Lussuria
Autres titres: Lust
Real: Joe D'Amato
Année: 1986
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 90mn
Acteurs: Lilli Carati, Noemie Chelkoff, Ursula Froti, Martin Philip, Al Cliver...
Résumé: Alessio, un jeune garçon, est devenu muet à la suite de la mort de sa mère survenue deux ans auparavant. En proie à des cauchemars récurrents, il se voit chaque nuit sexuellement assailli par des femmes. A travers ces visions, il nourrit ses fantasmes sexuels mais elles deviennent vite infernales lorsque ce sont sa soeur, sa tante et même sa défunte mère qui viennent lui faire l'amour. Alessio est il fou? S'agirait il d'une sombre machination ou les raisons de ces visions cacheraient elle un secret familial plus terrible?
Dans les années 80 Joe D'Amato réalisa une quadrilogie de films érotiques entamée par L'alcova / La retape qu'il situait et c'était là un des gros atouts de cette série dans l'Italie fasciste des années 30 et 40 puisqu'il y mélangeait un érotisme souvent pointu et un brin pervers mais toujours très beau à ce contexte socio-politique ébranlé. Après Il piacere et Voglia di guardare voici Lussuria qui clôt ainsi la série.
Lussuria est certainement le plus fade des quatre films et peut être le moins intéressant. D'Amato oublie cette fois le contexte historique qui faisait le charme des films précédents pour une histoire anodine se déroulant au début du siècle dont il ne garde que le coté érotique. Des trois autres films ne reste que ce milieu bourgeois dans lequel il nous plonge afin de nous faire partager les cauchemars d'un jeune aristocrate devenu muet suite à la mort de sa mère. Il est la proie de visions dans lesquelles des jeunes femmes lui apparaissent et nourrissent ses fantasmes sexuels. Rien d'extraordinaire donc si ce n'est que D'Amato afin de pimenter son scénario lui ajoute une bonne dose d'inceste puisque trois des jeunes femmes qui l'assaillent en rêves pour lui faire l'amour sont sa soeur, sa tante et même sa défunte mère. S'il souffre du complexe d'Oedipe, n'y aurait il pas une autre raison plus dramatique à ses visions qui font de sa vie un enfer, un secret familial bien caché? On devine le fin mot aisément mais avant le dramatique final où seule la mort pourra délivrer le jeune homme de ses obsessions, D'Amato entrecoupe ses séquences érotiques de cauchemars avec d'autres scènes érotiques toujours aussi sages où cette fois Alessio tient la place de voyeur. Il aime en effet épier sa belle-mère, son père et la jeune et belle servante entrain de s'acoquiner afin de nourrir ses fantasmes et satisfaire sa sexualité dérangée.
Lussuria n'est en fait qu'un simple petit film érotique qui ne dépasse jamais les règles de la bienséance en restant particulièrement soft dont la trame de départ était plutôt intéressante même si guère originale. D'Amato n'a pas réellement su donner d'âme ni insuffler cette aura malsaine qui caractérisait ses précédentes oeuvres. Plutôt lent et répétitif, Lussuria vaut surtout pour ses somptueux décors baroques, son érotisme glacé mettant en scène les pulsions et fantasmes de cet être tourmenté et surtout la beauté de Lilli Carati, envoûtante, aux cotés de Noémie Chelkoff évoluant au son d'une partition musicale monocorde signée Anelli-Mainetti.
A leurs cotés l'infatigable Al Cliver et Martin Philip, un habitué des oeuvres du réalisateur, dans la peau du jeune héros qui n'a malheureusement plus vraiment l'âge de son personnage.
Cette luxure ne mènera certes pas à la débauche et n'étourdira personne mais le film se laisse regarder gentiment, très gentiment comme on déguste un apéritif léger, très léger avant le savoureux plat de résistance. Et chez D'Amato il y en a au menu!