Una donna chiamata apache
Autres titres: Une fille nommée Apache / Apache woman
Real: Giorgio Mariuzzo
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Western
Durée: 74mn
Acteurs: Al Cliver, Yara Kewa, Ely Galeani, Federico Boido, Nadir Brown, Corrado Olmi, Rocco Oppedisano, Henry kalter, Raul Cabrera, Frank Werner, Robert Thomas, Mario Maranzana, Piero Mazzinghi...
Résumé: Alors qu'ils patrouillent, un détachement de soldats yankee massacrent une tribu d'indiens apache. Un des soldats, Tommy, perd connaissance durant la bataille. A son réveil, il constate qu'il ne reste qu'une seule survivante indienne. Dégouté par tout cette violence, il prend soin de la jeune fille qu'il surnomme Apache. Au départ farouche, elle va se laisser dompter et lentement, l'amitié puis l'amour vont naitre entre eux. Mais dans cet Ouest sauvage, leur amour va vite être contrarié puis détruit. Des aventuriers sadiques, une famille de prêcheurs tout aussi cruelles mais également les compagnons de Tommy vont faire des deux jeunes gens leur martyr jusqu'à leur effroyable fin...
Le western-spaghetti fut en Italie un des genres les plus prolifiques au cinéma dés la fin des années 60 et mit en place tout une série de code qui en firent son succès et l'éloignèrent du western américain traditionnel. Peu voire très peu de western italiens mirent en effet en scène des indiens à l'inverse d'Hollywood qui vit John Wayne et autres Glen Ford combattre des tribus d'apaches, sioux ou autres comanches ce qui donna quelques chef d'oeuvres tels que Le soldat bleu, Jusqu'au bout de la vengeance ou encore Apache. Les exemples en Italie se comptent sur les doigts d'une main et parmi eux on trouve Una donna chiamata apache le film de Giorgio Mariuzzo plus connu pour avoir été le scénariste de quelques uns des meilleurs Lucio Fulci dont L'au delà, La maison près du cimetière et le beaucoup moins glorieux Aenigma.
Connu chez nous sous le titre Une fille nommée apache, Una donna donna chiamata Apache tente de suivre les traces d'un certain western hollywoodien qui dés le début des années 70 aimait mettre en avant des histoires d'amour entre des soldats américains et des indiennes. C'est ainsi qu'on suit ici l'amour impossible entre un soldat yankee,Tommy, et une jeune apache, seule survivante du massacre de sa tribu par les compagnons d'arme de Tommy. S'ensuit alors toute une aventures riche en drames et autres terribles tragédies qui se terminera dans un effroyable bain de sang.
Mariuzzo essaie avec le peu de moyens dont il dispose de mettre sur pied cette love story impossible tout en déployant un maximum de violence tout en restant crédible. Voilà le gros défaut du film. Ce manque de moyens nuit à l'histoire et à sa crédibilité, sa vraisemblance. Ainsi il est assez difficile de croire que ces forêts de fougères et autres bois verdoyants sont des territoires indiens que sillonnent cinq malheureux soldats yankee et une poignée d'apaches joués par des acteurs grimés. Cette pauvreté enlève beaucoup de sa puissance à cette tragédie qui pourra faire sourire notamment lors de sa première partie. Fort heureusement dés la seconde moitié du film Mariuzzo oublie son budget de misère en se concentrant sur la haine raciale et la violence.
Dés lors Una donna chiamata apache se transforme en un spectacle souvent révoltant parsemé de scènes choc et odieuses au fil des rencontres que vont faire Tommy et Sunrashie, la jeune indienne que le soldat a surnommé apache puisqu'il ne parvient pas à retenir son prénom. Ce sont entre les mains de ces trois aventuriers sadiques, cette famille de prêcheurs sournoise et cruelle ou même les compagnons de Tommy que le destin de Tommy et Apache va se jouer, terrible, implacable jusqu'à l'insoutenable final, véritable martyr pour les deux héros.
Mariuzzo ose quelques audaces scénaristiques qui devraient réjouir les amateurs d'un certain cinéma trash comme l'Italie savait en faire alors notamment lors du viol carrément abject de Apache alors qu'elle agonise et se vide de son sang ou l'acharnement des trois aventuriers à vouloir tuer la jeune indienne et Tommy en jouant de façon particulièrement cruelle avec eux comme un chat joue avec une souris. Une des scènes les plus fortes restera celle où Tommy découvre le corps ensanglanté et sans vie de l'indienne, jeté sous un tas d'herbe. La haine de Tommy n'aura alors d'égale que sa vengeance mais le sort en décidera autrement, cynique, froid, et c'est sur une note des plus pessimistes que se conclura cette histoire laissant un goût amer au malheureux spectateur, sonné par un tel choc, longtemps encore après le générique de fin.
On mentionnera la superbe partition musicale signée Rudy Maglione et le thème principal chanté par Judy Hill qui rappelle celui du Soldat bleu.
On saluera enfin l'interprétation de toute une jolie brochette d'acteurs dont celle de Federico Boyd en aventurier sadique et violeur, Mario Maranzana en prêcheur raciste sans foi ni loi et Corrado Olmi en bonimenteur roublard sans oublier Ely Galleani. C'est Al Cliver qui tient ici le rôle de Tommy. Voilà un des rares films si ce n'est le seul où il eut un personnage de premier plan. On regrettera qu'il n'est pas toujours l'émotion requise pour incarner ce soldat au grand coeur perdu dans cet Ouest sauvage et implacable.
A ses cotés Clara Hopf cachée sous le pseudonyme de Yera Kewa est quant à elle parfaite dans la peau de cette jeune apache à l'abominable destinée. Hormis un pastiche de western mis en scène par Stelvio Massi, Partirono preti, tornarono curati, ce fut le seul et unique film de cette jeune femme qui par la suite se tourna définitivement vers le maquillage.
Malgré l'étroitesse de son budget, son histoire improbable qui accumule erreurs tant anachroniques que logistiques, Une fille nommée Apache est un essai tout à fait louable dont la cruauté et l'émotion qui en découle ne devrait laisser personne insensible et devrait sans aucun doute possible satisfaire un certain public avide de sensations fortes.