestraux rappelons le, s'y promène pourtant avec une sidérante aisance, manipulant écrans vidéo, ordinateurs, pistolaser et fusée sans aucune difficulté.
Dénué de logique et de crédibilité, Yor devient une sorte de serial puéril et hilarant dans lequel l'action va le plus souvent prédominer. L'univers ou plutôt les univers dans lequel notre chasseur du futur évolue sont plutôt foisonnants puisqu'il va entre autre rencontrer des hommes de Néerdanthal, des robots habillés de cuir noir qui de loin ressemblent à Darth Vader et obéissent à leur maître encapuchonné, un tyran croisé entre l'empereur Ming et Palpatine, combattre des tricératops et des ptérodactyles avant de se retrouver propulser dans un immense complexe futuriste pour prendre les commandes d'un gigantesque vaisseau spatial.
C'est un peu tout et n'importe quoi, un assemblage particulièrement kitch mais cependant jamais déplaisant. Yor est une jolie aventure faite de bric et de broc qui ne s'élève jamais plus haut que le simple divertissement. Ni bon ni mauvais, Yor chasseur du futur est une sorte de jolie bande dessinée fourre-tout distrayante et remplie d'anachronismes. Un peu plus d'ingéniosité de la part du talentueux Margheriti aurait pu donner une oeuvre de qualité comme son homologue anglais Krull.
Aux cotés d'une Corinne Clery au brushing impeccable et malheureusement fort sage, Histoire d'O semble être à des années lumière derrière elle, le transparent et parfaitement inexpressif Reb Brown, ex-Captain America, incarne Yor, beau blond glabre aux muscles saillants qui fanfaronne ses exploits au son d'une bande son disco qui n'est pas sans rappeler celle de Flash Gordon. Le personnage de Yor souffre beaucoup trop de l'interprétation poussive de Brown, incapable de donner la moindre épaisseur à son personnage
A ses cotés, on reconnaitra une ex-gloire du cinéma français, Carole André, réduite au simple rang de décoration, John Steiner dissimulé sous une capuche noire incarne quant à lui le terrible dictateur tandis que Luciano Pigozzi, fidèle et indéfectible ami du réalisateur, cabotine à souhait comme à son accoutumée.
Si le film connaitra un énorme succès aux USA, il se soldera par un lourd échec en France lors de sa sortie avant de devenir comme bon nombre de ce type de films Bis, une petite oeuvre culte pour les joyeux amateurs du genre.