Porci con la P38
Autres titres:
Réal: Gianfranco Pagani
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: polizesco
Durée: 90mn
Acteurs: Marc Porel, Raymond Pellegrin, Luciano Pigozzi, Lea Lander, Gabriel Ferzetti, Laura Belli, Giancarlo Sisti, Walter Margara, Gigi Ventura, Elena Marossero, Bill Mulasso...
Résumé: Un jeune flic commissaire et idéaliste a décidé de nettoyer la ville de ses malfrats jusqu'à en oublier sa vie personnelle. C'est alors que sa jeune épouse et leur fillette sont enlevées. Un briquet en or va lui servir de piste pour retrouver les responsables...
Gianfranco Pagani, ex-obscur assistant producteur, scénariste malheureux d'un Ciak si muore de bien piètre mémoire, réalise en 1979 son second et ultime film, un petit polar méconnu aujourd'hui devenu fort difficile à visionner Porci con la P38 demeuré totalement inédit chez nous.
Sur une trame classique, un jeune policier plein d'abnégation souhaite débarrasser la ville de ses trafiquants de drogue, Pagani signe cependant un film plutôt original puisqu'il y développe deux éléments quelque peu inattendus et surtout intéressants.
Le premier est emprunté au giallo. On retrouve en effet au coeur de l'intrigue l'incontournable personnage du tueur ganté de cuir noir qui élimine à l'arme blanche ceux qui deviennent gênants. Un briquet en or est ici la pièce maitresse du puzzle qui éveillera les soupçons sur son identité.
Le deuxième est le fait que Pagani situe l'action en Amérique et non pas sur le sol italien. On assiste alors à un polizesco traditionnel comme en produisait alors à la pelle l'Italie mais censé se dérouler aux USA. Le film fut en effet tourné dans les Abruzzes dont les paysages ne ressemblent guère à ceux des Etats-Unis tout comme les gratte-ciel, les Ford et les Cadillac brillent par leur absence. Les policiers circulent étonnamment en Fiat 131 bicolores aux
lettres adhésives "Police" bien peu convaincantes.
Si on sait passer outre ce type de détails, si on fait abstraction de la précarité et l'improbabilité de son sujet, Porci con la P38 parvient néanmoins à retenir l'attention du spectateur. Pagani tente de renouer avec un certain brio avec ce style de cinéma dans la grande tradition d'alors malgré un scénario très conventionnel. Porci con la P38 n'est jamais qu'une histoire de plus de flic justicier et idéaliste qui a décidé de nettoyer la ville de ses malfrats jusqu'à en oublier sa vie personnelle. C'est alors que sa jeune épouse et leur fillette sont enlevées.
Intéressant ici est le fait de voir pour une fois le bon et le méchant s'unir, s'estimer puis se haïr, s'embrasser puis se quitter. A cela, s'ajoute un sentimentalisme de bon aloi incarné par ce jeune policier idéaliste et plein de bonne volonté qui fait passer son devoir avant sa vie privée, délaissant ainsi sa femme et leur enfant. La jeune femme devient le type même de l'épouse abandonnée qui doit non seulement accepter ce choix, résolue mais aimante, mais également la mort de sa première femme dont le souvenir reste ancré en lui.
Le personnage de Morris est un des points forts du film renforcé par l'interprétation fort juste de Marc Porel. Loin des justiciers de glace qu'incarna trop souvent Maurizio Merli, Porel tente de donner une certaine dimension à son personnage qu'il endosse avec conviction et émotion. Il a le regard perdu dans un passé qui le déchire et se meut dans le milieu des héroïnomanes. O ironie, cela semble être le reflet de la vie de l'acteur à cette époque, une tourmente auto-destructive qui le conduira vers la mort en 1982. Un soupçon de misérabilisme saupoudre le film à travers une séquence d'orgie dans un bordel où se sexe et drogue se marient et surtout le personnage de la jeune junkie qui se retrouve bien malgré elle mêlée à ce trafic.
Pour le reste, Porci con la P38 est un polar traditionnel avec ses poursuites en voitures, ses bagarres et passages à tabac dont celui d'un jeune prostitué que Porel aime maltraiter. Quelques meurtres égayent l'ensemble dont celui d'une victime clouée à une porte par un pic.
Aux cotés de Marc Porel, on reconnaîtra avec plaisir une bien belle brochette de comédiens dont Raymond Pellegrin, Luciano Pigozzi et Gabriele Ferzetti sans oublier la fragile beauté de Laura Belli et Lea Lander, l'héroïne de Chiens enragés et Erika tigresse SS, qui retrouve là le rôle d'une méchante qui mène la vie dure à un déterminé et implacable Porel lors du final.
Porté par une très agréable partition musicale signée Pippo Caruso, Porci con la P38 même s'il est totalement prévisible et surtout peu crédible a un coté éminemment sympathique. Il se laisse voir sans aucune difficulté et même avec un certain plaisir. L'amateur n'en demande peut être pas plus.