Virilità
Autres titres: Un parfum d'amour / Virilité / Virility
Real: Paolo Cavara
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Comédie dramatique
Durée:
Acteurs: Agostina Belli, Marc Porel, Tuti Ferro, Paola Bonaiuto, Mario Carrara, Geraldine Hooper, Giuseppe Lopresti, Carla Mancini, Tuccio Musumeci, Giuseppe Pattavina, Giovanni Cutrufelli, Maria Tolu, Francesco Ferrini...
Résumé: Don Vito est un parfait mari sicilien. Remarié à une femme de quelques années sa cadette, sa vie d'homme se résume à la pêche, au travail et au devoir conjugal. Le retour de son fils Roberto à la maison après un long séjour à Londres va bouleverser les traditions familiales. Roberto est pour la liberté des moeurs et une vie moderne où les hommes portent les cheveux longs et les femmes les portent courts. C'est alors que l'épouse de Don Vito tombe amoureuse de Roberto qui va repousser les avances d'une jeune paysanne à laquelle son père l'a promis. Pour se venger, la jeune fille l'accuse d'être homosexuel ce qui va jeter le chaos dans la famille et ce petit village si tranquille et traditionnel...
Réalisé en 1974 par Paolo Cavara, le réalisateur qui après des débuts dans le mondo signa entre autres deux intéressants gialli, La tarentule au ventre noir et E tanta paura, Virilité est la seconde comédie dramatique qu'il mit en scène après le mélancolique et très humain Il lumacone, une critique sociale sous prolétaire attachante et pleine d'émotions. Derrière ses aspects légers Virilité également connu sous le titre Un parfum d'amour cache cette fois une satyre douce amère, parfois cruelle, sur les moeurs latines.
Cavara brosse une peinture décapante de la virilité et de la fierté du mâle dans les traditions italiennes qu'il met en parallèle avec la liberté des moeurs anglaises. Situer son film dans un village sicilien typique où vivent toute une gamme de personnages haut en couleur n'est donc pas anodin. Don Vitto, le patriarche bourru remarié à une femme de plusieurs années sa cadette, est la parfaite incarnation de ce machisme latin et des traditions qui se résument par travail, parties de pêche et devoir conjugal. Le retour de son fils Roberto après un séjour à Londres va bouleverser ces traditions. Le parallèle entre ce mode de vie rigoureusement traditionnel et la liberté des moeurs d'outre-manche va très vite jeter le trouble. Les hommes portent les cheveux longs et sont androgynes, les femmes sont masculines et portent les cheveux courts, une inversion des genres qui sera la cause de nombreux quiproquos que Cavara met en scène d'agréable et intelligente manière afin de démontrer l'absurdité de ces traditions.
La relation coupable qu'entretient l'épouse avec le fils va définitivement jeter le chaos au sein de cette famille. Alors qu'il repousse les avances de la jeune paysanne auquel il est promis, cette dernière l'accuse d'être homosexuel après l'avoir surpris dans les bras de son amie androgyne, la prenant pour un homme. Incapable d'accepter ce déshonneur, Don Vitto va alors tout faire pour prouver la vérité mais un malheur n'arrivant jamais seul, il découvre que Roberto entretient une relation avec sa jeune épouse. Après le déshonneur, la honte d'être cocufié par son propre fils, il n'a plus qu'une idée en tête: le tuer. Le sort s'acharne sur ce pauvre homme, incarnation de cette Italie moraliste et traditionaliste. De là à y voir une sorte de punition divine il n'y a qu'un pas. Calomnies, rumeurs, vilainies, entêtement, il récolte ce qu'il a semé dans sa vie! Cavara tente avec art de démontrer la stupidité des idées reçues, de faire passer un message de tolérance dans un milieu qui y réfractaire. Ce message trouvera toute sa force et sa signification dans l'émouvant final. Tout homme est libre de vivre la vie qu'il a choisi, personne ne peut lui imposer ses choix pas même sa famille.
L'ombre latente de l'homosexualité plane tout au long du film. Virilité, le titre trouve là toute son ironie, est aussi une forme de plaidoyer pour la tolérance sexuelle et l'acceptation de l'homosexualité dans un pays où elle est condamnée. Sous ses airs de comédie se cache donc un film qui est en fait un procès contre le refus des différences.
Si l'homme est borné et stupide la femme chez Cavara est par contre montrée plus intelligente et surtout ouverte. Elle sait s'adapter à l'évolution des moeurs, moderne et libre. Même la vieille cuisinière qui pourtant appartient à cette vieille génération se montre plus tolérante et compréhensive que Don Vitto. On pense parfois à Affreux, sales et méchants de Scola. On y retrouve ce même humour acide, cette même peinture au vitriol d'une l'Italie conservatrice perdue au milieu de cette évolution sociale qu'elle refuse, ces mêmes personnages tous plus attachants les uns que les autres qui derrière un comique parfois amer cachent une émotion à fleur de peau.
Enchaînant savoureux jeux de mots et autres situations cocasses, le film bénéficie également des magnifiques décors naturels d'un petit village de Sicile (Forza d'Agro) baigné par la mer que Cavara met particulièrement en valeur au son d'une délicieuse partition musicale composée de chants folkloriques italiens et d'airs de mandoline qui fleurent bon la Méditerrannée.
L'interprétation tout en justesse apporte la touche finale à cette comédie aigre-douce intelligente, émouvante, toujours drôle et jamais vulgaire. L'excellent acteur sicilienTuto Ferio est un Don Vitto truculent, la superbe Agostina Belli est cette jeune femme moderne éprise d'un Marc Porel au summum de sa beauté qui se glisse dans la peau de ce fils nouvelle génération aux idées bien trop libres pour ne pas mettre le feu aux poudres.