Meglio baciare un cobra
Autres titres: Mark of the scorpion / Rather kiss a cobra / The kiss of the cobra / Casadores dela cobra
Réal: Massimo Pirri
Année: 1986
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 90mn
Acteurs: Andy J. Forrest, Danilo Mattei, Milly D'Abbraccio, Mohammed Attifi, Dannys Cole, Abdeladam Sadoo, Paul Muller, Mohammed Razine...
Résumé: Phil est un aventurier recherché par la police pour avoir fait partie du gang des Scorpions. Alors qu'il tente de revendre une bague dérobée dans un tombeau, il est arrêté par le chef de la police. Celui ci lui propose alors un marché: s'il lui ramène le trésor de Cleopatre, il sera libre. Pour s'assurer qu'il ne s'enfuit pas, il lui inocule un poison. Lui et son compagnon ont désormais douze heures pour trouver le trésor...
Réalisateur peu prolifique à qui on doit pourtant un des plus sulfureux et douloureux film de "teensploitation" italien, le splendide L'immoralità, l'histoire d'une relation ambigüe entre une fillette et un maniaque sexuel en cavale, ainsi qu'une incursion dans la drugsploitation sordide avec Eroina, Massimo Pirri s'est laissé aller aux modes d'alors en livrant cette fois sa version des Aventuriers de l'arche perdue.
Spécialiste d'un certain cinéma documentaire-réalité, Pirri ne pouvait pas nous décevoir même si on était en droit d'émettre quelques craintes au vu des précédents essais de ses confrères, certes intéressants mais jamais vraiment transcendants.
Après un beau générique durant lequel on survole les déserts d'Egypte et la scène de combat qui ouvre le film, les craintes semblent se dissiper, laissant alors augurer du meilleur.
Situé en 1936, Mark of the Scorpion / Meglio baciare un cobra conte les aventures d'un chasseur de trésors, Phil qui a dérobé une bague dans un tombeau. Tentant de la revendre à un touareg, il la jouera et la perdra au moment où la police l'arrête. Il est en fait le leader des Scorpions, un gang qui a été décimé par le chef de la police. Il garde d'ailleurs sur lui les tatouages des scorpions qu'il a arraché sur la peau des différents membres du groupe.
Emprisonné, le chef de la police, un sadique mécréant, lui propose un marché: lui rapporter
le trésor sacré de Cléopatre qu'il partagera avec lui. Pour être sûr qu'il reviendra, il lui inocule un poison dont lui seul possède l'antidote. Phil et son compagnon d'infortune ont alors douze heures pour trouver le tombeau et le trésor légendaire qu'il contient.
Si le scénario ne brille guère par son originalité, se contentant de reprendre les bases du genre, il faut reconnaître que Meglio baciare un cobra parvient à capter l'attention essentiellement dans sa première partie marquée par une mise en scène plutôt rondement menée et sans réel temps mort.
Pirri y privilégie l'action, enchainant scènes de combat et scènes d'action sur fond de désert égyptien fort bien mis en valeur. Le cinéaste nous entraine et nous fait survoler ces magnifiques étendues de sable qui s'étendent à l'infini sous un ciel bleu intense où s'affrontent aventuriers et guerriers du désert. On songe par instant au très intéressant Tuareg de Castellari auquel le film s'apparente d'ailleurs par instant.
Ce qui ravira surtout l'amateur c'est la profusion de violence et de plans sanglants dont Pirri parsème son film, un penchant particulier pour les organes génitaux.
Hormis une main tranchée au sabre, un rat enfoncé vivant dans la bouche d'un indigène, quelques tortures raffinées, le réalisateur s'offre le luxe d'un arrachage de testicules à pleines mains et un très douloureux coup de genou dans les parties intimes du héros en tenue d'Adam. De là à dire qu'une ombre latente d'homosexualité plane sur tout le film il n'y a qu'un pas d'autant plus qu'un des policiers affiche clairement son attirance pour le héros dont il caresse le corps langoureusement et lèche sa salive après qu'il lui ait craché au visage. On regrettera cependant qu'une fois de plus l'homosexualité soit associée à la violence et aux méchants.
