Paola Maiolini: L'étoile aux cent films
Le cinéma de genre a vu dans les années 70 défilé toute une myriade de starlettes toutes plus ambitieuses les unes que les autres mais également toutes plus incendiaires les unes que les autres. Certaines se sont frayées un chemin d'autres n'ont été qu'un feu de paille mais l'amateur les a bel et bien en toutes en tête mais aussi dans le coeur sans toutefois forcément connaître leur nom. Il en va ainsi de cette jeune romaine qui de 1973 a 1978 a traversé plus de films qu'elle même a du mal à s'en souvenir, trainant derrière elle une filmographie qui bien souvent donne du fil à retordre à l'amateur. Des courbes inoubliables et généreuses, incarnant la volupté méditerranéenne, voici le parcours en forme de labyrinthe de Paola Maiolini.
Née à Rome, Paola n'était qu'une simple vendeuse dans la boutique d'une amie quand l'agent Tony Askin la remarqua et lui avoua qu'elle avait un physique fait pour le cinéma. Cette soudaine déclaration la fit beaucoup rire et c'est gentiment qu'elle coupa court à la conversation, laissant Tony en total déconfiture. Ce qui aujourd'hui amuse beaucoup Paola. Pourtant Paola avait dans sa famille quelques antécédents. En effet, sa tante n'est autre que la comédienne Alba Maiolini, actrice de cinéma et de théâtre qui en son temps a beaucoup travaillé. Paola était également fiancé à l'époque où Tony la remarqua à un homme qui appartenait au monde du spectacle, Enrico Ciacci. C'est ainsi qu'elle avait déjà pu tourner quelques publicités notamment pour du Martini.
Faire du cinéma n'était pas une idée nouvelle en soi car Paola avait déjà eu des propositions comme celle de tourner La donna di sogni aux cotés de Enrico Montesano, offre qu'elle refusa car elle n'aimait pas sortir la nuit encore moins se montrer en société. S'amuser, sortir, mener la grande vie n'intéressait pas la jeune Paola quand elle avait 17 /19 ans.
Paola avait également conscience qu'à cette époque, le cinéma aimait coller des étiquettes et qu'il était difficile par la suite de l'enlever. Son physique exubérant la cataloguait d'office dans un certain type de cinéma. Une éducation à l'ancienne et une famille attachée aux traditions patriarcales n'arrangeaient rien.
Pourtant Paola franchit le pas et c'est ainsi qu'elle apparaît brièvement en 1972 dans le film de Luigi Batzella, Confessioni segrete di un convento di clausura, dont elle n'a aucun souvenir puis Il decamerone nero de Piero Vivarelli.
Mais c'est en 1975 seulement que sa carrière démarre réellement avec Il padrone e l'operaio de Steno, un des films les plus importants de sa carrière, une très belle expérience se souvient-elle tout comme Afrika erotika / The erotic adventures Robinson Crusoe de Ken Dixon tourné prés de Sora sous une chaleur infernale. Voilà un film qu'elle trouva tout à fait divertissant. C'est aussi en 1975 que Paola accepta que Tony Askin soit son agent qui avait déjà dans son écurie des starlettes telles que Patrizia Webley, une très bonne amie de Paola, Franca Gonella ou encore Maria Rosaria Riuzzi.
On la voit ensuite dans un court rôle dans Amore, letti e tradimenti de Alfonso Brescia.
Un de ses films les plus importants sera A mezzanotte va la ronda dei piacere où elle est la fiancée de Giancarlo Giannini devant rendre jalouse Monica Vitti. Un beau rôle pour un beau film dit Paola ce que ne furent pas ses rapports avec Monica Vitti. Monica était jalouse d'elle
et l'obligea soit à se teindre les cheveux, elle était blonde vénitienne comme elle alors, soit à porter une perruque. Monica étant plus âgée, elle aimait commander, décider des choses et se sentir mise en valeur.
On la voit par la suite dans Remo e Remolo, un autre de ses films les plus importants, le seul qu'elle ait vu parmi tout ceux qu'elle a tourné tant elle se trouve mauvaise actrice.
C'est alors que plusieurs gros agents dont celui de Gloria Guida la contactent mais elle refuse, se trouvant bien avec Tony d'autant plus qu'elle ne se sent pas capable de jouer de grands rôles. A cette époque dit-elle, il fallait avoir un bagage scolaire, avoir étudié, beaucoup joué pour réussir et se faire remarquer, ce qui n'était pas son cas. Son léger défaut de prononciation la handicape également.
Elle reste donc auprès de Tony et enchaine les rôles dont la sexy comédie Cuginetta amore mio de Bruno Mattei avec Zigi Zanger, petite starlette plutôt prétentieuse se rappelle t-elle.
