Baba Yaga
Autres titres: Baba yaga, the devil witch / Black magic / Kill me kill me
Real: Corrado Farina
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Fantastique / Horreur
Durée: 91mn
Acteurs: Caroll Baker, Isabelle De Funes, Ely Galleani, George Eastman, Carla Mancini....
Résumé: Une nuit alors qu'elle rentre chez elle, Valentina manque d'être renversée par une limousine noire. Une femme mystérieuse s'en extrait et propose à la jeune femme de la raccompagner chez elle. Avant de la laisser, elle lui dit son nom, Baba Yaga. D'étranges incidents surviennent les jours suivant, incidents que Valentina ne tarde pas à attribuer intuitivement à l'étrange femme. Un jour celle-ci lui fait cadeau d'une poupée sinistrement réaliste entièrement vêtue de cuir...
En 1965, les italiens découvrent les premières aventures de Valentina, publiées en feuilleton dans un fumetti, par un architecte milanais, Guido Crepax. De banales histoires policières, ces aventures vont rapidement prendre une tournure de plus en plus étranges, empruntant notamment à la psychanalyse et au symbolisme surréaliste.
Valentina rêve sa vie et vit ses rêves. Cette étrangeté va attirer l'attention sur la bande dessinée. Son parti pris narratif très cinématographique, résolument moderne, va inspirer Corrado Farina, réalisateur de documentaire et d'un premier long métrage-hommage au cinéma de genre, et accessoirement fan de la série.
Si la série est ouvertement d'inspiration très cinématographique dans sa narration, le film pour sa part, ainsi que le souhaite son auteur, doit parvenir à restituer les particularités de son matériaux d'origine. Ce qu'il parvient à faire avec brio au cours de quelques séquences très découpées, où s'intercalent des photos surexposées insinuant le graphisme en N/B de Crepax, parfaitement dans l'esprit des expérimentations un peu gratuite de l'époque. La plupart du film, néanmoins est de facture plus classique, et pour tout dire visuellement un peu pauvre, la photographie ne bénéficiant pas du soin qui aurait donné à l'onirisme assumé par le récit l'éclat qui l'eut mit en valeur. Tinto Brass, sur un story-board de Crepax ira beaucoup plus loin et réalisera un film entièrement basé sur ce principe de bande dessinée strictement portée à l'écran...
Le récit mêle à l'histoire de Valentina de très intéressantes séquences oniriques, dans la continuité freudienne de la bande dessinée, qui servent autant à renchérir l'histoire qu'à définir un peu plus le personnage de Valentina, victime de ses obsessions et de ses pulsions.
Valentina, justement, interprétée par Isabelle de Funès. Héroïne d'une richesse assez rare dans le cinéma de genre, à la fois Alice au pays des Merveilles posant de grands yeux hallucinés sur les mondes qui l'entourent, et femme libérée, vaguement mal à l'aise dans la réalité.
Isabelle de Funès, choix imposé par la co-production française, incarne avec une intonation parfaite ce personnage décalée, ni femme forte, ni victime, avec juste ce qu'il faut de naïveté et d'égarement. Son visage très particulier, loin des standards de beauté du cinéma italien, dégage néammoins un charme candide, et inspire envers son personnage une sympathie sincère, à mon avis la raison principale de l'efficacité du film.
A ses cotés, Caroll Baker, l'héroine récurrente des psycho-gialli de Lenzi incarne la terrible Baba Yaga tandis que Georges Eastman change de registre cette fois, évitant ses sempiternels rôles de méchants. On notera aussi la présence de la blonde Ely Galleani qui incarne cette poupée de chair et de sang terriblement attirante et sexy.
Le film reçut à l'époque un accueil mitigé, peut être à cause de la distribution hasardeuse d'un distributeur en faillite. Corrado Farina ne réalisera plus par la suite de long métrage. Il se consacrera essentiellement à la production télévisuelle.