Gunan il guerriero
Autres titres: Gunan il barbaro / Gunan king of the barbarians / The invincible barbarian / Gunan el guerrero / Gunan: König der barbaren
Real: Franco Prosperi
Année: 1982
Origine: Italie
Genre: Heroic fantasy
Durée: 85mn
Acteurs: Pietro Torrisi, Malisa Longo, Sabrina Siani, Rita Silva, David Jenkins, Emilio Messina, Howard Landsdowna, John Richmond, Philip Carradine, Henry Mason, Marina Marfoglia...
Résumé: Une prophétie annonça jadis qu'un homme sauverait le monde du chaos. Mais le destin en voulut autrement. A sa naissance, ce sont des jumeaux que la mère mit au monde. L'un incarna le Bien, Gunan, l'autre incarnait le Mal. Ce dernier tua leur mère et s'enfuit. Gunan va alors entamer une longue quête afin de retrouver son frère jumeau et venger la mort de leur mère. C'est sans compter leur père tout aussi maléfique qui va tenter de tuer Gunan. Aidé par une tribu d'Amazones et une jeune aventurière, le valeureux guerrier va tenter de vaincre le Mal et faire triompher la prophétie...
Le succès mondial de Conan le barbare donna à l'Italie l'occasion de nous livrer toute une pléthore d'oeuvres inspirées par le film de Milius, donnant ainsi naissance à un sous genre du cinéma Bis transalpin, l'heroic fantasy all'italiana qui allait engendrer quelques nouveaux héros musclés, marquant ainsi le retour à l'écran de ces colosses bienfaiteurs, plus de vingt ans environ après la mort du péplum dont ils sont une forme moderne.
C'est Franco Prosperi qui au printemps 1982 ouvrit le bal en offrant sa version de Conan
avec Gunan il guerriero. Ecrit par Piero Regnoli à qui on doit les scénario de Maciste dans les mines du roi Salomon et Gli sterminatori dei barbari, produit par Ettore Burrichi, Gunan est l'exemple parfait de ce type de cinéma, des instant-movies minimalistes à qui les perruques de crin, barbes crasses, peaux de bêtes et corsets de cuir, ossements et autres armes en bois, puissants boucliers... recyclés à chaque nouveau film sans omettre une distribution de comédiens musclés donnent ce coté sauvage et primitif de pacotille si recherché, indissociable au genre.
S'il est demeuré inédit chez nous Gunan il guerriero, premier film d'une trilogie qui se
poursuivra avec Sangraal l'épée de feu puis Le trône de feu, connut en Italie un joli succès d'estime, avouons le mérité, malgré ses nombreux défauts. Le film de Prosperi n'est en effet pas le plus déplaisant de tous ces sous Conan même s'il mange un peu à tous les râteliers. Les scénaristes ont un peu mélangé toutes les époques. On passe de l'ère barbare façon Guerre du feu aux Grecs plus spécialement pour les costumes en faisant un détour par la préhistoire façon Caveman avec l'amusante séquence du dinosaure qui ouvre le film (de belles maquettes filmées en images par images comme au bon vieux temps de Harryhausen) même si c'est tout de même de Conan qu'il tient le plus.
Prosperi a su profiter avec une certaine adresse du minuscule budget qui lui fut alloué et narre une histoire plutôt pauvre mais intéressante, celle de la lutte que se livrent deux frères, un bon et un maléfique, ou l'éternelle représentation du combat du Bien et du Mal. Parallèlement à cette intrigue Prosperi s'intéresse à la quête du brave Gunan parti venger la mort de sa mère. Il est aidé par une belle aventurière nommée Lenni et d'un groupe d'Amazones. On regrettera surtout que Prosperi n'ait pas plus mis en avant cette dualité, qu'il n'ait pas plus approfondi cette lutte sans merci que se livre les deux frères jumeaux dans leur quête absolue d'une seule et unique destinée, véritable trame du film. Les deux
personnages restent au niveau de l'ébauche. Il aurait été intéressant de leur donner plus d'épaisseur et de faire du noir guerrier le digne représentant de la face sombre de l'art de la guerre. L'intérêt de Gunan s'en serait trouvé rehaussé. Malheureusement Prosperi reste dans le plus désarmant des manichéismes et se contente de l'habiller de noir et de le faire tonner ses ordres.
Filmé dans les cavernes et les ruines romaines d'Ostia et du parc des monstres de Bomarzo, Gunan souffre essentiellement d'une interprétation poussive due à son principal acteur, l'ex-culturiste et cascadeur reconverti Pietro Torrisi caché sous le pseudonyme de
Peter Mc Coy. Torrisi trop fade n'a jamais eu l'étoffe d'un grand acteur et le reconnait lui même. Plus à l'aise dans les scènes de lutte et d'action que dans la récitation, il ne parvient pas à donner à son personnage une véritable dimension. Mais comme il l'avoue aujourd'hui, pourquoi se donner à fond pour ce type de films de série Z pour lesquels les acteurs sont payés quatre sous.
C'est d'autant plus dommage ici que l'histoire se suit assez agréablement, rythmée par quelques péripéties et combats le plus souvent filmés au ralenti afin de leur donner une certaine férocité mais auxquels il manque tout de même ce souffle épique indispensable au
genre. Prosperi s'en sort cependant plutôt bien, Gunan est au final une honnête et divertissante petite série qui parvient à faire par exemple oublier l'absurdité de Thor le guerrier de Tonino Ricci.
Aux cotés de Pietro Torrisi on retrouvera la blonde Sabrina Siani qui était en passe de devenir l'égérie du genre puisqu'elle sera au générique de la plupart des films d'Heroic fantasy italiens. Sabrina sera l'équivalente d'un Conan au féminin, la version italienne d'une Sandhal Bergman sur laquelle se fondra sa réputation. Elle nous offre ici bon nombre de scènes fortement dénudées, parmi les plus remarquables celle où elle sort de la mer tel une
Vénus et celle où elle se fait violer par trois barbares. On reconnaitra également Malisa Longo qui incarne la reine des Amazones, une sorcière fourbe qui peut se transformer en lionne, et son bras droit Rita Silva.
Si on parla souvent d'un Gunan 2, celui ci ne se fit pas. Prosperi préféra s'atteler dés l'année suivante à un nouvel héros, Siegfried, pour Il trono di fuoco / Le retour du barbare/ L'épée de feu.
Pour l'anecdote, le producteur se rendit à Cannes en 1982 pour vendre Gunan au marché du film non pas avec la bande elle même qui n'était pas encore finie mais avec de simples affiches et photos de tournage particulièrement alléchantes, celles là qui firent à l'époque la une des journaux spécialisés.
Pur spectacle de divertissement, Gunan il guerriero est un petit film éminemment sympathique qui se laisse regarder avec un certain plaisir pour le peu qu'on se prenne au jeu et se jette au beau milieu de ces mondes faussement primitifs.