On la retrouve ensuite dans Salon Kitty dont elle garde un bon souvenir malgré son refus de tourner certaines séquences trop osées comme les scènes érotiques avec les nains qu'elle laissa à d'autres actrices. Mais ce sont surtout les impressionnants membres de certains acteurs qui l'ont marqué, des membres si généreux qu'elle n'aurait pas osé les montrer à ses amis masculins de peur qu'ils ne complexent pas, raconte t-elle, maligne, dans un éclat de rire!
Sur le tournage elle se lia d'amitié avec Helmut Berger avec qui elle fit beaucoup la fête. Elle évoque aussi Tina Aumont et Paola Senatore, toutes deux déjà très dépendantes aux drogues. Elle évoque avec tristesse leur fin tragique, priant Dieu de n'avoir jamais touché à aucun stupéfiant. Elle avoue simplement avoir fumé de temps à autres quelques joints.
A cette époque, Paola s'amuse, elle sort, elle dépense son argent, insouciante, un rien inconsciente. Elle mène la belle vie et en profite car pour elle le cinéma n'a jamais été un métier, plutôt c'est un jeu et Paola joue, se divertit, ni plus ni moins.
Elle poursuit sa route en 1977 avec le nazisploitation Le lunghe notti della gestapo / Nuits chaudes de la Gestapo avec Isabelle Marshall, une amie, et Ezio Mani puis se retrouve chez Jean Marie Pallardy pour L'amour chez les poids lourds sur lequel elle n'a rien à dire et chez Marcello Avallone pour la sexy comédie Cugine mie avec notamment Christiana Borghi. On la voit en prostituée auprès de Marisa Mell et Lou Castel dans L'osceno desiderio de Giulio Petrini puis Emanuelle autour du monde de Joe D'Amato où elle y a une belle séquence saphique avec Laura Gemser sur un bateau. Paola se souvient de ce film pour une chose bien particulière: elle ne savait nullement ce qu'elle devait faire sur le set.En ce qui concerne les scènes d'amour, Paola devait les accepter. C'est ainsi dit elle. Tu signes, tu fais. Si tu refuses, tu subis les foudres du réalisateur qui te rappelle que tu as un contrat. Si on veut jouer les prudes, on ne fait pas de cinéma.
Avec la nudité, Paola n'a jamais trop eu de problème mais elle pensait surtout à sa famille qui risquait de voir ses films. Elle faisait donc attention à ne jamais trop dépasser certaines limites. A cette époque elle pose nue pour Playmen puis apparaît dans la comédie péplum Per amore di Poppea et la sexy comédie La compagna di banco tout deux de Mariano Laurenti avec Lili Carati puis Permette signora che ami la vostra figlia de Gian Luigi Polidoro. Elle apparaît en religieuse dans Les amours interdites d'une religieuse de Joe D'Amato puis en serveuse pour le polizesco de Stelvio Massi avec Maurizio Merli Un poliziotto scomodo.
Elle tournera son ultime film en 1979. Il d'agit de Baby love de Rino Di Silvestro dont elle garde un affreux souvenir. Non seulement le film, sorte de fable érotique, n'a ni queue ni tête, non seulement elle dut le tourner sous le pseudonyme de Katia Vassel pour moult raisons judiciaires mais surtout Rino lui aurait prit certains de ses propres vêtements qu'elle portait sur le tournage et ne lui aurait jamais rendu. "Au prix que coûtaient les habits à cette époque, il y en avait pour une belle somme" déclara t-elle lors d'une inerview. Malgré ses tentatives pour les récupérer, elle n'a jamais pu les retrouver.
La même année elle apparaît dans un épisode la série française L'étrange monsieur Duvallier avec Louis Velle. C'est alors que Paola décide de tout arrêter. Séparée de son fiancé Enrico, lasse du monde du cinéma, traversant une période à problèmes, si les offres continuent à tomber, elle les décline toutes.
C'est aussi à cette époque qu'elle rencontre celui qui deviendra son époux. Il n'avait guère envie de voir Paola continuer à jouer. Elle ne regrette donc pas cette décision d'autant plus qu'elle est une épouse comblée et une mère attentive d'une merveilleuse fille.
Aujourd'hui Paola garde un beau souvenir de cette époque où elle s'est beaucoup amusée sans jamais se prendre au sérieux. Le cinéma n'a jamais été son but dans la vie, juste une belle époque qu'elle a aussi laissé pour couper définitivement les ponts avec Enrico.
Grande sportive depuis plus de vingt ans, Paola, souriante et heureuse, s'occupe aujourd'hui d'une salle de sport et donne des cours d'aérobic et de spinning.
Un beau parcours dont cette belle romaine aux avantages méditerranéens qui avoue pourtant avoir voulu être un jour Catherine Deneuve peut être fière.