Malheureusement, la deuxième partie du film est nettement moins captivante marquée par une nette baisse de régime qui fait ainsi retomber l'intérêt de l'ensemble. Meglio baciare un cobra sombre lentement dans une monotonie ronflante, une grosse paresse là où justement action et suspens auraient dû être de mise. Cela donne la désagréable impression que Pirri a tout donné en début de film et se retrouve à cours d'idées et surtout d'énergie pour la fin.
Voilà en effet longtemps qu'on avait pas vu une chasse au trésor si mollassonne. Expédiée en quinze minutes tapantes, elle se contente de nous faire voir nos deux héros pénétrer la grotte qui renferme le fabuleux trésor et découvrir le coffre millénaire, soit dit en passant la réplique conforme de celui des Aventuriers de l'arche perdue.
Afin de pimenter cette dangereuse découverte, Massimo Pirri nous inflige deux ou trois malheureux pièges censés avoir été mis au point par la redoutable Cléopatre elle même. Peu imaginative devait elle être puisque le piège principal consiste en une mini stalactite en polystyrène qui va se planter paresseusement dans le sol avant que la grotte ne s'effondre tout aussi tranquillement sous l'oeil effaré de nos valeureux aventuriers s'exclamant: "Cette femme était diablement dangereuse!" On n'en doute plus! Quelques araignées et serpents bien inoffensifs se seront entre temps glissés dans ce mini décor peu convaincant tandis
que nos héros s'emparent du trésor, un parchemin qui s'envole au premier courant d'air (afin de rallonger le suspens?) et un malheureux collier particulièrement laid et poussiéreux. Un tel trésor ne méritait guère autant de risques. L'affrontement final totalement statique entre l'officier sadique et le héros manque tout autant de nerfs, expédié en deux minutes tapantes. Mordu par le cobra que lui a jeté au cou le valeureux compagnon de Phil, le cruel officier mourra en quelques secondes. On a même oublié en cours de route le poison qui circule dans les veines de Phil.
Cette différence de rythme entre les deux parties, le manque d'imagination là où elle aurait du être foisonnante nuit grandement à l'ensemble. L'intérêt voire la curiosité de départ s'efface lentement au détriment d'une certaine indifférence qui s'installe définitivement lors de l'ultime bobine. On sourira par contre face aux anachronismes que le film, censé se dérouler en 1936, accumule notamment cette fabuleuse jeep dont se sert Phil, un modèle qui avait encore bien quarante ans avant de voir le jour, les pantalons en toile peu crédibles du héros ou encore la coupe caniche années 80 de la future diva du hardcore Milly D'Abbraccio encore naturelle
Les acteurs font consciencieusement ce qu'ils ont à faire Andy J. Forrest en tête, bellâtre assez insipide repéré chez Tinto Brass (Miranda, Capriccio), la frange impeccable et l'oeil aussi bleu que le ciel du désert. A ses cotés, le toujours intrépide Danilo Mattei, un des inoubliables protagonistes de Cannibal Ferox ici dans un des derniers véritable rôles de sa carrière, nous offre une excellente et toujours aussi convaincante prestation qui nous fait regretter que ce ne soit pas lui qui ait hérité du personnage de Forrest.
Si au départ, Meglio baciare un cobra (littéralement Mieux vaut embrasser un cobra, titre qui prend sa signification dans la scène finale) devait être une resucée des Aventuriers de l'arche perdue, c'est plus à un honnête film de prison sur fond de désert auquel on assiste saupoudré d'un soupçon de chasse au trésor légendaire. Intéressant, distrayant, le film l'est sans aucun doute même s'il ne parvient malheureusement pas à se hisser plus haut qu'une simple série B d'exploitation faute à ces inégalités et cette mollesse qui progressivement le submerge. Dommage que Pirri se soit endormi sur ses lauriers car Meglio baciare un cobra avait tous les atouts pour être un excellent petit film.